On vous résume l'escalade entre Donald Trump et Nicolas Maduro, le président du Venezuela, qui accuse les Etats-Unis de préparer un "changement de régime"
Tendues depuis le premier mandat du républicain à la Maison Blanche, les relations se sont envenimées en août. Washington promet notamment une prime pour l'arrestation du président vénézuélien, qu'elle accuse de diriger un cartel.
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Une surenchère verbale et militaire. Entre les Etats-Unis de Donald Trump et le Venezuela de Nicolas Maduro, la tension ne cesse de croître. Jeudi, le Vénézuélien a assuré qu'il n'y avait "aucune chance" que les Américains parviennent à envahir son pays, agitant le spectre d'une attaque des Etats-Unis. Si Washington n'a jamais menacé de renverser un président qu'elle considère "illégitime", l'administration de Donald Trump a rehaussé à 50 millions de dollars la récompense promise pour toute aide à l'arrestation de Nicolas Maduro, qu'elle accuse d'être impliqué dans le trafic de drogue. Et elle a déployé des navires non loin des côtes vénézuéliennes, au nom de cette même lutte contre le narcotrafic, tandis que le président vénézuélien annonçait mobiliser 4,5 millions de miliciens.
Derniers mouvements en date : des journalistes de l'AFP ont vu, vendredi 29 août, un croiseur lance-missiles américain, l'USS Lake Erie, entrer dans le canal de Panama en direction des Caraïbes, où le déploiement militaire américain provoque la colère du Venezuela. Franceinfo vous remonte le fil de ces tensions et vous explique pourquoi les deux pays sont aujourd'hui à couteaux tirés.
Acte 1 : Donald Trump sanctionne le Venezuela lors de son premier mandat, et plombe son économie
Au pouvoir depuis 2013, Nicolas Maduro dénonce depuis longtemps une ingérence des Etats-Unis dans les affaires vénézuéliennes. De lourdes sanctions américaines ont été infligées à l'économie du pays, durant le premier mandat de Donald Trump, contre ce chef d'Etat allié de la Chine et de la Russie. Un embargo interdit ainsi à toute entreprise américaine d'acheter du pétrole vénézuélien. "Dès 2019, le président américain a infligé des sanctions économiques au Venezuela, notamment sur le pétrole produit par le pays, ce qui a eu des conséquences désastreuses", explique à franceinfo Thomas Posado, chercheur à l'université de Rouen Normandie. Or, l'or noir représentait alors 96% du revenu national, et trois quarts des recettes pétrolières provenaient de clients américains. "Le PIB du pays a reculé de 80% entre 2014 et 2020, et la moitié de ce recul provient des sanctions états-uniennes", poursuit l'auteur de Venezuela : de la révolution à l'effondrement.
En 2020, Donald Trump et son administration inculpent Nicolas Maduro pour narcoterrorisme. Ils accusent le président vénézuélien d'être lié au Cartel de los Soles (cartel des Soleils), présenté comme une organisation criminelle de généraux vénézuéliens accusée d'avoir envoyé des centaines de tonnes de drogues aux Etats-Unis. "Le nom fait référence aux épaulettes ornées de soleil des militaires du Venezuela, mais nous n'avons actuellement aucune preuve de l'existence de cette organisation", nuance Thomas Posado, qui estime que "cette accusation est très largement politique, pour s'attaquer à un gouvernement hostile aux Etats-Unis".
L'annonce de l'inculpation du président vénézuélien était accompagnée de la promesse d'une prime de 15 millions de dollars en échange de toute information permettant de l'arrêter. Une prime plusieurs fois rehaussée depuis, et portée à 50 millions de dollars le 7 août dernier par l'administration de Donald Trump. "C'est la prime la plus importante de notre histoire, et le DOUBLE du montant offert pour Oussama Ben Laden", a écrit sur X le numéro deux de la diplomatie américaine, Christopher Landau. Nicolas Maduro nie de son côté tout lien avec le trafic de drogue, bien que deux neveux de son épouse aient été condamnés à New York pour trafic de cocaïne.
