"La mort est plus douce que ce supplice" : on vous raconte le drame vécu par un couple de médecins qui a perdu neuf enfants dans un raid israélien à Gaza
La maison de la famille al-Najjar a été visée par deux tirs de missiles. Neuf enfants ont perdu la vie dans ce bombardement, le père de famille et l'un des fils ont été gravement blessés et sont hospitalisés.
Une famille décimée. La défense civile de la bande de Gaza a annoncé samedi la mort de neuf enfants d'un couple de médecins palestiniens à Khan Younès. Les faits, qui ont depuis fait le tour du monde, se sont produits vendredi 23 mai dans le sud de la bande de Gaza. Selon le récit de CNN, le docteur Hamdi al-Najjar rentrait chez lui après avoir accompagné sa femme, la pédiatre Alaa al-Najjar, au travail à l'hôpital Nasser quand il est "témoin d'un tir de missile sur leur maison, qui n'explose pas. Il se précipite à l'intérieur pour sauver ses enfants, mais [la maison est] touchée par une seconde frappe israélienne". Des frappes menées, selon les proches, sans avertissement.
L'oncle de la fratrie, Ali al-Najjar, accourt sur place. "Je suis arrivé et j'ai trouvé [mon neveu] Adam allongé sur le sol, couvert de sang, raconte-t-il sur la chaîne de télévision Al Araby. Mon frère était au sol, la tête en sang, la main arrachée, enseveli sous les gravats." Et de poursuivre : "J'ai sorti Adam, brûlé, et je l'ai conduit à l'hôpital. Les secouristes ont transporté Hamdi." Il décrit une "maison réduite à l'état de ruine", comme le montrent des images diffusées par France 2. Il explique avoir ensuite tenté de fouiller les décombres à mains nues avec les ambulanciers pour retrouver les autres enfants.
De garde à l'hôpital, la pédiatre Alaa al-Najjar apprend qu'une maison du quartier a été visée par une frappe. "C'est comme si Alaa avait senti. Elle est sortie d'un coup de l'hôpital et s'est mise à courir vers chez elle", raconte le directeur du département de pédiatrie, Ahmed Al-Fara, dans Le Monde. "Alaa est arrivée en courant, il n'y avait pas de véhicule. Quand elle a vu les corps carbonisés, elle s'est mise à crier", décrit Ali al-Najjar. Sur place, la mère fait ses adieux à Yahya, 12 ans, Rakan, 10 ans, Eve, 9 ans, Gubran, 8 ans, Raslan, 7 ans, Rival, 5 ans, Sideen, 3 ans, Luqman, 2 ans, et Sidar, 7 mois, liste Mounir Albourche, directeur du ministère de la Santé gazaoui, administré par le Hamas, sur le réseau social X.
"Alaa est brisée"
Sahar al-Najjar est également présente : "Neuf enfants étaient brûlés, méconnaissables. Le dixième et leur père sont dans un état critique. Je n'ai pas pu reconnaître les enfants dans les linceuls. Leurs traits avaient disparu", confie-t-elle en pleurs à l'AFP. Gravement blessé, Hamdi al-Najjar est hospitalisé avec son fils Adam, 10 ans, en soins intensifs à l'hôpital Nasser. Selon des sources médicales, il a subi de multiples opérations à l'hôpital de campagne jordanien, où les médecins ont dû lui retirer une grande partie du poumon droit. Dix-sept poches de sang lui ont été transfusées. Son fils Adam a été amputé d'une main et souffre de brûlures sur tout le corps.
C'est le chirurgien britannique Graeme Groom, actuellement à l'hôpital Nasser, qui l'a opéré. "Mon dernier patient aujourd'hui était un petit garçon de 11 ans qui paraissait bien plus jeune quand je l'ai soulevé pour l'installer sur la table d'opération", raconte-t-il sur Instagram. "Le petit garçon pourrait survivre, mais nous ne savons rien de son père", a-t-il ajouté auprès de la BBC, précisant n'avoir connaissance d'"aucun lien politique ou militaire" d'Hamdi al-Najjar avec des organisations considérées comme terroristes par Israël.
"C'est une perte immense. Alaa est brisée", confie Mohammed, un proche de la famille. Mais Ali al-Najjar redoute désormais le réveil de son frère. "Je ne sais pas comment lui dire. Dois-je lui annoncer que ses enfants sont morts ? Je les ai enterrés dans deux tombes." "Il n'y a pas d'endroit sûr à Gaza, souffle-t-il. La mort est plus douce que ce supplice."
De son côté, l'armée israélienne a précisé à l'AFP qu'un de ses aéronefs avait "frappé plusieurs individus soupçonnés d'opérer depuis une structure" se trouvant à proximité de ses soldats dans cette zone. "L'affirmation concernant les dommages causés à des civils non impliqués est en cours d'examen", a-t-elle ajouté.
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