Libération d'Olivier Grondeau en Iran : on vous raconte ses 29 mois de détention et de combat "au cœur de l'arbitraire et de la peur"
Ce Français âgé de 34 ans avait été condamné à cinq ans de prison par l'Iran, qui l'accusait d'espionnage. Il a été libéré et est rentré en France, a annoncé Emmanuel Macron jeudi.
Il fêtera ses 35 ans auprès de ses proches dans quelques jours. Détenu depuis octobre 2022 en Iran, où il avait été condamné à cinq ans de prison pour espionnage, le Français Olivier Grondeau "est libre, en France, parmi les siens", a annoncé le président de la République Emmanuel Macron, jeudi 20 mars, au petit matin. La fin d'un calvaire de 29 mois, passé en partie dans les geôles surpeuplées de la prison d'Evin, à Téhéran.
Les proches du trentenaire le présentent comme un voyageur amateur de poésie. Venu faire du tourisme en Iran, Olivier Grondeau a été subitement arraché, le 12 octobre 2022, au lyrisme des jardins et mausolées de la ville de Shiraz, capitale culturelle du pays. "Ils sont venus, m'ont découpé de la scène heureuse d'un matin d'automne et m'ont collé dans un réduit sans fenêtre", relatait le jeune homme dans une poignante tribune publiée par Le Monde en janvier.
Une arrestation en marges de manifestations
Son histoire a percuté celle d'une République islamique contestée par son peuple. En septembre et octobre 2022, d'importantes manifestations éclatent en Iran pour dénoncer le sort réservé à Mahsa Amini, jeune Kurde iranienne morte quelques jours après avoir été arrêtée par la police des mœurs pour non-respect du port du voile. Un mouvement d'une ampleur historique voit le jour, avant d'être sévèrement réprimé par le régime. Interpellé en marge de ces rassemblements, Olivier Grondeau est questionné et incité à donner "la liste de tous les Iraniens" qu'il a rencontrés durant son séjour. Sa garde à vue dure 72 jours, selon ses proches. Période pendant laquelle sa famille "n'a absolument aucune nouvelle".
Suivent plus de deux ans de incarcération, partagés entre deux prisons : celle de Shiraz, la ville où il a été interpellé, et celle d'Evin, à Téhéran, tristement célèbre pour ses conditions de détention inhumaines, auxquelles le Français n'échappe pas. Il racontera partager sa cellule avec 18 autres détenus. Cellule "éclairée jour et nuit, au cœur de la contrainte, de la torture, de l'arbitraire et de la peur", selon ses mots dans les colonnes du Monde.
"Et les mois ont passé. C’est déconcertant comme on a réussi à vivre. Vous comprenez qu’après vingt-sept mois entre leurs mains, je trouve ça déconcertant."
Olivier Grondeau, alors détenu en Irandans un tribune publiée dans "Le Monde" en janvier
Pourtant, son nom n'est pas connu des Français. Son visage ne s'affiche pas sur les frontons des mairies de l'Hexagone, contrairement à ceux de Cécile Kohler et Jacques Paris, deux enseignants français également détenus depuis 2022 par le régime iranien. Espérant que les négociations diplomatiques pour sa libération puissent aboutir en toute discrétion, Olivier Grondeau a choisi de rester dans l'anonymat. Une stratégie qu'il révise du tout au tout en janvier 2025. "Il y a eu un premier temps qui était le temps diplomatique pendant lequel on a laissé faire. Rien ne s'est passé. Après, il y a eu le temps d'Olivier, de réflexion. Et puis maintenant c'est le temps des médias. Quand il est arrivé à deux ans de détention, il a dit 'maintenant, on y va'", retracera sa mère Thérèse au micro de France Inter.
Une première prise de parole après deux ans de silence
Alors, depuis sa prison, avec l'aide de son comité de soutien composé d'amis, il prépare une campagne de communication, lancée le 13 janvier. Pour la première fois, son témoignage résonne sur les ondes, dans un document audio enregistré lors d'un appel téléphonique passé en décembre, diffusé par Radio France. "C'est quoi le retour ? C'est un vieux rêve qui ne suffit plus à donner du sens à cette veille épuisante. Je suis vraiment très fatigué", souffle alors Olivier Grondeau.
"Dans ma situation, prendre la parole, c'est prendre un risque. Mais comme il y a risque, il y a espoir."
Olivier Grondeau, alors détenu en Irandans un message audio diffusé par Radio France
Les Français découvrent un jeune homme affaibli, au moral vacillant. "Il y a un jour où on croit être libéré très bientôt ; le jour suivant, on pense qu'on va mourir ici", décrit-il. La rupture s'est opérée "l'été dernier", explique alors son ami Tristan Bultiauw, porte-parole de son comité de soutien. "C'était très très dur" moralement, en raison de "l'injustice qu'il subissait".
Une "immense joie"
Ces conditions de vie éprouvantes, similaires à celles subies par Cécile Kohler et Jacques Paris, sont dénoncées par Emmanuel Macron le 31 janvier. Le président regrette alors la "détention indigne et arbitraire" imposée à ces trois ressortissants français, les qualifie "d'otages" du régime iranien et exige leur libération. Une prise de position qui déclenche l'ire de Téhéran.
Dans un même mouvement, les proches d'Olivier Grondeau et la diplomatie française s'activent dans l'ombre, mais aussi publiquement. Sa famille est reçue à l'Elysée le 18 février par le président, aux côtés de celles de Cécile Kohler et Jacques Paris. Pour lui, cette mobilisation porte ses fruits : le Montpelliérain est de retour en France un mois plus tard. Une libération synonyme d'"immense joie", salue son avocate française, Chirinne Ardakani. Mais Olivier Grondeau est revenu seul, les deux autres Français sont toujours dans les geôles de Téhéran. Pour eux, "notre mobilisation ne faiblira pas", a promis jeudi le président.
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