"Ils attendent des réponses de leur papa" : au procès de Cédric Jubillar, la représentante légale des enfants fait résonner leur parole

L'administratrice mandatée par la justice suit le parcours de Louis, 11 ans, et Elyah, 6 ans, depuis la disparition de leur mère, Delphine Jubillar-Aussaguel. Elle a raconté à la barre comment ils vivaient ce "traumatisme".

Article rédigé par Juliette Campion
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 4min
L'administratrice de Louis et Elyah Jubillar témoigne, le 23 septembre 2025, à barre du tribunal judiciaire d'Albi (Tarn). (ELISABETH DE POURQUERY / FRANCE TELEVISIONS)
L'administratrice de Louis et Elyah Jubillar témoigne, le 23 septembre 2025, à barre du tribunal judiciaire d'Albi (Tarn). (ELISABETH DE POURQUERY / FRANCE TELEVISIONS)

L'émotion s'est emparée de la salle d'audience, mardi 23 septembre, au deuxième jour du procès de Cédric Jubillar, accusé du meurtre de son épouse, Delphine Jubillar-Aussaguel, disparue en décembre 2020. En fin de matinée, Cécile A., administratrice chargée du suivi et de la protection des enfants du couple, a porté leur parole dans la salle d'audience de la cour d'assises du Tarn. Cheveux poivre et sel coupés au carré, pull magenta, cette femme mandatée par la justice a d'abord dressé le portrait de Louis, l'aîné de 11 ans, "qui vient de faire son entrée au collège".

"Il est à l'image de sa famille, un petit garçon très taiseux, qui ne parle pas de sa vie d'avant. Il a pu dire que sa maman était gentille, son papa gentil, tout le monde est gentil. Il a un discours très lisse", relève Cécile A. à la barre, notant que "depuis pas très longtemps", il commence à s'exprimer sur la période qui a précédé la disparition de sa mère, dans la nuit du 15 au 16 décembre 2020. "Il parle des temps de câlins avec sa maman sur le canapé quand il regardait la télé, le soir des faits", glisse l'administratrice.

"Louis a une grande photo de sa maman au-dessus de son lit."

Cécile A., représentante légale des enfants Jubillar

devant la cour d'assises du Tarn

Sa sœur Elyah, âgée de 18 mois à l'époque, est trop petite pour se souvenir de quoi que ce soit. Les deux enfants sont placés chez Stéphanie, la sœur aînée de leur mère, mais "savent très bien qui est Delphine". "Ils l'appellent 'maman Delphine' et appellent Cédric 'papa' et l'oncle et la tante 'papa et maman' mais font la différence", souligne l'administratrice, qui s'exprime en qualité de partie civile.

"Elle fait la formule 'abracadabra' pour faire revenir maman"

De manière générale, l'équipe de défense déplore la partialité de Cécile A. "Très naïvement, je pensais qu'en qualité de représentante de la parole des enfants, vous aviez un devoir de neutralité", lui a lancé Emmanuelle Franck, avocate de Cédric Jubillar. L'intéressée ne nie pas avoir eu connaissance du dossier et s'être forgé une intime conviction, mais assure que ni elle ni la famille de la disparue n'ont tenu de propos négatifs sur l'accusé.

Selon elle, Louis lui a fait savoir, ainsi qu'à sa tante Stéphanie, qu'il souhaiterait avoir un lieu de recueillement. "Il est convaincu que son papa est responsable et demande qu'il dise où est le corps, pour que l'on puisse retrouver sa maman", relaie Cécile A. Un silence glacial règne dans la salle. Depuis son box, Cédric Jubillar ne la lâche pas du regard, courbé sur sa chaise, les jambes agitées d'un mouvement constant.

"Louis, surtout depuis cet été, nous a dit qu'il était très, très en colère vis-à-vis de son père."

La représentante légale des enfants Jubillar

devant la cour d'assises du Tarn

Elyah veut que l'on demande à son papa "si maman est vivante ou pas" et veut lui dire que "sa fille l'aime". "Ce sont des réponses que les enfants attendent de leur père", insiste l'administratrice, affirmant qu'ils "vont aussi bien que possible, qu'ils ont été placés dans une famille aimante, qui les protège de la presse". "Mais ils ont ce traumatisme", ajoute-t-elle, affirmant que Louis est "convaincu du décès de sa mère" et qu'Elyah "se pose des questions".

La représentante des deux enfants assure que le petit garçon est hypervigilant dès qu'il entre dans une pièce : "Il regarde tout, le moindre objet l'interpelle, le moindre bruit le fait sursauter." Sa petite sœur, qui vient d'entrer au CP, a des difficultés d'endormissement : "Quand elle n'arrive pas à dormir, elle explique qu'elle pense à sa maman." Parfois, la fillette, "spontanée, solaire", joue avec une baguette magique qu'on lui a offerte et, "avec son innocence d'enfant, elle explique qu'elle fait la formule 'abracadabra' pour faire revenir maman".

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