Acte 2 : Washington juge la réélection de Nicolas Maduro en 2024 "illégitime"
Le 10 janvier dernier, Nicolas Maduro était investi une nouvelle fois comme président du Venezuela, dix jours avant Donald Trump aux Etats-Unis. L'occasion pour l'administration de Joe Biden, de dénoncer une nouvelle fois le caractère "illégitime" de la réélection du président vénézuélien pour un troisième mandat de six ans, en juillet 2024, alors que l'opposition avait revendiqué la victoire. L'ancien chauffeur de bus et disciple de Hugo Chavez, au pouvoir depuis la mort de ce dernier en 2013, est accusé de longue date de se maintenir grâce à la force et à des fraudes électorales. En 2019, déjà, les Etats-Unis de Donald Trump avaient reconnu un opposant, Juan Guaido, comme président légitime du Venezuela.
Lors de la dernière présidentielle, "les institutions gouvernementales liées à Nicolas Maduro ont proclamé une victoire à 52% du président, sans fournir les résultats officiels, alors que le rapport de force était nettement en faveur de l'opposition, explique Thomas Posado. C'est le résultat d'une dérive autoritaire dans le pays". Pour cette raison, la prime contre Nicolas Maduro avait été relevée à 25 millions de dollars en début d'année. "Il y a deux camps qui s'opposent au sein du gouvernement américain : un camp marqué par la diplomatie, et un autre marqué qui souhaite faire jouer les rapports de force, estime Thomas Posado. Mais ils ont un objectif commun : faire plier Nicolas Maduro, lutter contre l'influence chinoise en Amérique latine, mais aussi permettre le renvoi de migrants vénézuéliens aux Etats-Unis dans le pays."
Acte 3 : les Etats-Unis envoient des navires dans les Caraïbes, Nicolas Maduro mobilise des milices
Le 18 août, Nicolas Maduro a assuré avoir activé "un plan spécial" pour préparer de "4,5 millions de miliciens" – un chiffre contesté par les experts – à défendre le territoire national. Il a dénoncé une tentative de "changement de régime, d'attaque terroriste militaire", et assuré que ses milices étaient "préparées, activées et armées". Une réponse manifeste à la hausse de la prime américaine pour son arrestation, mais aussi à l'annonce par le chef de la diplomatie des Etats-Unis, Marco Rubio, du déploiement de forces navales et aériennes américaines dans les Caraïbes pour une opération antidrogue.
Depuis, les Etats-Unis et le Venezuela rivalisent de réponses militaires. Interrogée par la presse sur un éventuel déploiement de troupes américaines au Venezuela, la porte-parole de la Maison Blanche a affirmé le lendemain que Donald Trump recourrait à "tous les moyens" pour "empêcher les drogues d'inonder" les Etats-Unis. Depuis le 21 août, Donald Trump a dépêché plusieurs navires de guerre au large du Venezuela, des destroyers lance-missile, au motif de lutter contre le narcotrafic international. Un croiseur les a encore rejoints vendredi, après avoir traversé le canal de Panama.
"Ce qu'ils menacent d'essayer de faire contre le Venezuela est immoral, criminel et illégal", a lancé de son côté Nicolas Maduro à l'Assemblée nationale vénézuélienne, le 24 août. Le lendemain, lundi, Caracas a annoncé la mobilisation de 15 000 membres de ses forces de sécurité à la frontière avec la Colombie, au nom, là-aussi, de la lutte antidrogue. Mardi, le ministre des Armées vénézuélien a déclaré envoyer des "patrouilles navales dans le golfe du Venezuela et des navires de plus grand tonnage plus au nord dans nos eaux territoriales", ainsi qu'"un déploiement important de drones avec différentes missions".
En point d'orgue de cette montée des tensions, Nicolas Maduro a prononcé un discours devant les forces armées, jeudi. "Il n'y a aucune chance qu'ils puissent entrer au Venezuela", a-t-il clamé au sujet des Américains, affirmant que son pays était préparé à défendre "la paix, la souveraineté et l'intégrité territoriale." S'il agite la menace d'un débarquement américain, dénonçant une tentative de "changement de régime", les Etats-Unis n'ont jamais menacé publiquement d'envahir le pays. "En mobilisant la population contre la menace des Etats-Unis, Nicolas Maduro peut à nouveau se présenter comme un défenseur de la souveraineté du Venezuela", observe Thomas Posado. Et se servir de cet épisode pour redorer son image auprès de sa population.
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