"Est-ce que c'est pour revendre ? Pour manger ?" : les boucheries, une nouvelle cible pour les voleurs

Ce texte correspond à une partie de la retranscription du reportage ci-dessus. Cliquez sur la vidéo pour la regarder en intégralité.

Une chambre froide, complètement souillée. Les grosses carcasses sont encore là, mais sur les étagères, des quantités de viande ont disparu. Et dans le magasin, des frigos dévalisés. Pour effacer leurs empreintes avant de fuir, les voleurs ont même répandu du liquide d'extincteur partout. C'était il y a dix jours. Le commerce a dû rester fermé une semaine pour tout remettre en état.

Aujourd'hui, les traces du cambriolage sont encore bien visibles. "Vous pouvez voir les impacts à différents endroits, là où il y avait certainement les charnières", explique Jacques Panioux-Rodureau, boucher chez Plaisirs Fermiers Niort (Deux-Sèvres). Le matériel de découpe a lui aussi été dérobé. Au total, le boucher estime le préjudice à plus de 25 000 euros :"Aussi bien pécuniairement qu'en termes de moral, parce que, bon, ça fait quand même une atteinte à l'entreprise avec une fermeture d'un peu plus d'une semaine, donc ce n'est pas rien", déplore-t-il.

Les voleurs ont emporté les viandes les plus nobles, comme les magrets de canard, le foie gras ou les côtes de bœuf. Pour la responsable du magasin, Céline Marais, c'est incompréhensible. "Ce n'est pas la première fois qu'on est cambriolés, une fois, ils avaient pris le coffre-fort. Mais du vol de viande, je n'ai jamais entendu parler de ça. Est-ce que c'est pour revendre ? Est-ce que c'est pour manger ? Ça, on ne le sait pas", s'étonne-t-elle.

"La nourriture est très, très chère"

Pour les forces de l'ordre, ces vols de viande dans de telles quantités restent relativement rares. Aucune filière de revente sur des circuits parallèles n'a été démantelée récemment. Si les boucheries sont prises pour cible, c'est avant tout parce qu'elles sont encore très présentes, notamment en zone rurale. Des commerces de proximité sont visés avant tout pour l'argent liquide contenu dans leurs caisses.

"Ce sont souvent des profils d'individus en recherche d'argent liquide pour se payer de la drogue, qui vont faire ces vols, des fois même à main armée avec un couteau ou un tesson de bouteille. Ils vont menacer le commerçant pour qu'il leur remette sa recette du jour", explique Alex Ronde, porte-parole du syndicat CFTC-POLICE.

Pour se prémunir de ces braquages, de nombreuses boucheries en viennent même à installer des caméras. Dans une boutique en Vendée, il y a un an, des malfaiteurs ont défoncé la porte et essayé de s'attaquer à la caisse sans y parvenir. Ils ont donc fini par emporter 2 500 euros de marchandises. "Avant, c'était les produits de luxe, les voitures. Maintenant, on va taper sur du plus petit puisque la nourriture est très, très chère et que tout le monde n'arrive pas forcément à se nourrir. Et d'autres de mes collègues seront forcément impactés comme nous", pointe Élise Berthomé, gérante de Berthomé Traiteur à Benet (Vendée).

Dans ce type d'affaires, les enquêtes sont longues et difficiles. La gérante a porté plainte. Les voleurs n'ont toujours pas été identifiés.