L'ex-Premier ministre britannique Boris Johnson accusé d'avoir profité d'aides de l'Etat et de son ancienne fonction pour s'enrichir

L'affaire est révélée par le quotidien britannique "The Guardian", qui a mis la main sur 1 820 fichiers, dont des e-mails, des lettres, des factures, des discours ou encore des contrats commerciaux.

Article rédigé par franceinfo
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L'ancien Premier ministre britannique Boris Johnson à Londres (Royaume-Uni), le 11 novembre 2024. (JEMAL COUNTESS / GETTY IMAGES NORTH AMERICA / AFP)
L'ancien Premier ministre britannique Boris Johnson à Londres (Royaume-Uni), le 11 novembre 2024. (JEMAL COUNTESS / GETTY IMAGES NORTH AMERICA / AFP)

L'ex-Premier ministre britannique Boris Johnson se retrouve embourbé dans une nouvelle affaire. Celui qui a quitté Downing Street en septembre 2022 est accusé d'avoir profité d'aides publiques et des contacts noués pendant qu'il était en poste pour "faciliter" son enrichissement et faire du lobbying. C'est ce qu'a révélé le quotidien britannique The Guardian, lundi 8 septembre, dans les "Boris Johnson Files".

Le journal relate avoir mis la main sur "environ 2 Go de données, soit 1 820 fichiers. Des e-mails, des lettres, des factures, des feuilles de calcul, des discours et des contrats commerciaux". "La plupart sont postérieurs à septembre 2022, date à laquelle Johnson a quitté ses fonctions, mais certains fichiers couvrent l'intégralité de son mandat à Downing Street", précise le quotidien. Il explique en avoir eu connaissance via Distributed Denial of Secrets, "une organisation à but non lucratif enregistrée aux Etats-Unis qui archive les documents divulgués et piratés".

Environ 6 millions d'euros pour 34 conférences

Les fichiers "mettent en lumière le fonctionnement interne d'une entreprise subventionnée par l'Etat que Johnson a créée après avoir quitté son siège de Premier ministre", écrit le Guardian. En effet, lorsqu'ils partent du 10 Downing Street, les chefs de gouvernement britanniques peuvent bénéficier d'une enveloppe annuelle pouvant s'élever jusqu'à 115 000 livres sterling (soit un peu plus de 132 000 euros) pour financer leur cabinet. Cette subvention, connue sous le nom d'allocation pour frais de fonction publique, sert à soutenir les fonctions publiques d'un ancien Premier ministre. "Elle n'est pas destinée à être utilisée pour des activités privées ou commerciales", rappelle le Guardian.

Pourtant, d'après les documents qui ont fuité, le cabinet de Boris Johnson a joué un rôle important "dans la gestion de ses activités commerciales. Celles-ci incluent des contrats avec le [tabloïd britannique] Daily Mail et [le média] GB News". Mais aussi des conférences internationales généreusement rémunérées. Selon les fichiers, Boris Johnson a touché environ 5,1 millions de livres sterling (5,8 millions d'euros) pour 34 discours entre octobre 2022 et mai 2024 (soit en moyenne 170 000 euros par conférence).

Il est courant pour d'anciens dirigeants britanniques d'embrasser des carrières de conférenciers internationaux. Mais cette fuite de documents pose des questions sur une possible "confusion des frontières", soulève le Guardian.

Lobbying international

Outre ces conférences, les documents montrent que Boris Johnson "a fait pression sur un haut responsable saoudien qu'il avait rencontré pendant son mandat". Il lui a demandé de "présenter une offre" au prince Mohammed ben Salmane "pour une entreprise qu'il copréside".

Boris Johnson a également reçu plus de 200 000 livres sterling (230 000 euros) d'un fonds spéculatif "après avoir rencontré le président vénézuélien Nicolas Maduro". Un versement qui contredit les déclarations officielles selon lesquelles il n'a pas été rémunéré. Sollicité par le Guardian, l'ancien Premier ministre n'a pas répondu, mais il se retrouve sous pression pour répondre aux interrogations soulevées.

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