Témoignage "Si on restait, on risquait nos vies" : un jeune Iranien raconte l'angoisse et sa fuite face aux bombardements israéliens

Article rédigé par Sandrine Etoa-Andegue
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2min
La fumée d'une explosion dans le sud-ouest de Téhéran, le 16 juin 2025. Photo d'illustration. (ATTA KENARE / AFP)
La fumée d'une explosion dans le sud-ouest de Téhéran, le 16 juin 2025. Photo d'illustration. (ATTA KENARE / AFP)

Franceinfo a recueilli, à distance, le témoignage d'un jeune iranien qui a décidé de quitter la ville de Kermanshah à l'ouest. Selon les médias iraniens, l'hôpital de cette ville a subi de nombreux dégâts après avoir été ciblé après une frappe israélienne lundi.

Au cinquième jour de l'affrontement entre Israël et l'Iran, les frappes entre les deux pays se poursuivent. Côté iranien, le dernier bilan fait toujours état de plus de 220 morts et un millier de blessés, 90% des civils selon les données du ministère iranien de la Santé. Du côté d'Israël, le dernier bilan des frappes iraniennes datant de lundi, fait état de 24 morts depuis le vendredi 13 juin. En Iran, l'espace aérien étant fermé, les habitants tentent de se mettre à l'abri comme ils peuvent. Ils fuient la capitale et les zones touchées par les bombardements.

L'angoisse de ces cinq derniers jours de bombardements israéliens, Fateh la résume par cette image en français : "Ce stress, c'est devenu une seconde peau." La peur que les frappes israéliennes ne se rapprochent davantage de sa maison située à côté de Kermanshah, à plus de 500 km à l'ouest de Téhéran. La base militaire de la ville a été visée par une frappe, comme d’autres sites stratégiques. "Dans mon quartier, il y a un bâtiment habité par les familles des militaires qui a été directement frappé, explique-t-il. Et après ça, les autorités nous ont demandé d'évacuer. On s'est sentis directement menacés. On savait que si on restait, on risquait nos vies."

"Une peur silencieuse du matin au soir"

Fateh a décidé de partir pour protéger sa famille. "J'ai vu tous les voisins partir, certains en panique et d'autres en larmes, raconte le jeune iranien. Rien ne nous prépare pour ça et nous nous sommes mis à l'abri dans ma ville natale. C'est un endroit très tranquille et calme mais le stress est constant. Même ici, c'est une peur silencieuse, du matin au soir."'

"Un simple claquement de porte nous fait sursauter. Quand on sort de chez nous, nous avons les yeux levés vers le ciel."

Fateh, Iranien

à franceinfo

À l'inquiétude se mêle l'incertitude, la confusion même, raconte-t-il, sur la communication du régime iranien : "Il y a des annonces et des messages officiels à la télévision nationale pour dire que la situation est sous contrôle, que tout ira bien, mais quand on vit avec le bruit des frappes, avec l'angoisse de perdre quelqu'un chaque moment, on ne peut pas vraiment y croire. Les annonces arrivent souvent en retard et parfois elles sont contradictoires par rapport à ce qu'on voit de nos propres yeux. Les réseaux sociaux comme Telegram et Twitter sont devenus une vraie source d'information malheureusement."

À la demande de négociation formulée par Donald Trump aux Iraniens, il répond que "la paix ne vient pas avec les menaces ou ultimatum" tout en affirmant espérer un cessez-le-feu rapide.

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