Témoignage "On m’a étranglé, on en voulait à ma montre" : face à la montée des violences, des médecins, infirmiers et kinés appelés à fermer leur cabinet

Deux manifestations sont prévues à Paris et à Marseille pour dénoncer les violences que les professionnels de santé subissent de plus en plus de la part des patients. Parmi eux, un médecin généraliste du Val-de-Marne, récemment agressé dans son cabinet.

Article rédigé par franceinfo
Radio France
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Le Dr Éric Weinberg a été étranglé à son cabinet pour une montre. Il explique se faire aussi régulièrement insulté. Mercredi 12 mars 2025, il fermera son cabinet à l'appel d'une dizaine d'organisations pour dénoncer ces violences de plus en plus répandues. (SOLENNE LE HEN / FRANCEINFO / RADIO FRANCE)
Le Dr Éric Weinberg a été étranglé à son cabinet pour une montre. Il explique se faire aussi régulièrement insulté. Mercredi 12 mars 2025, il fermera son cabinet à l'appel d'une dizaine d'organisations pour dénoncer ces violences de plus en plus répandues. (SOLENNE LE HEN / FRANCEINFO / RADIO FRANCE)

À côté de son ordinateur, dans son cabinet de Créteil (Val-de-Marne), Éric Weinberg a désormais toujours un œil sur son écran de vidéosurveillance. Ce docteur généraliste a installé une caméra dans sa salle d'attente. "Et en plus, je me suis totalement mis sur rendez-vous. Maintenant, il n'y a que des patients dont je connais le nom, le prénom, l'adresse et le numéro de téléphone", explique-t-il. 

Ces mesures de protection, le docteur Weinberg s'y est résolu après avoir subi une violente agression, "par des gens qui se prétendaient patients", raconte-t-il. Il se souvient ne pas avoir eu le temps de réagir. "On m'a étranglé. En fait, on en voulait à ma montre. Un étranglement artériel, je suis directement tombé dans les pommes. C'était la première fois. Ça m'a fait un choc. Je ne l'ai pas du tout vu venir".

Une violence gratuite car les agresseurs n'ont finalement pas volé la montre. Elle "ne valait que 49 euros", mais "ressemblait à une Rolex". 

"Sale con"

Le Dr Weinberg explique aussi qu'"il n'y a pas un mois" où il n'est pas agressé verbalement. "Sale con" est la dernière insulte en date, s'amuse-t-il, ajoutant qu'il n‘y fait "plus attention". 

"Dès que les gens n’obtiennent pas ce pour quoi ils sont venus, un arrêt de travail, un certificat, on se fait tout de suite insulter."

Dr Éric Weinberg

à franceinfo

À l'occasion de la journée européenne contre la violence faite aux soignants, une dizaine d'organisations professionnelles et syndicales appellent les médecins, infirmiers et kinésithérapeutes à fermer leur cabinet mercredi 12 mars pour dénoncer ces violences.

Parmi elles, le syndicat de médecins libéraux SML. "Nous avons un certain nombre de confrères et de consœurs qui sont en arrêt maladie, en arrêt de travail avec des symptômes de syndromes post-traumatiques, justifie la Dr Sophie Bauer, présidente du SML. Ils ne sont donc pas prêts à reprendre une activité”. 

"Cela doit cesser"

Cette fermeture des cabinets est accompagnée d'un appel à manifester à 11 heures à Paris et à 14 heures à Marseille mercredi. "C'est pour donner l'alerte à la population, leur dire que ça ne peut plus durer, explique la Dr Bauer. Il y a un manque de respect, de politesse, de patience, un égoïsme ambiant, dénonce-t-elle. Les gens veulent passer devant les autres même s'ils n'ont pas une pathologie urgente. Ils ne supportent pas qu'on leur refuse un traitement que l'on estime ne pas devoir leur prescrire parce qu'il est inutile voire, des fois, nuisible. Cela doit cesser !"

Comme de nombreux confrères, elle demande qu'à l'avenir la loi prévoit davantage de sanctions pour les agresseurs. 

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