Le foncier rural, source de litiges en Côte d’Ivoire
Les différends fonciers sont légions en Côte d’Ivoire, où les tribunaux surchargés par les recours ne savent plus où donner de la tête. Et ce, alors même que la loi est appliquée avec plus ou moins de bonheur. Retour sur une problématique qui empoisonne les relations entre autochtones et étrangers, souvent installés dans les pays depuis des décennies, au pays du cacao.
/2018/11/27/Plantation-cacao-en-C-te-d-Ivoire.jpg)
Au départ, la terre a «longtemps appartenu aux ancêtres, pas aux humains, qui en avaient l'usufruit. Il y avait un ‘’chef des terres’’ qui (en) était le gestionnaire», généralement le plus âgé de la communauté, décrypte pour l’AFP un témoin anonyme.
Mais lors de la période coloniale – la Côte d’Ivoire devient officiellement une colonie française le 10 mars 1893 –, l'Etat a confisqué les terres aux autochtones. Jusqu’à l’indépendance du pays en 1960, le contrôle des sols a bénéficié aux gouvernements successifs.
Entre 1960 et 1998, la population a quadruplé pour se stabiliser aujourd’hui à quelque 23 millions d’individus. Un grand nombre de migrants des pays voisins, Burkina Faso ou Mali, se sont installés en Côte d’Ivoire pour travailler dans les plantations de cacao.
Une méconnaissance de la loi de part et d’autre
Depuis la loi foncière de décembre 1998, qui autorise la propriété privée, les litiges se multiplient entre autochtones, qui se disent propriétaires coutumiers de la terre, et étrangers. Certains d'entre eux ont acquis des parcelles alors même qu’ils n’en avaient pas le droit.
La loi sur le foncier rural de 1998 interdit en effet l’accès à la propriété de terrains aux étrangers. Ils louent généralement à l'Etat les terres sur lesquelles ils ont fait prospérer des plantations.
Mais là où le bât blesse, c’est qu’ils ne le savent pas toujours. Et que les autochtones sont souvent prompts à louer ou vendre leurs terres au plus offrant. Le document paraphé qui résulte de la vente n’a donc aucun cadre légal.
La guerre civile a compliqué les choses
L'Ouest du pays, la région la plus fertile, est le plus touché par ces problèmes fonciers, qui représentent 80% des affaires traitées.
Cette région a été particulièrement touchée par les violences commises lors de la crise post-électorale qui a agité le pays en 2010-2011. Des «milliers de plaintes» ont été déposées pour «dépossession de terres liée au déplacement provoqué par le conflit», dénonce l'ONG Human Rights Watch. En rentrant chez eux, les déplacés trouvaient quelqu’un qui s’était approprié leur bien.
Aujourd’hui encore, des tensions entre Malinkés (vus comme des pro-Ouattara, l’actuel chef de l’Etat) et Guérés (considérés comme pro-Gbagbo, son prédécesseur), sur fond de conflit foncier, rendent les choses difficiles.
Un régime inattaquable
«Selon le régime en vigueur, la propriété d’une terre est établie à partir de son immatriculation au registre foncier et après acquisition d’un titre foncier. Celui-ci est inattaquable – c’est l’une des particularités du système ivoirien. En clair, la justice n’accepte aucune action tendant à remettre en cause le droit de propriété par la revendication d’un droit non révélé au cours de la procédure d’immatriculation», indiquait fin 2011 Jeune Afrique.
Aujourd’hui, il y a urgence : les vergers plantés dans les années 60-70 devenus improductifs doivent être remplacés. Mais pour ce faire, il faut des prêts bancaires… que seuls des propriétaires fonciers pourront assumer !
À regarder
-
Le nouveau ministre du Travail rouvre les débats sur les retraites
-
Le préfet de Paris Laurent Nuñez succède à Bruno Retailleau au ministère de l'Intérieur.
-
Adèle Exarchopoulos : "Quand le monde se résigne à banaliser la violence... Ce qui reste, c'est le collectif"
-
Un mois après sa mort, le message de Charlie Kirk résonne encore
-
Le rappeur SCH déclare sa flamme à Marcel Pagnol dans un film d'animation consacré au célèbre cinéaste
-
Plan de paix pour Gaza : quatre nouveaux corps d'otages ont été remis à Israël
-
SFR bientôt racheté par ses concurrents ?
-
Musée Chirac : braqué puis cambriolé en 48 heures
-
Otages israéliens : révélations sur leur détention
-
Réforme des retraites : suspendue pour 3,5 millions de Français
-
Gouvernement de Sébastien Lecornu : censure ou pas censure ?
-
Coup d'envoi de la vaccination contre la grippe
-
Skai Isyourgod, le phénomène du rap chinois
-
Délit de fuite : la vie brisée de Marion
-
Disparition des coraux : une menace pour l'humanité
-
Bac de maths en 1ère, une bonne nouvelle ?
-
Une minute de silence en hommage à ces profs tués
-
IA : des paysages touristiques trop beaux pour être vrais ?
-
Sébastien Lecornu annonce la suspension de la réforme des retraites jusqu'à l'élection présidentielle
-
Pourquoi ton lycée pro est en grève aujourd’hui
-
La joie des Palestiniens libérés des prisons israéliennes
-
Le prix Nobel d'économie est pour la suspension de la réforme des retraites
-
François-Xavier Bellamy défend la posture de Bruno Retailleau qui chute dans les sondages
-
Lecornu II : des nominations surprises
-
Enquête après la mort de Sara, 9 ans
-
Madagascar : le président contesté écarte toute démission
-
Le gouvernement Lecornu II face à la réforme des retraites.
-
"Mange mon cul noir", Yseult (encore) en clash
-
"Ce n'était plus ma femme" : l'ultime interrogatoire de Cédric Jubillar avant le verdict
-
"Il faut suspendre la réforme des retraites jusqu'à la présidentielle"
Commentaires
Connectez-vous ou créez votre espace franceinfo pour commenter.
Déjà un compte ? Se connecter