Restructuration de la dette d'Altice : les syndicats craignent une "vente à la découpe" de SFR à ses concurrents et une "casse sociale importante"

Le plan de restructuration de la dette d'Altice, maison mère de SFR, a été accepté lundi. Les syndicats de l'opérateur craignent un rachat par ses concurrents Bouygues, Free ou Orange, qui entraînerait des "licenciements massifs" selon eux.

Article rédigé par Louise Buyens
Radio France
Publié
Temps de lecture : 2min
Une enseigne indiquant une boutique SFR à Paris le 16 juin 2025 (EMMA DA SILVA / AFP)
Une enseigne indiquant une boutique SFR à Paris le 16 juin 2025 (EMMA DA SILVA / AFP)

Le tribunal des activités économiques de Paris approuve la restructuration de la dette d’Altice France, la maison mère de l’opérateur SFR. L'accord, validé lundi 4 août, prévoit que les créanciers acceptent de réduire de 8 milliards d'euros la dette qui est actuellement à 24 milliards, passant à 15 milliards d'euros. En échange, Altice paye, selon les syndicats Unsa et CFDT, 2,2 milliards d'euros en espèces à ses prêteurs. Ceux-ci vont aussi entrer au capital de l'entreprise à hauteur de 45%, une bonne nouvelle pour Patrick Drahi, qui reste actionnaire majoritaire avec 55%. Mais du côté des syndicats de SFR, c'est l'inquiétude qui prime.

Pour eux, ce plan de sauvegarde ne fait que repousser l'inévitable. La dette est réduite, mais il restera toujours 16 milliards d'euros à rembourser. D'après le syndicat majoritaire chez SFR, l'Unsa, on se dirige vers une future vente de l'opérateur au carré rouge à ses concurrents. "Il ne faut pas sortir de Saint-Cyr, surtout après les déclarations des dirigeants d'Orange et de Bouygues, pour comprendre qu'ils sont pour la consolidation et qu'une offre de rachat va bientôt arriver", estime Abdelkader Choukrane, responsable SFR de l'Unsa.

"La plupart des emplois seront en doublon"

"S'il y a une vente à la découpe auprès des trois autres opérateurs Orange, Bouygues et Free", s'alarme le représentant syndical, "la casse sociale risque d'être importante" pour les 8 000 salariés de l'opérateur et des magasins. "Ce qui les intéresse, poursuit-il, ce sont nos clients, grand public, entreprises, opérateurs, mais aussi nos infrastructures, les licences des fréquences, mais ils ont déjà des salariés, donc la plupart des emplois seront en doublon."

La maison mère Altice répond qu'"il ne s'agit pas d'habiller la mariée SFR en vue d'une vente". Dans une lettre envoyée aux salariés, la direction précise qu'elle n'a reçu à ce jour aucune offre d'un concurrent. Sans ce plan de restructuration de la dette,"c'était la fin de l'histoire" et grâce à cette décision, les activités et les emplois de SFR sont maintenus, insiste Altice. Pas de quoi rassurer le comité social et économique, qui représente les salariés. Il annonce qu'il va faire appel de la décision du tribunal.

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