François Bayrou dénonce un "dumping fiscal" en Italie, Giorgia Meloni parle d'accusations "stupéfiantes et totalement infondées"

La Première ministre italienne répond en mettant en avant une économie "stable et attractive". La pique de François Bayrou a en tout cas relancé les tensions entre les deux pays.

Article rédigé par franceinfo
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Le Premier ministre, François Bayrou, le 31 août 2025, à Paris. (ALAIN JOCARD / AFP)
Le Premier ministre, François Bayrou, le 31 août 2025, à Paris. (ALAIN JOCARD / AFP)

Il a suffi de quelques mots de François Bayrou pour refroidir à nouveau les relations entre les gouvernements français et italien, en dents de scie depuis trois ans. Lors de son interview de dimanche 30 septembre, le Premier ministre français a accusé l'Italie de mener un "dumping fiscal", ce qui n'a pas du tout plu à la Première ministre italienne Giorgia Meloni.

La petite phrase de François Bayrou, prononcée au milieu des relances des journalistes lors de son interview de dimanche, a fait la une de la presse en Italie. Il est alors question de la taxation des plus grandes fortunes en France, dont ne veut pas le Premier ministre estimant qu'elles risquent de partir à l'étranger. Notamment en Italie, "où on applique une politique de dumping fiscal".

François Bayrou fait alors référence à deux dispositifs. D'une part un abattement de 50% du revenu imposable, pendant cinq ans, pour les travailleurs hautement qualifiés qui s'installent en Italie. Et d'autre part un "forfait fiscal" de 200 000 euros, calculé en fonction de la composition de la famille. Contre cette somme, les personnes sont exonérées de tout autre impôt.

Selon le journal La Stampa lundi matin, le nombre de millionnaires a augmenté de 20% en Italie ces dix dernières années, mais le journal signale que cela n'est pas lié à un régime fiscal pour les classes moyennes ou les retraités y est plus avantageux, peut-on lire. À Rome, la remarque française a été d'autant plus mal vécue que l'Italie rattrape sa voisine sur toute une série d'indicateurs, du PIB par tête au taux d'emprunt sur les marchés. "Les affirmations du Premier Ministre sont stupéfiantes et totalement infondées", écrit Giorgia Meloni qui habituellement laisse glisser les polémiques sans réagir. "L'économie italienne, ajoute-t-elle, est attractive grâce à la stabilité et l'attractivité de notre pays."

Des tensions récurrentes depuis trois ans

Le dernier incident date à peine de quelques jours. L'Élysée a fait savoir sa lassitude face aux attaques répétées contre Emmanuel Macron du vice-Premier ministre Matteo Salvini, un proche de Marine Le Pen. L'ambassadrice italienne a d'ailleurs été convoquée.

Cela avait en fait commencé dès 2022 et l'élection de Giorgia Meloni, issue du post-fascisme : "Nous serons vigilants sur le plan des valeurs", avait dit la ministre des Affaires européennes. Le principal différend du moment porte sur l'envoi de troupes européennes pour garantir une éventuelle paix en Ukraine, la France pousse ce projet, l'Italie est résolument contre. Giorgia Meloni devrait suivre à distance la prochaine coalition des volontaires. France et Italie restent des partenaires majeurs à tous les plans, mais politiquement, il y a régulièrement des bas.

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