Mannequins de mode créés par intelligence artificielle : "Attention aux dérives possibles", alerte un avocat

Le géant suédois du prêt-à-porter H&M veut générer des "répliques numériques" de mannequins pour des campagnes publicitaires, grâce à l'intelligence artificielle. L'avocat Jonathan Elkaim alerte sur les dérives possibles.

Article rédigé par franceinfo - Sarah D'hers
Radio France
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Temps de lecture : 2min
H&M veut générer des "répliques numériques" de mannequins. (DOMINIKA ZARZYCKA / NURPHOTO)
H&M veut générer des "répliques numériques" de mannequins. (DOMINIKA ZARZYCKA / NURPHOTO)

L'entreprise suédoise du prêt-à-porter H&M va utiliser l’intelligence artificielle pour générer cette année des "jumeaux virtuels" de ses 30 mannequins les plus en vogue. Selon H&M, les mannequins seront propriétaires des droits sur leurs clones numériques contre rémunération à chaque utilisation de l'avatar. Jonathan Elkaim, avocat spécialisé en propriété intellectuelle chez HIRO Avocats, consent à une évolution technologique mais plaide toutefois pour un cadre légal strictement défini ainsi qu'un consentement éclairé, pour tenter de prévenir les dérives potentielles. 

Le droit à l'image, une protection stricte des données personnelles 

 "Il faut veiller contractuellement à ce que le titulaire de ce droit à l'image ait compris tous les tenants et les aboutissants de la création de son jumeau numérique, explique l'avocat, notamment toutes les exploitations qui peuvent en être fait". "Se pose donc la question de la territorialité, de la durée du droit cédé, et de l'ensemble des destinations d'exploitation, précise Jonathan Elkaim. Par exemple, le jumeau numérique pourra être utilisé pour une campagne publicitaire mais pourquoi pas aussi pour une émission de télévision, ou sur internet". 

"Chacun a le droit de s'opposer à la reproduction de son image."

Jonathan Elkaim

à franceinfo

Les défis du "droit de fouille" de textes et de données

"On sait aussi que la voix ou l'image que l'on cède auprès de ces plateformes pourra ensuite être utilisée pour se nourrir et à l'avenir créer d'autres jumeaux numéroiques", souligne l'avocat, qui craint des dérives sur la collecte de données. Le droit de fouille permet aux créateurs d’outils d’intelligence artificielle, d’aller puiser dans les données de tiers, largement définies, accessibles sur Internet, afin d’améliorer les résultats générés par ces IA.

Le réglement européen sur l'IA impose des exigences de transparence vis-à-vis des utilisateurs. Réaliser un contenu, généré ou manipulé par une IA, qui pourrait induire le public en erreur 
est un délit puni pour les entreprises jusqu'à 35 millions d'euros.

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