Condamnation de Cécile Kohler et Jacques Paris : "Ce qu'ils vivent est complètement inhumain", alerte Benjamin Brière, ancien otage en Iran

Emprisonné pendant trois ans, Benjamin Brière revient sur franceinfo et France Inter sur des conditions de détention extrêmement dures dans les geôles iraniennes.

Article rédigé par franceinfo
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L'ex-otage détenu en Iran pendant trois ans, Benjamin Brière, le 27 mai 2024. (FABRICE COFFRINI / AFP)
L'ex-otage détenu en Iran pendant trois ans, Benjamin Brière, le 27 mai 2024. (FABRICE COFFRINI / AFP)

"Le retour est une sorte de double peine", affirme jeudi 23 octobre sur franceinfo Benjamin Brière, ex-otage en Iran qui travaille avec "des députés" pour qu'un projet de loi soit adopté pour faire reconnaître le statut d'otage. Arrêté le 28 mai 2020 en Iran, où il voyageait en van, Benjamin Brière a été emprisonné à l'isolement, condamné pour espionnage, puis relâché le 12 mai 2023. Il raconte dans un livre sa détention et ses combats actuels. "Je n'arrive même pas à imaginer ce qu'ils traversent", avait confié, mardi 21 octobre sur France Inter concernant la détention de Cécile Kohler et Jacques Paris. Les deux Français ont été lourdement condamnés par le régime iranien le 14 octobre dernier pour espionnage. "Ce qu'ils vivent est complètement inhumain", alerte-t-il.

Arrêté en Iran où il voyageait le 28 mai 2020, Benjamin Brière a été condamné pour espionnage, emprisonné à l'isolement et relâché le 12 mai 2023 Il décrit à France Inter des conditions de détention extrêmement éprouvantes, battu par des mollahs, enfermé "24 heures sur 24 dans une cage [...] sans fenêtre, les lumières allumées 24 heures sur 24, à dormir par terre". "On ne comprend pas ce qui se passe", se souvient Benjamin Brière.

"Ce qu'ils vivent, c'est sans nom, leurs familles ne savent même pas où ils sont en ce moment."

Benjamin Brière, ancien otage en Iran

à France Inter

La semaine dernière, les proches de Cécile Kohler et Jacques Paris alertaient sur leur état. Ils disaient être "à bout" et "épuisés" par les conditions d'enfermement. "C'est terrorisant et leurs familles sont terrorisées. C'est diabolique", souligne Benjamin Brière. En détention, "tout est fait pour vous briser, tout est fait pour vous broyer", insiste-t-il.

Un travail avec des députés pour la création d'un "statut d'otage"

Après la libération, "il n'y a pas de suivi, il n'y a pas d'accompagnement, il n'y a aucune aide", regrette l'ex-otage. "On ne parle pas que d'une aide financière ou d'une indemnisation, ça à la rigueur c'est en second plan, c'est plus une facilitation administrative dont il y aurait besoin"

Benjamin Brière confie avoir rencontré des députés "pour écrire ce projet de loi pour qu'il y ait enfin un statut d'otage de créé". "Il existe déjà plus ou moins quelque chose pour les otages de terrorisme, moi j'aimerais que ce soit otage tout court." 

"C'est la croix et la bannière"

"On ne rentre pas dans une case : moi quand je rentre, j'ai les impôts qui me demandent pourquoi je n'ai rien déclaré depuis quatre ans. C'est la croix et la bannière, c'est du cas par cas. Je ne le fais pas à titre ponctuel et individuel, c'est pour que les prochains, car il y en a encore et il y en aura encore, ne subissent pas cette même double peine en rentrant", avance-t-il, évoquant notamment les cas de Louis Arnaud, libéré en juin 2024, ou d'Olivier Grondeau, remis en liberté en mars dernier, ainsi que ceux des deux derniers Français détenus par Téhéran, Cécile Kohler et Jacques Paris. 

Aujourd'hui, son van est à vendre, écrit-il dans son livre. "Ca fait deux ans et demi que j'ai été libéré maintenant, j'ai enfin eu un appartement en mars dernier. Pendant un an et demi, ça a été un peu de la débrouille, du squat. Aujourd'hui je me sens très très bien dans mon nouveau cocon à Lyon. Le voyage se refera mais pour le moment il y a besoin d'ancrage", conclut-il. 

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