Reportage "Un chaos invraisemblable de bateaux" : à Venise, des radars installés pour contrôler la vitesse sur les canaux

"Depuis les années 50, le nombre de bateaux à moteur à Venise est passé de 10 000 à plus de 70 000", souligne un Vénitien, pour qui les remous provoqués par la navigation intensive dégradent la cité des Doges.

Article rédigé par franceinfo
Radio France
Publié
Temps de lecture : 2min
Vaporetti, gondoles, bateaux de transport ou d'ambulance, les canaux de Venise, en Italie, grouillent d'embarcations en tous genres. (STEFANO RELLANDINI / AFP)
Vaporetti, gondoles, bateaux de transport ou d'ambulance, les canaux de Venise, en Italie, grouillent d'embarcations en tous genres. (STEFANO RELLANDINI / AFP)

Jusque-là, les Vénitiens échappaient aux radars automatiques de contrôle de vitesse. C'en est terminé depuis cet été, puisqu'environ 70 capteurs sont apparus le long des canaux de la cité italienne. L'objectif est double, à la fois assurer la sécurité des plus petites embarcations et surtout limiter les remous, responsables de la destruction progressive de cette ville unique au monde.

Lucio Conz est amarré à la sortie de la gare de Venise. Il est l'une des figures de l'association Ensemble contre le "moto ondoso", ces remous qui sapent la Sérénissime. "D'ici au canal de Canareggio, c'est un chaos invraisemblable de bateaux, décrit le capitaine alors qu'il vogue sur le grand canal, qui a des airs de périphérique parisien en fin de matinée. Devant, il y a deux vaporetti à la file, de la fumée en sort ! Entre les taxis, les gondoles, les bateaux de transport, il doit y avoir une quinzaine d'embarcations entre ces deux ponts. Depuis les années 50, le nombre de bateaux à moteur à Venise est passé de 10 000 à plus de 70 000."

"À un moment, une pierre tombe et tu réalises qu’il se passe quelque chose, ça s’écroule de l’intérieur."

Lucio Conz membre d'une association vénitienne qui lutte contre les remous

à franceinfo

Plus il y a de bateaux, plus il y a de remous, et les conséquences se voient notamment sur un palais, situé tout près du pont du Rialto. Lucio Conz désigne la ligne verte qui se trouve à la base de l'édifice : "Ce sont des algues laissées par les vagues. Il y a une fente entre deux pierres, c'est le mortier qui a été retiré par la houle."

La vitesse remonte peu à peu

C'est avant tout pour lutter contre ce phénomène que les radars ont été installés. Au début, les habitants se croyaient revenus au temps du Covid, disent-ils pour décrire le calme revenu sur les eaux. Mais depuis que des personnes ont intégré la carte des radars, la vitesse remonte petit à petit, selon Lucio Conz.

Et ce n'est rien à côté des zones où il y a peu de capteurs, comme au nord du quartier historique de Venise historique. La vitesse est limitée à 11 km/h le long des quais, mais l'embarcation de Lucio Conz est dépassée par un bolide. "C'est une ambulance privée, explique-t-il. Ce type de bateaux provoquent des remous monstrueux. Il va au moins à 20 ou 25 km/h, résultat cinq vagues vont marteler la rive. Cette vague, ça n'a l'air de rien mais elle fait 70 cm de haut. J'ai aussi une barque à rames, avec une vague pareille, je coule !"

L'amende pour excès de vitesse s'élève à 138 euros. Durant les premières semaines de mise en place des radars, 150 infractions par jour ont été relevées. Selon la mairie, le chiffre a baissé depuis.

Commentaires

Connectez-vous ou créez votre espace franceinfo pour commenter.