: Reportage "Ils ont insisté pour connaître l'adresse exacte du lieu où j'allais" : aux Etats-Unis, le parcours désormais semé d'embûches des étudiants étrangers
Les conséquences de la politique de Donald Trump visant à réduire drastiquement l'attribution de visas aux étudiants étrangers se font déjà ressentir. Les inscriptions sont en baisse et les regards se tournent vers l'Asie.
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Les Etats-Unis ne veulent plus accueillir à bras ouverts les étudiants étrangers. Depuis plusieurs mois, les visas sont révoqués au moindre prétexte et l'examen des demandes est devenu extrêmement pointilleux. Le gouvernement américain, qui cherche notamment à annuler la certification de Harvard pour l'accueil d'étudiants internationaux, a promis fin août de nouvelles restrictions. Résultat : l'attractivité du pays diminue.
À Atlanta, Daniyal est arrivé d'Inde pour un doctorat en génie chimique. Il en a pour six ans au total, mais la future réglementation pourrait limiter son visa étudiant à quatre ans maximum. "Changer les règles, je trouve ça triste. C'était un rêve, pour moi, de venir. Ça m'a demandé beaucoup de travail, c'était dur. Je suis reconnaissant d'avoir eu cette opportunité et si les Etats-Unis veulent de moi, je serais fier de travailler ici", confie-t-il.
Impact financier et éducatif
Mais désormais la règle est connue : "America First !" Les révocations de visas étudiants se multiplient, au prétexte d'une infraction routière commise deux ans plus tôt ou d'une participation à une manifestation pro palestinienne. Faire une première demande est aussi plus compliqué, les rendez-vous se raréfient et l'interrogatoire est plus poussé... Julie, une Française venue comme jeune fille au pair à Atlanta, en a fait l'expérience. "Ils ont insisté pour connaître l'adresse exacte du lieu où j'allais, combien de temps... Ils m'ont demandé si j'avais déjà fait partie d'un groupe terroriste et m'ont aussi demandé de mettre mes réseaux sociaux en 'public' pour qu'ils puissent vérifier tout ce dont ils avaient besoin", témoigne-t-elle. Lola, elle, a fait sa demande avant l'instauration des nouvelles procédures. Une expérience beaucoup moins stressante : "Ils m'ont posé trois questions, ça a duré trente secondes".
Les inscriptions sont donc en baisse, jusqu'à 30% dans certains établissements, avec un gros impact financier car les étrangers paient des frais de scolarité bien plus élevés que les Américains. Mais la conséquence n'est pas seulement financière. "Nous avons des étudiants africains, coréens, hispanophones... Cette ouverture, ça fait aussi partie de l'enseignement de nos étudiants locaux. La montée du nationalisme dans ce pays passe à côté d'un aspect essentiel de l'éducation. Ce serait une perte majeure de ne plus entendre ces voix différentes", soutient Ed Philips, qui enseigne la théologie à l'université Emory.
Perte d'influence
Cela fait aussi courir le risque d'une perte d'influence, assure Peter Swire, professeur de droit à Georgia Tech. "Pendant de nombreuses années, l'ouverture des universités américaines était considérée comme du 'soft power'.
"Parmi les dirigeants mondiaux en poste aujourd'hui, plus de 70 ont fait des études supérieures aux États-Unis. Ça aussi, ça aide à construire des alliances diplomatiques."
Peter Swireà franceinfo
"Si nous arrêtons de former les meilleurs, les États-Unis seront l'objet de moins de sympathie dans les décennies à venir. C'est un sujet de préoccupation", plaide l'enseignant. En attendant, Singapour et Hong Kong font déjà les yeux doux aux étudiants devenus indésirables aux Etats-Unis, redessinant peu à peu la carte mondiale de l'enseignement supérieur.
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