: Reportage "Les Arabes ne veulent pas vraiment vivre dans la région" : malgré la reconnaissance de l'État palestinien, les projets de colonies israéliennes en Cisjordanie avancent
La France s'apprête à reconnaître l'État de Palestine lundi aux côtés d'une dizaine d'autres autres dirigeants. Mais sur le terrain, Israël compte rendre impossible son existence.
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L'État de Palestine doit être reconnu par la France et une dizaine d'autres pays lors de l'Assemblée générale de l'ONU lundi 22 septembre, mais en parallèle, rien qu'en Cisjordanie, les projets de colonies israéliennes se multiplient. Le Premier ministre Benyamin Nétanyahou a notamment promis de rendre physiquement impossible l'existence d'un État palestinien. Un projet de colonisation prend par exemple forme dans une zone de la Cisjordanie qu'aucun gouvernement israélien n'avait osé occuper depuis 30 ans, de peur de s'attirer les foudres de la communauté internationale.
Cette zone s'appelle E1. Elle se situe à l'est de Jérusalem et son occupation a pour objectif d'entraver encore un peu plus la continuité territoriale d'un État palestinien, de plus en plus théorique. Juché en haut d'une des collines qui entoure la vieille ville de Jérusalem, Alon Cohen-Lifschitz déplie une carte en hébreu. Cet architecte et géographe israélien désigne du doigt un emplacement : "Toute la zone colorée, là, c'est E1".
"Bloquer tous les points de passage pour les Palestiniens"
Le mont Scopus, au nord-est de la ville trois fois sainte, surplombe quasiment toute la zone E1."De là où nous sommes, on voit au loin la Jordanie et une partie de la mer Noire, explique l'architecte. Entre Jérusalem et la mer Morte, vous voyez la colonie de Ma'aleh Adumim." C'est justement entre cette colonie et Jérusalem que doit voir le jour une zone d'habitation.
"L'idée principale, c'est de créer une continuité entre Jérusalem et Ma'aleh Adumim. Le but, c'est de bloquer tous les points de passage pour les Palestiniens entre les deux villes, mais aussi entre le nord et le sud de la Cisjordanie", poursuit Alon Cohen-Lifschitz. De fait, Jérusalem-Est sera complètement isolée de la Cisjordanie. "C'est une conséquence très importante", explique-t-il.
"Vous ne pouvez pas avoir d'État palestinien sans Jérusalem-Est. C'est une décision politique."
Alon Cohen-Lifschitz, architecte et géographeà franceinfo
Les premiers à voir les conséquences de cette décision sont les 50 000 habitants établis au cœur de la zone E1, dans la vallée en contrebas du mont Scopus. 3 400 logements doivent être construits sur 12 kilomètres carrés. 5 000 Palestiniens sont en train de recevoir des ordres d'évacuation, comme les propriétaires des garages à l'entrée de la ville d'al-Eizariya. "Nous avons deux semaines pour partir", lâche Yahya Abu Adi, le propriétaire d'un des établissements.
"Je resterai là et nous reconstruirons"
"Je ne veux pas partir. Qu'ils démolissent mon garage ! Je resterai là et nous reconstruirons, assure le Palestinien. Plus d'une centaine de familles sont, comme nous, concernées par ces ordres d'expulsion. Et pourtant, j'ai des clients juifs israéliens et ça se passe bien entre nous. Ils viennent le week-end faire leurs courses, laver leur voiture parce que c'est moins cher que dans les colonies." Le nettoyage d'une voiture chez Yahya Abu Adi coûte dix euros, soit quatre fois moins cher que dans les colonies environnantes. "On dit que les Israéliens veulent construire une nouvelle route ici, mais il n'y a rien de précis dans l'ordre d'expulsion", dit encore le garagiste.
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À quelques kilomètres de là, sur les hauteurs d'al-Eizariya, Ariel Green Liklou, s'affaire pour un mariage. Ce colon israélien s'est installé là il y a cinq ans, avec son épouse Iska et ses quatre enfants. "Le projet E1, c'est une très bonne idée. D'un point de vue purement sécuritaire, il faut relier les zones habitées par des Juifs et, au contraire, briser la continuité territoriale des régions peuplées d'Arabes. Il ne faut plus qu'il y ait des endroits comme ça autour de Jérusalem. C'est la raison pour laquelle je me suis installé ici", explique-t-il.
Le colon poursuit : "Je ne suis pas engagé en politique, mais ce que je peux dire, c'est que les Arabes ne veulent pas vraiment vivre dans la région. Ce qu'ils cherchent, c'est créer des zones contiguës, sans Juifs, des zones pour organiser des opérations terroristes et qu'il y ait encore plus d'attaques". Et quand on lui demande ce qu'il pense de la reconnaissance de l'État de Palestine, sur les frontières établies en 1967 selon les règles du droit international, il ricane et affirme sans hésitation ne pas avoir connaissance de ces textes.
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