La préfète du Rhône boycotte l'inauguration à Vénissieux d'un équipement nommé Annie Steiner, ancienne militante du FLN

Cet équipement polyvalent, destiné aux adolescents, est inauguré mardi par la municipalité communiste de Vénissieux.

Article rédigé par franceinfo
Radio France
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La préfecture du Rhône, à Lyon. (ELSA BIYICK / HANS LUCAS)
La préfecture du Rhône, à Lyon. (ELSA BIYICK / HANS LUCAS)

"Aucun représentant de l'État" n'assistera à l'inauguration d'un nouvel équipement polyvalent à Vénissieux mardi 26 août, annonce dans un communiqué la préfecture du Rhône. L'objectif est de "signifier la désapprobation pleine et entière de la préfète Fabienne Buccio, concernant la décision de la commune de lier le nom d'Annie Steiner à cet équipement, choix qui relève de sa seule compétence conformément au principe de libre administration des collectivités locales".

Fille de pieds-noirs, Annie Steiner a été une figure de la lutte pour l'indépendance algérienne. Agente de liaison du Front de libération nationale (FLN) pendant la guerre d’Algérie, elle a été arrêtée en 1956. Un an plus tard, elle a été condamnée à cinq ans de prison. Annie Steiner est retournée vivre en Algérie après l'indépendance du pays. En 1963, elle a fait partie des premiers Européens à obtenir la nationalité algérienne. Décédée à Alger en 2021, elle est enterrée dans le carré chrétien du cimetière d'El-Alia de la capitale algérienne.

"Un autre nom [...] conviendrait mieux"

C'est l'adjointe au maire communiste de Vénissieux, Sophia Brikh, qui a proposé de donner ce nom. Dans les colonnes du quotidien Le Progrès, elle se justifie, expliquant que la militante du FLN est "le symbole d’une passerelle entre l’Algérie et la France".

"Ce choix extrêmement contestable de valoriser le nom d’une Française militante du Front de Libération Nationale, complice, à l’époque, de la lutte armée, est de nature à diviser nos concitoyens", condamne la préfète du Rhône, Fabienne Buccio. Selon elle, "ce choix va à l'encontre de l'esprit qui a guidé à la création de ce nouvel outil de cohésion sociale et d'échange intergénérationnel au service des habitants de Vénissieux. Un autre nom, davantage synonyme de concorde, de culture et d'entente, conviendrait mieux à un équipement de cette nature".

La préfecture tient à rappeler que l'État a apporté un soutien financier de "1,7 million d'euros" pour la construction de "ce nouvel équipement polyvalent qui comprend notamment un espace collaboratif de fabrication, une médiathèque, un équipement pour les jeunes de 11 à 17 ans".

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