Livraison d'avions de chasse en Ukraine : "Il en faudrait au moins quinze pour avoir une vraie plus-value opérationnelle", estime un spécialiste de l'armement
Léo Péria-Peigné juge que ces avions français ne feront '"probablement pas" la différence dans cette guerre.
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"Il faudrait au moins quinze" avions de chasse "pour avoir une vraie plus-value opérationnelle et pas juste être un boulet logistique", estime Léo Péria-Peigné, chercheur au Centre des études de sécurité de l’Ifri (Institut français des relations internationales), spécialiste des questions d’armement, interrogé sur franceinfo vendredi 7 juin. Emmanuel Macron a annoncé, jeudi 6 juin, la "cession de Mirage 2000-5, qui sont des avions de combat français qui permettront à l'Ukraine de protéger son sol et son espace aérien". Le chef de l'Etat prévoit une livraison "dès la fin de l'année".
franceinfo : les Mirage 2000-5 annoncés par Emmanuel Macron peuvent-ils faire la différence ?
Léo Péria-Peigné : Non, probablement pas. D'abord parce qu'ils ne seront pas disponibles pour les opérations aériennes ukrainiennes avant un an, un an et demi, le temps de former des pilotes, de former des mécaniciens, d'intégrer ces nouvelles machines à l'armée de l'air ukrainienne. Et surtout parce qu'elles seront livrées dans une quantité qui sera probablement assez limitée. On n'a pas de chiffres actuellement, mais on part sur quelque chose qui sera très probablement entre 15, 20, 25 au maximum si la France n'est pas toute seule à en fournir. Mais on reste sur des chiffres qui sont même plus limités que ceux des F-16, qui seront autour de 80.
D'où vont venir ces avions livrés par la France ?
A priori, il y en a une partie qui est encore opérationnelle et qui est utilisée par les unités de l'armée de l'air. Il y en a une partie qui a été stockée relativement récemment, mais leur état est incertain puisque l'armée de l'air a tendance à prélever des pièces sur des appareils qu'elle ne veut plus. On peut envisager que d'autres pays puissent contribuer d'une manière ou d'une autre à ce don pour atteindre au moins plus d'une dizaine d'appareils. Sachant que, à mon sens, il en faudrait au moins quinze pour avoir une vraie plus-value opérationnelle et pas juste être un boulet logistique.
Dans son discours à l'Assemblée, Volodymyr Zelensky demande plus d'aide sans donner de détails. Que lui faut-il de plus ?
Il lui faudrait surtout du matériel neuf et peut-être arrêter de vendre ou de donner ce qui est dans les parcs de l'armée française, qui n'est pas toujours de première jeunesse, mais peut-être commencer à investir réellement pour fournir du matériel neuf. L'industrie française peut en produire, mais le niveau de l'aide française en termes de financement reste assez limité. Ce qui fait que sur les 80 [canons] Caesar que Nexter, KNDS France, est en mesure de fournir cette année, la France a décrété qu'elle n'en achèterait que douze. Donc c'est du matériel neuf, mais on en achète très peu. Or, c'est de ça qu'a besoin l'Ukraine en ce moment.
Le groupe d'armement franco-allemand KNDS a officialisé la création d'une filiale en Ukraine. Cela peut-il marquer un tournant dans la guerre ?
Il y a très peu d'armes qui créent un tournant. Sinon, vu le nombre de fois où ce terme est employé, ces guerres, ce serait un rond-point. Là, ce qui a été annoncé, c'est une filiale qui va dans un premier temps, a priori, servir à la maintenance, à la réparation des systèmes qui sont déjà là-bas, pas forcément à la production qui reste une chose assez complexe et assez difficile, a fortiori dans un pays en guerre.
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