Meurtre de Louise en Essonne : la petite amie du suspect avait-elle l'obligation légale de dénoncer le crime ?
La jeune femme, âgée de 23 ans comme son petit ami, est mise en examen pour non-dénonciation de crime et placée sous contrôle judiciaire.
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Elle a d'abord été entendue en qualité de témoin. La petite amie d'Owen L., le jeune homme de 23 ans soupçonné d'avoir tué Louise, une collégienne poignardée vendredi dans un bois à Epinay-sur-Orge (Essonne), a été mise en examen, mercredi 12 février, pour non-dénonciation de crime. Elle est placée sous contrôle judiciaire, avec des interdictions de contact et des obligations de paraître, par le biais de pointages, a annoncé le procureur de la République d'Evry, Grégoire Dulin.
Lors d'un point presse, le magistrat a expliqué que la jeune femme, également âgée de 23 ans, avait d'abord été entendue en qualité de témoin avant d'être placée en garde à vue mardi à 1h45 du matin. Confrontée aux éléments de l'enquête, elle a confirmé que, vendredi, "son petit ami jouait [au jeu vidéo] Fortnite et avait eu une altercation en ligne avec un autre joueur qui l'insultait". "Très énervé, il arrêtait de jouer et sortait de la maison comme il le faisait souvent pour se calmer", a précisé le procureur.
A son retour, Owen L. était "blessé à la main avec du sang sur le menton", selon son récit rapporté par le magistrat. "Elle lui mettait un pansement", a détaillé Grégoire Dulin.
"Il lui disait d'abord être tombé avant de lui raconter, après qu'elle avait insisté, qu'il avait porté plusieurs coups de couteau à une collégienne qu'il disait ne pas connaître."
Grégoire Dulin, procureur d'Evrylors d'un point-presse
"Apprenant la disparition de Louise, elle faisait le rapprochement avec l'agression commise quelques heures auparavant", a-t-il encore ajouté.
Une "immunité" pour les proches de l'auteur du crime…
La jeune femme aurait-elle dû, à ce moment-là, se rendre dans un commissariat pour signaler ce qu'elle venait d'apprendre, et, ainsi, éviter d'être mise en cause par la suite ? Ne pas dénoncer un crime est, en effet, puni par la loi, selon le Code pénal. "Le fait, pour quiconque ayant connaissance d'un crime dont il est encore possible de prévenir ou de limiter les effets, ou dont les auteurs sont susceptibles de commettre de nouveaux crimes qui pourraient être empêchés, de ne pas en informer les autorités judiciaires ou administratives est puni de trois ans d'emprisonnement et de 45 000 euros d'amende", indique l'article 434-1.
Toutefois, cet article du Code pénal ne s'applique pas à certains proches de l'auteur ou du complice du crime, à savoir "les parents en ligne directe et leurs conjoints, ainsi que les frères et sœurs et leurs conjoints", mais aussi le conjoint du mis en cause "ou la personne qui vit notoirement en situation maritale avec lui". "C'est une immunité. On ne peut pas obliger une mère à dénoncer son fils, par exemple", souligne à franceinfo l'avocat pénaliste Gabriel Dumenil.
La petite amie d'Owen L. peut-elle être considérée comme conjointe ? Le procureur d'Evry ne l'a pas précisé. Il a simplement déclaré qu'elle avait rencontré le jeune homme "sur les réseaux sociaux, au début de l'année 2024". "Aujourd'hui, le concept de conjoint est de plus en plus large, il a évolué avec les affaires de violences conjugales, dans lesquelles le petit ami ou la petite amie peut être considéré comme un conjoint", observe auprès de franceinfo l'avocate Florence Rouas.
... qui ne s'applique pas "si le crime est commis contre un mineur"
Dans ce cas, pourquoi la jeune femme n'a-t-elle pas pu bénéficier d'une "immunité" ? C'est parce qu'il existe une exception dans l'exception : la non-dénonciation d'un crime peut être reprochée au proche d'un auteur si la victime a moins de 18 ans, ainsi que dans les affaires de terrorisme. "L'immunité ne fonctionne pas si le crime est commis contre un mineur", confirme Gabriel Dumenil, en s'appuyant sur ce qui est inscrit noir sur blanc dans le Code pénal. Par conséquent, elle ne s'applique pas pour la petite amie du principal suspect, puisque Louise avait 11 ans.
Si un juge d'instruction décide de la poursuivre, c'est parce qu'il estime qu'elle a eu connaissance du crime, en raison d'éléments graves et concordants qui existent à son encontre. C'est la condition pour une mise en examen, pointe Gabriel Dumenil. Car les poursuites ne sont pas automatiques.
Ainsi, après avoir été placés en garde à vue pour non-dénonciation de crime, les parents d'Owen L. ont été libérés mercredi, à 17 heures, sans qu'aucune charge ne soit retenue contre eux. Ils n'ont pas reconnu leur fils sur les images des caméras de vidéosurveillance et pensaient "que sa blessure constatée à la main était en lien avec un accident domestique survenu le mercredi précédent", a déclaré le procureur lors de son point-presse. En outre, ils ont affirmé "qu'ils n'avaient jamais eu connaissance de l'implication de leur fils dans la mort de Louise", a-t-il complété. D'après les premiers éléments de l'enquête, eux n'avaient pas recueilli les confidences d'Owen L., contrairement à sa petite amie.
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