Incendies de forêts : comment les enquêteurs recherchent des indices pour déterminer l'origine du feu
Dans le sud de la France, où le risque reste élevé, des équipes spécialisées traquent les indices pour comprendre comment l'incendie a démarré. Dans 90% des cas, les départs de feu sont d’origine humaine.
Le risque d'incendie reste encore élevé jeudi 10 juillet sur le pourtour méditerranéen en raison de la sécheresse de la végétation. Les forêts des départements des Bouches-du-Rhône, du Vaucluse, du Gard et de l'Aude sont classées orange, c'est-à-dire en "risque élevé", pour les départs de feux. Après le violent incendie qui a touché mardi Marseille et ses environs, la préfecture des Bouches-du-Rhône a interdit tous les massifs forestiers.
Sur les 4 000 départs de feu annuels, 90% sont d'origine humaine. Sur le terrain, des équipes specialisées sont missionnées dans les departements concernés pour enquêter sur leur origine.
Des cellules avec des agents de l'ONF, des sapeurs-pompiers et des gendarmes
"Toutes les pistes sont ouvertes à ce stade de l'enquête", indiquait par exemple mercredi sur franceinfo le colonel Francis David, commandant du groupement de gendarmerie départemental de l'Aude, après l'incendie de Narbonne qui a parcouru plus de 2 000 hectares. "Depuis le début de l'incendie, il y a une cellule de recherche des causes de l'incendie qui est mis en place", précise-t-il. Cette cellule "est tripartite avec les agents de l'Office national de la forêt, les sapeurs-pompiers du département de l'Aude et des gendarmes", avec l'objectif de trouver les indices qui permettent "d'identifier le lieu de départ" du feu.
Ensuite, "nous avons basculé assez rapidement sous l'autorité du procureur de la République de Narbonne dans le cadre d'une enquête de flagrance pour déterminer les causes de cet incendie". Par ailleurs, "nous avons engagé la partie technicien, vérification criminelle de la gendarmerie qui a permis de prélever sur les lieux différents indices" pour savoir "quelle était l'origine" de l'incendie : "accidentelle ou intentionnelle". A ce technicien en investigation criminelle "a été ajouté un groupe cynophile spécialisé dans la recherche d'hydrocarbures qui a œuvré sur le lieu de départ qui a été identifié".
"On a affaire à un environnement qui est complètement desséché et le moindre apport d'énergie sous la forme d'un mégot comme d'une étincelle permet un déclenchement de feu de manière immédiate", rappelait le spécialiste.
"A partir de ce genre d'indices, on peut revenir vers le point de départ"
Dans l'Hérault, mercredi matin, c'est dans une forêt de pins calcinés au nord de Montpellier que Luis de Sousa, ingénieur forestier, a été appelé en renfort. Il fait partie de la cellule de recherche des causes d'incendie du département. Sa mission consiste à tenter avec les gendarmes et pompier de la cellule d'investigation de lire dans le paysage, la trajectoire d'un feu qui a ravagé douze hectares il y a trois jours. "Le feu part à 95% de la végétation au niveau du sol et on voit les arbres qui sont brûlés d'abord partiellement en bas du tronc lorsqu'on est près du départ du feu", explique Luis de Sousa.
Et l'expert de préciser : "Lorsqu'on est plus avancé dans un feu qui a déjà monté en puissance, les arbres vont être complètement brûlés jusqu'en haut. Donc à partir de ce genre d'indices, on peut revenir vers le point de départ, un peu comme on remonterait le cours d'eau vers la source".
Le but est donc de localiser précisément le point de départ de l'incendie. Il faut ensuite trouver dans cette zone restreinte un maximum d'indices matériels pouvant mettre les enquêteurs sur une piste accidentelle ou criminelle, explique Luis de Sousa : "On procède par élimination. On a une liste de causes identifiées par l'expérience et le recensement des feux depuis plus de 50 ans dans le sud de la France. Et lorsqu'on est au niveau du point de départ, on va retenir celle qui est la plus probable. Quand on retrouve des végétaux qui ont été brûlés en tas, on sait que c'est un brûlage de végétaux qui a dégénéré en incendie. On peut identifier que c'est un jet de mégot qui est à l'origine du feu. Et malheureusement, il y en a encore beaucoup. Et parmi les causes humaines, celles qui sont des incendies volontaires et ceux qui sont des accidents."
Neuf feux de forêt sur dix sont d'origine humaine
Mais il arrive aussi qu'aucune preuve matérielle intéressante ne soit retrouvée explique le capitaine Esseul Olivier, officier adjoint de la compagnie de gendarmerie de Lodeve dans l'Hérault. Et dans ce cas l'enquête de voisinage peut alors faire avancer le dossier.
Cela lui est arrivé la semaine dernière avec l'interpellation d'un homme dont le véhicule avait attiré l'attention de témoins. "Cet individu mettait le feu simplement avec un briquet qu'il gardait sur lui, raconte le capitaine Esseul Olivier. Et c'est le travail effectivement de recoupement et de témoignage qui nous a permis d'avancer assez rapidement. Le message qu'il faut faire passer, c'est que les gens, dès qu'ils voient quelque chose qui les perturbe, qui n'est pas dans l'ordre des choses qu'ils nous appellent."
Cette cellule de recherche des causes d'incendie intervient entre 50 et 60 fois par an, rien que sur le département de l'Hérault. Leurs enquêtes confirment que neuf feux de forêt sur dix sont d'origine humaine, souvent accidentelle ce qui veut dire, insistent ces experts que des centaines d'hectares de nos paysages et de nos forêts pourraient être préservées rien qu'en respectant davantage les consignes de sécurité.
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