Libération des otages israéliens : "J'aspire à une paix qui soit durable", livre le coordinateur national de LFI, Manuel Bompard

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Article rédigé par France 2 - Édité par l'agence 6Medias
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Manuel Bompard, coordinateur national de La France insoumise et député de Marseille, était l'invité des 4 Vérités, lundi 13 août, notamment pour aborder la libération des otages israéliens par le Hamas et la nomination toute fraîche du nouveau gouvernement Lecornu.

Au micro de Gilles Bornstein, le coordinateur national de La France insoumise et député de Marseille, Manuel Bompard, s'est exprimé lundi 13 octobre dans l'émission des "4 Vérités" quant à la libération des sept premiers otages israéliens au moment de son intervention (les 13 autres otages ont depuis également été libérés selon la presse israélienne). Il a également abordé la question du nouveau gouvernement de Sébastien Lecornu, contre lequel La France insoumise entend déposer une motion de censure le jour même.

Ce texte correspond à une partie de la retranscription du reportage ci-dessus. Cliquez sur la vidéo pour la regarder en intégralité.


Gilles Bornstein : Sept otages viennent d'être libérés à Gaza. Est-ce que vous saluez le plan Trump ?

Manuel Bompard : Je salue la libération de ces otages, c'est évidemment un soulagement pour les familles des otages, pour le peuple palestinien et de Gaza en particulier qui attendait aussi un cessez-le-feu depuis des mois et des mois. C'est la première fois, c'est un certain nombre de dispositions qui étaient prévues dans le plan Trump. À La France insoumise, on souhaite et on espère ça depuis des mois de pouvoir avoir ce cessez-le-feu, la libération des otages, et la libération des prisonniers politiques palestiniens.

Ce sont des prisonniers politiques ?

Il y a une libération de prisonniers dont certains sont évidemment des prisonniers politiques. Permettez-moi, si vous le voulez bien, qu'on se satisfasse quand même que les otages puissent rentrer chez eux et que le peuple de Gaza, qui subit depuis des mois des bombardements massifs avec plusieurs dizaines de milliers de personnes qui sont mortes, puisse profiter d'un cessez-le-feu. Je pense que c'est le plus important.

Vous avez qualifié de prisonniers politiques un certain nombre de personnes qui ont été condamnées à perpétuité pour avoir commis des attentats.

Si vous voulez, on pourra discuter des modalités de condamnation de la justice israélienne et des modalités de détention dans les prisons israéliennes, mais franchement, je crois que ce n'est pas le débat de ce matin. J'espère et j'aspire à une perspective qui soit une perspective de paix, qui soit durable. Donc si aujourd'hui il y a une bonne nouvelle, tout le monde doit être extrêmement vigilant pour qu'on puisse dessiner un chemin qui soit un chemin de paix durable, qu'il n'y ait pas le retour de la guerre dans quelques jours ou dans quelques semaines. J'espère donc que les négociations qui vont se poursuivre vont permettre d'aboutir à un plan de paix.

Le désarmement du Hamas, sous certaines réserves

Le Hamas doit-il se désarmer ?

Je pense que le Hamas, d'abord, doit se retirer de la gouvernance, et je crois, si les dernières informations sont bonnes, qu'il semble prêt à le faire. Ensuite, si vous avez un État palestinien, c'est l'État lui-même qui doit disposer de tous les attributs de sa souveraineté, y compris des capacités de se défendre. Donc le Hamas doit se désarmer à partir du moment où l'État palestinien dispose d'une capacité de se défendre. Le Hamas doit se désarmer dans le cadre d'une négociation et d'une discussion. Vous pouvez entendre, Gilles Bernstein, que face à un pays qui est extrêmement militarisé - je parle de l'État israélien - si vous demandez à l'État palestinien de ne pas disposer des moyens de se défendre, il n'y aura pas de perspectives de paix durable.

