"Le 10 septembre, je n'irai pas travailler" : à Beauvais, l’exaspération des habitants après la conférence de presse de François Bayrou

Le Premier ministre va solliciter un vote de confiance le 8 septembre, mettant en jeu son gouvernement. Malgré cette annonce, de nombreux internautes continuent à vouloir bloquer le pays le 10 septembre prochain.

Article rédigé par franceinfo
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Illustration du message "Indignons nous, Bloquons tout", relayé sur les réseaux sociaux. (LP/OLIVIER ARANDEL / MAXPPP)
Illustration du message "Indignons nous, Bloquons tout", relayé sur les réseaux sociaux. (LP/OLIVIER ARANDEL / MAXPPP)

François Bayrou peut-il encore rester à Matignon ? Le Premier ministre a refusé de renoncer à son plan de 44 milliards d'économies, par crainte des 3 300 milliards de dette de la France. Il a également convoqué un vote de confiance devant le Parlement, le 8 septembre, qui va devoir choisir s'il quitte son poste ou s'il reste. Le Rassemblement national, la France insoumise, Les Ecologistes et le Parti socialiste ont déjà annoncé qu’ils voteront pour le faire tomber.

Cette défiance se retrouve aussi chez de nombreux citoyens rencontrés par franceinfo. "Il faut qu'il s'en aille, il faut qu'il dégage", lâche Yvette, sur le parking d'un hypermarché de Beauvais. La septuagénaire, gardienne d'immeuble, montre son petit sac de courses rempli, explique-t-elle, de "prix antigaspi". "Parfois, c'est dégueulasse, mais tant pis. S'ils gèlent les retraites, je ne sais pas comment on va faire", se désole-t-elle. Au-delà d'un éventuel gel des pensions de retraites, François Bayrou prévoit notamment de supprimer l’abattement fiscal de 10% pour les retraités qui paient l’impôt sur le revenu.

Pour elle, ce ne sont pas aux citoyens de désendetter le pays. "Nous, on est dans la merde. On a quoi comme avantage ?, s'interroge Yvette. Notre retraite ? Mais on a travaillé plus de 40 ans pour l'avoir. 1 200 euros par mois... Et j'ai eu quatre enfants !".

"J'en ai fait toute ma vie, des efforts… Là, c'est bon, je n'en fais plus."

Yvette, gardienne d'immeuble et retraitée

à franceinfo

Alors qu'ils rangent des courses dans leur voiture, Franck, agent de sécurité, et sa femme Virgile discutent déjà de l'après-Bayrou. Le couple débat : "Il faut tout bloquer", dit-elle, faisant allusion au mouvement "Bloquons tout", qui a pris de l'ampleur sur les réseaux sociaux cet été et appelle à paralyser le pays le 10 septembre. "Non, pour moi, il ne faut pas tout bloquer, rétorque son époux. Il faut nommer un nouveau Premier ministre qui a un vrai projet."

"Si on fait ça, c'est toujours la même chose", réagit sa femme. "Le 10, je n'irai pas travailler. Je bloque tout. On ne peut pas continuer à vivre comme ça", conclut-elle. Pour son mari, le désordre n'amène jamais rien de bon. Mais la mère de famille, infirmière en formation, a pris sa décision : elle fera grève le 10 septembre, que François Bayrou soit encore Premier ministre ou non.

"On travaille comme des fous"

Son caddie en main devant son SUV, Véronique attend justement la date fatidique du 8 septembre. "Mais qu'il dégage ! Qu'il saute ! On travaille comme des fous", s'agace la fonctionnaire. Elle reprend notamment l'expression "C'est Nicolas qui paie", qui incarne la lassitude de contribuables ayant l'impression de devoir payer toujours plus.

En plus de proposer la suppression de deux jours fériés, le Premier ministre a annoncé des mesures d'austérité pour la fonction publique. Les fonctionnaires voient le gel de leur traitement indiciel et la suppression de 3 000 postes dès 2026. Il est aussi prévu de ne pas remplacer un agent sur trois qui part à la retraite à partir de 2027. "On gagne très bien notre vie, reconnaît Véronique. Mais on ne peut plus. Pourquoi moi, je devrais travailler deux jours supplémentaires ?". Elle résume : "Je paye des impôts depuis je ne sais pas combien de temps. Je n'ai jamais rien reçu de personne".

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