Comment l'intelligence artificielle est devenue une manne financière pour une petite île des Caraïbes

Article rédigé par franceinfo
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L'île d'Anguilla, territoire britannique d'outre-mer des Caraïbes situé au nord de Saint-Martin, doit son nom à sa forme allongée. (CEDRICK ISHAM CALVADOS / AFP)
L'île d'Anguilla, territoire britannique d'outre-mer des Caraïbes situé au nord de Saint-Martin, doit son nom à sa forme allongée. (CEDRICK ISHAM CALVADOS / AFP)

Le nom de domaine officiel d'Anguilla sur internet, ".ai", correspond aux initiales d'"artificial intelligence" (intelligence artificielle en anglais) et est prisé par les acteurs du secteur.

Deux lettres qui peuvent rapporter des millions. Depuis 1995, Anguilla, petite île de l'archipel des Caraïbes, dispose d'un nom de domaine national de premier niveau, comme ".fr" pour la France. Le suffixe ".ai", propre à Anguilla, fait le bonheur des acteurs du secteur de l'intelligence artificielle, particulièrement depuis le lancement de ChatGPT, en novembre 2022. Le nombre d'enregistrements de noms de domaine en ".ai" explose en passant de 119 000 fin 2022 à 897 000, mi-septembre 2025. De quoi permettre au petit territoire britannique d'outre-mer de s'enrichir.

Pour l'équivalent de 132 euros par an, n'importe qui peut enregistrer un nom de domaine se terminant par ".ai". L'opportunité n'échappe pas aux mastodontes de l'intelligence artificielle, notamment. Le nom "x.ai" est, par exemple, déposé et renvoie directement à Grok, l'intelligence artificielle d'X, propulsée par Elon Musk. Microsoft, Google ou encore Meta ont aussi enregistré des noms de domaines se terminant par ".ai" et tous renvoient vers la page de ces entreprises dédiée à l'IA.

Ces enregistrements de domaines se terminant par ".ai" génèrent d'importants revenus pour Anguilla. D'autant plus lorsqu'ils sont expirés et peuvent alors être vendus aux enchères, parfois pour un prix très élevé. Le domaine "litigate.ai" s'est par exemple vendu pour 13 000 dollars américains en 2023. D'après le FMI, cela a rapporté à l'île l'équivalent d'environ 27 millions d'euros en 2023, ce qui représente un peu plus de 20% de ses recettes annuelles et 10% de son PIB.

Le gouvernement anguillais s'attend à ce que ses revenus ".ai" augmentent encore pour atteindre 138 millions de dollars des Caraïbes orientales, soit 43 millions d'euros, en 2026. "À l'avenir, note le FMI dans son rapport, le gouvernement prévoit que les recettes provenant des enregistrements de domaines '.ai' se stabiliseront autour de 15% des recettes totales du gouvernement, à mesure que la vague initiale d'enregistrements ralentira."

Une source de revenus bienvenue

L'essor des enregistrements de domaines ".ai" offre un coup de pouce à Anguilla. Son économie repose traditionnellement sur le tourisme, qui représente 37% du PIB, ainsi que sur la pêche. Mais la petite île des Caraîbes est vulnérable aux ouragans, comme Irma qui avait causé d'importants dégâts en 2017. Et la crise sanitaire de 2020 avait mis un coup d'arrêt aux activités touristiques. Pour le FMI, l'augmentation des noms de domaines ".ai" "joue un rôle important sur la diversification de l'économie, la rendant ainsi plus résistante aux chocs externes".

"Nous n’aurions jamais pensé que cela aurait un tel potentiel."

Ellis Webster, Premier miistre d'Anguilla

au New York Times

Dans le New York Times, en mars 2024, Ellis Webster, Premier ministre d'Anguilla, détaille comment son gouvernement a utilisé ces fonds : offrir aux habitants de plus de 70 ans l'accès aux soins gratuits, construire écoles et centre de formation professionnelle ou encore rénover l'aéroport.

Anguilla n'est pas le seul territoire à bénéficier de l'engouement pour les noms de domaine. Avant lui, les îles Tuvalu, situées au nord-est de l'Australie, dans l'océan Pacifique, ont aussi attiré des investisseurs étrangers. Des sites de vidéos, comme Twitch, ont acheté le nom de domaine ".tv", qui compte quelque 790 000 enregistrements, soit moins que le ".ai". Mais qu'ils soient en ".ai" ou en ".tv", le nombre de noms de domaines est encore loin de l'indétrônable ".com", qui totalise 300 millions d'enregistrements.

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