Ce que j'entends, c'est que vous dites qu'en attendant qu'il y ait un État palestinien, vous ne demandez pas au Hamas de se désarmer ?

Non, je demande à ce que dans les négociations qui vont s'engager, on fasse en sorte que ça soit les autorités palestiniennes constituées, la direction de l'État palestinien, qui disposent de la force et de la capacité de se défendre.

Les engagements de Sébastien Lecornu insuffisants pour éviter le dépôt d'une motion de censure

La France a donc un gouvernement depuis hier soir. On sait désormais depuis quelques instants que la déclaration de politique générale du Premier ministre sera présentée demain. Est-ce qu'une motion de censure est à prévoir dès demain aussi ?

On va la déposer là dans les prochaines minutes. Il faut savoir qu'à partir du moment où vous déposez la motion de censure, il y a 48 heures pour qu'elle soit soumise. Donc l'idée, c'est de la déposer maintenant de telle sorte à ce qu'elle puisse être soumise au vote après la déclaration de politique générale du nouveau Premier ministre. C'est-à-dire, sans doute, demain ou mercredi dans la journée. C'est une motion de censure qui sera codéposée par les insoumis, des députés écologistes, des députés communistes et qui, j'espère, pourra être votée cette semaine pour que le gouvernement puisse chuter.

Quand vous dites des députés écologistes et des députés communistes, ça veut dire que certains d'entre eux, à titre individuel, ont décidé de la signer avec vous, mais qu'à ce stade, les directions des groupes ne vous suivent pas ?

Je crois qu'ils doivent en discuter, donc je ne veux pas me prononcer à leur place. Ce qui se passe, c'est qu'il n'était pas possible de déposer la motion de censure avant que le gouvernement soit constitué. Le gouvernement a été constitué hier soir à 22h, et en même temps, il faut la déposer ce matin, de telle sorte à ce qu'elle puisse être examinée après la discussion de politique générale. Donc les choses se font un peu dans l'urgence. Et pour l'instant, des députés communistes et écologistes ont donné leur accord, et leur nombre augmente à chaque minute, mais là, je n'ai pas regardé mon téléphone.

Est-ce que vous avez le sentiment que la majorité des écologistes et des communistes se joindront à vous pour réclamer la censure du gouvernement ?

Je le crois, et je crois en tout cas que, sur le vote de cette motion de censure, je pense que la quasi-intégralité des députés communistes et écologistes votera la censure.

Olivier Faure a dit hier : "Si le Premier ministre annonce dans sa déclaration de politique générale qu'il suspend la réforme des retraites et qu'il n'y a pas de 49.3, on laisse sa chance à la discussion budgétaire". Pourquoi ne pas faire pareil ? Après tout, si vous obtenez la suspension des retraites, ça ne vous empêcherait pas de censurer au moment de la discussion budgétaire plus tard.

Le Premier ministre a dit qu'il renonçait au 49.3, ce qui veut donc dire qu'il n'y aura pas de possibilité de censure à l'issue de la discussion budgétaire. Or, la question qui nous est posée aujourd'hui, c'est : est-ce que cette suspension de la réforme des retraites, si elle était accordée, est-ce qu'elle justifie de ne pas censurer un budget dans lequel vous avez le doublement des franchises médicales ? Dans cette discussion budgétaire, est-ce que vous pensez que le principe de l'année blanche va être retiré ?

L'année blanche, pour les gens qui nous écoutent, signifie que leur pension de retraite ne serait pas revalorisée l'année prochaine sur la base de l'inflation, signifie également le doublement des franchises médicales, la baisse des remboursements pour les personnes qui sont atteintes de maladies de longue durée. Je considère qu'au nom de la suspension de la réforme des retraites, alors que nous souhaitons l'abrogation, et qu'il y a une majorité de députés pour voter l'abrogation, cela ne justifie pas de ne pas censurer un gouvernement qui s'apprête à mettre les Françaises et les Français à contribution.

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