Enlèvement dans l'Orne : pourquoi l'alerte a-t-elle été levée avant que la petite Khuslen ne soit retrouvée ?

Une alerte enlèvement n'a pas vocation à rester active durablement et sa levée n'empêche pas les recherches de se poursuivre. La fillette a fini par être retrouvée mercredi midi.

Article rédigé par franceinfo avec AFP
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Temps de lecture : 5min
Le système d'alerte enlèvement est un dispositif qui permet de diffuser une alerte sur plusieurs canaux en cas d'enlèvement avéré d'un mineur. (RICCARDO MILANI / HANS LUCAS / AFP)
Le système d'alerte enlèvement est un dispositif qui permet de diffuser une alerte sur plusieurs canaux en cas d'enlèvement avéré d'un mineur. (RICCARDO MILANI / HANS LUCAS / AFP)

Elle est saine et sauve. La petite Khuslen, une fillette de 3 ans enlevée lundi soir, a été retrouvée, mercredi 8 octobre, a annoncé le parquet. Son père a été interpellé en Bretagne, selon la même source, et placé en garde à vue pour enlèvement et séquestration ou détention arbitraire de mineure de 15 ans. L'alerte enlèvement, déclenchée rapidement, avait été levée dans la matinée avant cette heureuse issue. Comment expliquer cette décision ? Sollicité par franceinfo, le parquet n'a pas apporté de précisions dans l'immédiat sur les raisons de la levée de cette procédure. 

Le dispositif alerte enlèvement, adopté en France en février 2006 et déclenché une trentaine de fois depuis sa création, "vise à envoyer de façon massive à la population un message en cas d'enlèvement d'enfant", rappelle le ministère de la Justice sur le site Alerte enlèvement(Nouvelle fenêtre). "Son déclenchement permet la diffusion rapide, sur l'ensemble du territoire national, d'informations précises dans le but de retrouver l'enfant le plus rapidement possible." Quatre critères doivent être réunis : "Il s'agit d'un enlèvement avéré, et non d'une simple disparition ; l'intégrité physique ou la vie de la victime est en danger ; il existe des éléments d'information dont la diffusion peut permettre de localiser l'enfant ou son ravisseur ; la victime est mineure."

Au moins deux précédents

En octobre 2024, l'alerte enlèvement concernant le petit Santiago avait également été levée alors qu'il était toujours porté disparu. Après quatre jours de traque, la police néerlandaise avait retrouvé les deux parents et le bébé, grand prématuré, à Amsterdam. En mai 2023, l'alerte enlèvement concernant la petite Eya avait également été levée alors qu'elle était toujours disparue. La fillette d'une dizaine d'années, enlevée par son père et un autre homme, avait été retrouvée saine et sauve quelques heures plus tard, au Danemark.

Dans ces deux cas, l'alerte enlèvement avait été levée car les ravisseurs avaient quitté la France. "Cette alerte n'était plus utile puisque les parents avaient à l'évidence quitté le territoire national", avait justifié le procureur de la République dans l'affaire Santiago.

Plusieurs autres raisons peuvent expliquer la levée d'une alerte enlèvement. Les autorités judiciaires peuvent estimer que sa diffusion risque de "mettre en danger la vie de l'enfant" ou de "compromettre les investigations en cours". Le dispositif peut aussi ne plus être indispensable quand les enquêteurs ont récupéré suffisamment d'informations.

Les recherches ont continué

Par ailleurs, une alerte enlèvement n'a pas vocation à rester active durablement. Selon la convention (Nouvelle fenêtre)  signée entre le ministère de la Justice et les partenaires qui en assurent la diffusion, "l'alerte prend fin trois heures après que les organismes désignés à l'article 9 [qui assurent sa diffusion] ont été informés du déclenchement de l'alerte, même si la victime et le suspect n'ont pas été retrouvés". A l'issue de ces trois heures, "chaque organisme de diffusion appréciera librement les suites qu'il entend donner au message d'alerte", est-il précisé.

Surtout, la levée de l'alerte enlèvement ne signifie pas que les recherches s'arrêtent, comme l'avait souligné la vice-procureure, Elodie Casanovas, au sujet de la disparition de la petite Khuslen. Le parquet encourageait d'ailleurs les personnes qui disposaient d'informations à "se rapprocher du service de police ou de gendarmerie le plus proche" pour les "communiquer".

Le suspect repéré grâce à la téléphonie

Son père, un homme de 36 ans, avait pris la fuite avec sa fille lundi soir à bord d'une Peugeot 308 blanche. Selon les informations de franceinfo et d'ICI Normandie, de sources concordantes, Khuslen a été retrouvée vers midi sur le parking de l'Intermarché de Saint-Avé, dans le Morbihan. Le père et un complice ont été interpellés par la BRI de Nantes au même endroit. Le parquet d'Alençon a indiqué un peu plus tard qu'une troisième personne avait été placée en garde à vue. Selon une source proche du dossier, il s'agit d'une personne soupçonnée d'avoir aidé le mis en cause dans sa cavale.

Une source proche de l'enquête explique à franceinfo que c'est à partir d'un travail de téléphonie, ainsi que plusieurs autres techniques d'enquête, que les enquêteurs de la police judiciaire du Calvados sont remontés au père. Ce dernier avait appelé la mère de la fillette en disant qu'il allait se suicider et tuer l'enfant. Selon les informations d'ICI Normandie, cet homme avait déjà été condamné pour des violences sur sa compagne en 2024, ce qui lui avait valu le retrait de l'autorité parentale sur sa fille.

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