Témoignages Procès de Frédéric Péchier : "Pour moi, c'est l'assassin de mon épouse", affirme le mari de Sylviane Baugey

Article rédigé par Aurélien Thirard
Radio France
Publié
Temps de lecture : 3min
Frédéric Péchier, anesthésiste accusé d'avoir empoisonné des dizaines de patients, dont 12 mortellement. Photo prise le 8 mars 2023 à Besançon (Doubs). (ARNAUD FINISTRE / AFP)
Frédéric Péchier, anesthésiste accusé d'avoir empoisonné des dizaines de patients, dont 12 mortellement. Photo prise le 8 mars 2023 à Besançon (Doubs). (ARNAUD FINISTRE / AFP)

L'anesthésiste de Besançon est jugé à partir de lundi à la cour d'assises du Doubs pour 30 empoisonnements, dont 12 mortels. Franceinfo a pu rencontrer la famille d'une des victimes, Sylviane Baugey, morte sur la table d'opération en avril 2015.

C'est un procès-fleuve qui s'ouvre lundi 8 septembre à Besançon. La cour d'assises du Doubs va juger pendant presque quatre mois le docteur Frédéric Péchier. Cet anesthésiste est accusé de 30 empoisonnements dont 12 mortels, commis entre 2008 et 2017, dans deux cliniques à Besançon. Une affaire exceptionnelle, dans laquelle Frédéric Péchier clame son innocence, et dans laquelle 156 personnes sont parties civiles. Franceinfo a pu rencontrer la famille d'une des victimes, Sylviane Baugey, morte sur la table d'opération il y a dix ans.

Jacky, l'époux de Sylviane, et Florimond, l'un de leurs deux fils, nous reçoivent chez eux à Besançon. Ils se souviennent de ce 20 avril 2015, lorsque Sylviane vient à la clinique Saint-Vincent pour une simple opération de l'épaule.

"Pourquoi ? Pourquoi il fait ça ?"

L'équipe médicale l'endort en milieu de matinée et puis d'un coup, son cœur lâche, se rappelle Florimond. "Je me souviens, c'était à 11h03, raconte-t-il. On sait que le docteur Péchier est arrivé immédiatement sur place. En quatre minutes, il a établi un diagnostic très rare, difficilement compréhensible par ses collègues, puisqu'il a diagnostiqué une intoxication aux anesthésiques, ce qui est quand même assez rare. Et puis il a pris en charge la réanimation, qui a duré plus de 50 minutes. Un arrêt cardiaque de 50 minutes, c'est ce qui a finalement provoqué la mort de Sylviane."

À l’époque, il y a dix ans, personne ne pense à un acte malveillant, jusqu'à l'ouverture de l'enquête deux ans plus tard et la mise en examen du docteur Péchier, soupçonné d'avoir contaminé des poches de perfusion pour provoquer des arrêts cardiaques sur des patients âgés de 4 à 89 ans.
Un geste que ne comprend toujours pas Jacky, le mari de Sylviane. "Pourquoi ? Pourquoi il fait ça ? Je ne peux pas dire que j'ai une haine farouche, mais je voudrais savoir pourquoi il a agi comme ça."

L'anesthésiste dénonce une enquête à charge

La thèse des enquêteurs, c'est que Frédéric Péchier se prenait pour "Zorro", qu'il empoisonnait des patients pour ensuite se présenter en sauveur et les réanimer, ou pour nuire à ses collègues en empoisonnant à mort leurs patients. Malgré ces lourdes accusations, Frédéric Péchier n'a jamais fait un jour de prison. "Le fait qu'il ait été libre, ça a aussi permis de le mettre sur écoute, d'avoir plus d'éléments dans le dossier", avance Florimond.

"Par contre, qu'il comparaisse libre, ça me paraît risqué et bizarre. Risqué, parce qu'il y a quand même un risque qu'il mette fin à ses jours et qu'il n'aille pas au bout du procès."

Florimond, fils de Sylviane Baugey

à franceinfo

Florimond et Jacky Baugey espèrent des aveux du médecin. Ils témoigneront face à lui en novembre. "Pour moi, c'est l'assassin de mon épouse, c'est un détraqué, estime Jacky. Je ne comprends pas qu'une personne puisse agir comme ça sur 30 personnes."

De son côté, Frédéric Péchier dénonce une enquête à charge, estimant que les juges sont partis du principe qu'il était coupable. "Frédéric Péchier a toujours eu la même position, il n'a pollué aucune poche" de perfusion en introduisant des substances à doses létales, martèle son avocat, Randall Schwerdorffer, auprès de franceinfo, ajoutant qu'il n'y a "pas de preuve contre [s]on client dans ce dossier". Le médecin assure qu'il s'agit – pour la plupart des cas – d'erreurs médicales et entend bien le prouver pendant l'audience ces trois prochains mois.

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