Qui est le colonel Michaël Randrianirina, qui a été investi président de Madagascar après les manifestations de la Gen Z ?
Propulsé à la tête du pays par une mutinerie de l'armée ralliée à un soulèvement de la jeunesse, cet opposant de longue date réfute tout coup d'Etat et préfère parler "d'une prise de responsabilité".
C'est le nouvel homme fort de Madagascar. Le colonel Michaël Randrianirina a été investi président de Madagascar lors d'une cérémonie à la Haute cour constitutionnelle dans la capitale Antananarivo, ont constaté des journalistes de l'AFP, vendredi 17 octobre. Propulsé à la tête de Madagascar par une mutinerie de l'armée qui avait rallié un mouvement de contestation initié par la jeunesse, cet opposant de longue date prend la tête de l'un des pays les plus pauvres du monde après avoir provoqué la chute du président Andry Rajoelina. Si ses détracteurs, dont l'ancien président en fuite, évoquent un coup d'Etat, lui préfère parler "d'une prise de responsabilité". De son côté, la communauté internationale observe la situation avec inquiétude. Le président français, Emmanuel Macron, s'est dit vigilant à ce que "la continuité constitutionnelle et l'ordre institutionnel soient respectés".
Un opposant au président Andry Rajoelina
Agé de 51 ans, le colonel Randrianirina n'est pas très connu de ses compatriotes. Il s'est retrouvé sous les feux des projecteurs samedi en tant que chef du contingent rebelle du Corps d'administration des personnels et des services de l'armée de terre (Capsat), appelant dans une vidéo les militaires "à refuser de réprimer la population, à prendre leur responsabilité et à jouer leur rôle", selon le journal malgache L'Express de Madagascar. Un tournant dans ce soulèvement qui avait débuté le 25 septembre, puisqu'Andry Rajoelina a fui le pays ce week-end-là, avant d'être destitué quelques jours plus tard pour abandon de poste. Il est ainsi devenu une figure de la contestation du pouvoir en place, même s'il se définit "comme un simple officier exécutant".
Originaire de la région de l'Androy, dans le sud de l'île, il en a été gouverneur entre 2016 et 2018, selon RFI. Il est membre de la communauté évangélique "Mpiandry" au sein de l'église luthérienne de Madagascar. Selon le site Afrik.com, cet engagement religieux lui vaut un soutien dans les milieux ruraux et nourrit un discours social qui rencontre un écho parmi une population marquée par une grande pauvreté.
Le visage du mouvement de contestation
Au cours de sa carrière militaire, il a dirigé le bataillon d'infanterie de Tuléar, dans la région voisine de l'Atsimo-Andrefana. Il est identifié comme un opposant au régime d'Andry Rajoelina. Il a été incarcéré entre novembre 2023 et février 2024 pour "incitation à la mutinerie militaire en vue d'un coup d'Etat". Il a ensuite été condamné à un an de prison avec sursis pour "atteinte à la sûreté de l'Etat". Placé en résidence surveillée avec son complice présumé, Thierry Rampanarivo, et détenu dans un hôpital militaire, il a été condamné début 2024 à une peine d'un an de prison avec sursis pour "atteinte à la sûreté de l'Etat", selon le correspondant de RFI à Antananarivo, la capitale.
"On est sorti au début du mois de février et on a repris le statut d'officier dans l'ombre", a déclaré Michaël Randrianirina à l'AFP. "Je n'avais pas de commandement, a-t-il détaillé. Je travaillais dans ma maison, je cuisinais, je jouais au foot..." Jusqu'à ce que Michaël Randrianirina et d'autres soldats du Capsat rompent les rangs pour dénoncer la répression violente des mobilisations. Rejoignant des milliers de manifestants à Antananarivo le week-end du 11 octobre, Michaël Randrianirina est devenu le visage militaire du mouvement qui a finalement forcé le départ d'Andry Rajoelina.
Les militaires promettent des élections d'ici vingt-quatre mois
Mardi, la Haute Cour constitutionnelle malgache, ayant constaté la "vacance" du poste de président, a "invité" dans un communiqué "l'autorité militaire compétente incarnée par le colonel Randrianirina Michaël à exercer les fonctions de chef de l'Etat". "Nous avons dû prendre nos responsabilités hier, car il ne reste plus rien dans le pays, pas de président, pas de président au Sénat, pas de gouvernement", a-t-il déclaré mercredi à l'agence Associated Press.
Alors qu'un fort sentiment hostile à la France, ancienne puissance coloniale, traverse la société malgache, il a refusé de répondre en français à une interview demandée par la BBC, préférant utiliser sa langue natale, le malgache. Le nouvel homme fort de Madagascar a promis des élections dans un délai de dix-huit à vingt-quatre mois et assuré mercredi dans son communiqué préparer un "processus de consultation pour trouver un Premier ministre le plus vite possible". Il a insisté sur le fait qu'il n'y avait pas eu de coup d'Etat. "Un coup d'Etat, ce sont des militaires qui entrent dans le palais présidentiel avec des armes, qui tirent, il y aurait des effusions de sang", a-t-il déclaré à des journalistes jeudi selon l'AFP.
Dans un premier temps, le militaire va devoir rassurer la communauté internationale, l'Union africaine ayant suspendu Madagascar de ses instances. Mais surtout répondre aux aspirations des jeunes manifestants issus de la Gen Z. Les jeunes Malgaches se sont d'abord mobilisés contre les coupures d'eau, alors que le mouvement s'est mis en résonance avec d'autres manifestations de jeunes gens au Népal ou au Maroc. "On va travailler à fond maintenant et très rapidement pour ne pas décevoir le peuple", a assuré le nouvel homme fort du pays.
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