L'OMC conclut un accord "historique" mais "limité", à Bali
L'Organisation mondiale du commerce a signé un accord censé créer presque 1000 milliards de dollars de richesse mondiale. Explications.
Un échec aurait signé la fin de l'Organisation mondiale du commerce (OMC). Mais ses 160 membres ont conclu, samedi 7 décembre, à Bali (Indonésie), après bien des retournements, un accord "historique". C'est le premier signé depuis la création de l'organisation en 1995. "Pour la première fois de son histoire, l'OMC a vraiment tenu ses promesses", a d'ailleurs admis son directeur général, le Brésilien Roberto Azevedo, estimant avoir sauvé l'OMC.
"Nous avons remis le mot 'mondial' dans l'Organisation mondiale du commerce", a-t-il ajouté. Le directeur estime que l'accord de Bali est un "pas important" vers la réalisation du vaste programme de libéralisation des échanges commerciaux, lancé en 2001 dans la capitale du Qatar, Doha.
Sur quoi porte cet accord ?
Ensemble de mesures a minima surnommé "Doha light", il concerne trois volets : l'agriculture (avec un engagement à réduire les subventions à l'export), l'aide au développement (qui prévoit une exemption accrue des droits de douane aux produits provenant des pays les moins avancés) et la "facilitation des échanges", qui ambitionne de réduire la bureaucratie aux frontières.
L'Institut Peterson d'économie internationale, à Washington (Etats-Unis), chiffre l'impact de l'accord de Bali sur l'activité économique globale à 960 milliards de dollars, ce qui permettrait selon lui la création de 21 millions d'emplois, dont 18 millions dans les pays en développement. Mais l'association Attac, qui réclame la suppression de l'OMC juge ces estimations "totalement fantaisiste", sur son blog sur le site Mediapart.
"Des avancées réelles ont été obtenues en matière d'allègement des procédures de passage aux frontières des marchandises. Elles réduiront à terme de moitié le coût d'une opération de commerce international, ce qui bénéficiera au premier chef aux petites et moyennes entreprises", assure la ministre française du Commerce extérieur, Nicole Bricq.
Pourquoi l'OMC était-elle menacée ?
Au sein de l'organisation, tous les pays, même les plus petits, ont le même poids, les accords doivent être signés à l'unanimité. Pendant longtemps, "cela ne gênait pas les grandes puissances comme l'Europe ou les USA, parce que les petits pays acceptaient peu ou prou de signer les accords", explique notre professeur d'économie, sur le blog Classe Eco. Mais depuis Doha, ces petits pays se sont organisés, et n'acceptent plus n'importe quoi. D'où de nombreux blocages et l'absence d'accord depuis 1995.
Par conséquent, les grands pays se sont détournés de l'OMC, pour signer des accords de libre-échange bilatéraux, au cas par cas. C'est le cas de l'accord de libre-échange transatlantique, discuté entre l'Union européenne et les Etats-Unis depuis des mois, mais toujours pas abouti.
Cet accord est-il important ?
Symboliquement oui. Cette conclusion représente une victoire personnelle pour le nouveau directeur général de l'OMC. Le Brésilien a pris les rênes de l'Organisation en septembre avec l'ambition de réussir là où son prédécesseur, le Français Pascal Lamy avait échoué : faire avancer, même peu, le cycle de Doha. Avant Bali, aucune réunion ministérielle n'avait abouti à une entente globale.
Concrètement, pas tant que ça. Le "paquet de Bali" porte sur tout juste 10% du premier projet évoqué à Doha. "C'est un accord bienvenu mais limité. Nous sommes passés de 'Doha', à 'Doha Light', à 'Doha Light décaféiné'", ironise Simon Evenett, expert de l'OMC à l'Université de St. Gallen, en Suisse. "Aucun progrès sérieux n'a été réalisé sur les subventions agricoles à l'exportation, le commerce électronique ou les subventions concernant les exportateurs de coton", souligne-t-il.
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