Suicide d'un détenu à Fresnes en 2024 : sa famille porte plainte pour "homicide involontaire" et "non-assistance à personne en péril"
La mère du détenu estime qu'il aurait dû être maintenu en quartier spécialisé et non placé seul en détention ordinaire.
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La famille d'un détenu qui s'est suicidé en 2024 à la prison de Fresnes (Val-de-Marne) vient de déposer plainte contre X auprès du procureur de la République de Créteil pour "homicide involontaire" et "non-assistance à personne en péril", selon les informations de France Inter, vendredi 11 juillet. Elle estime que l'administration pénitentiaire, malgré de multiples alertes, n'a pas tout mis en place pour empêcher qu'il ne mette fin à ses jours. Selon elle, l'administration avait parfaitement connaissance des intentions suicidaires du jeune homme et aurait dû prendre davantage de mesures pour éviter qu'il ne passe à l'acte.
Moins de deux semaines après son incarcération dans le cadre d'une information judiciaire, Morgan, 24 ans, est reçu en audience par un officier. Celui-ci note qu'il "semble vulnérable", même si le jeune homme déclare aussi vouloir travailler, faire du sport et aller à la bibliothèque de la prison. Trois jours plus tard, lors d'une nouvelle audience, Morgan est alors décrit comme "anxieux, fragile", terrifié par son incarcération. "Il pense régulièrement au suicide", écrit l'officier, qui recommande un suivi psychiatrique. Ce suivi démarre quelques jours plus tard. Mi-mars 2024, le magistrat qui instruit son affaire alerte la prison, après un inquiétant courrier de Morgan à son père.
"Il était plongé dans une grande détresse psychologique"
Au fil des semaines, sa mère, Valérie, juge que son fils est de plus en plus mal. Au cours des parloirs et lors des appels téléphoniques, elle a tenté de "le maintenir". "Mais ça a été la dégringolade, l'effondrement. Il a décidé de ne plus manger. Et il parlait de mettre fin à ses jours."
Selon la plainte que France Inter a pu consulter, Morgan fait deux tentatives de suicide en mars et en avril 2024, par absorption de médicaments. Mais ce n'est qu'en juillet que l'administration pénitentiaire en est informée par le magistrat qui instruit l'affaire de Morgan. Cette situation "démontre qu'il était plongé dans une grande détresse psychologique, et que la surveillance spécifique mise en place n'avait, en réalité, aucun effet", peut-on lire dans la plainte.
Début août, Morgan est placé dans un quartier spécialisé pour personnes fragiles. Il y reste trois mois, suit un traitement et voit un psychiatre. "La pression est alors redescendue un peu", constate sa mère. Le 30 octobre, il quitte le quartier spécialisé pour retourner en détention ordinaire. Il demande rapidement à l'administration pénitentiaire d'y retourner, sans être entendu. À sa demande, il est finalement placé dans une cellule sans codétenu, "alors qu'il était fragile et ayant fait au moins deux tentatives de suicide" relève la plainte.
"L'administration pénitentiaire aurait dû opérer une surveillance renforcée"
La veille de son suicide, Morgan appelle sa mère depuis une cabine de la coursive. "Il m'a appelée en pleurs, effondré. Je le reboostais." Le lendemain, il dit à sa mère : "Je suis seul au monde, et si je ne suis plus là, c'est normal". Morgan met à fin à ses jours quelques heures plus tard, le 29 novembre 2024. Il a été retrouvé pendu dans sa cellule, après neuf mois de détention provisoire à Fresnes.
Sa mère estime qu'il aurait dû être maintenu en quartier spécialisé et non placé seul en détention ordinaire. "L'administration pénitentiaire aurait dû opérer une surveillance renforcée, le maintenir dans un quartier spécialisé pour détenus fragiles", estime son avocat Antoine Ory. "Tout ce qui aurait pu être fait n'a pas été fait", dénonce l'avocat. "Ces manquements et ces carences ont conduit à ce drame." Selon lui, la prison de Fresnes "illustre le manque de moyens, les personnels débordés". "Quand une information est connue, tout n'est pas mis en œuvre, alors que c'est la responsabilité de l'Etat qui incarcère des individus."
En 2024, au moins sept personnes -dont une femme- se sont suicidées à la prison de Fresnes, selon un décompte de l'Observatoire international des prisons (OIP). Une personne détenue se suicide tous les deux ou trois jours en France. La Direction de l'administration pénitentiaire, sollicitée par France Inter, n'a pas souhaité commenter le cas de Morgan.
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