Crise politique : "Il faut acter que le gouvernement soit dirigé par un homme qui ne soit pas proche d’Emmanuel Macron ", affirme Bruno Retailleau

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Article rédigé par France 2 - L. Salamé. Édité par l'agence 6Medias
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Invité du "20 Heures" de France 2, lundi 7 octobre, Bruno Retailleau, ministre démissionnaire de l’Intérieur et président du groupe Les Républicains, est revenu sur la chute du gouvernement et a évoqué les conditions dans lesquelles il pourrait envisager de revenir dans un futur exécutif, ainsi que sa vision pour la France face aux choix politiques d’Emmanuel Macron et de la majorité.

Ce texte correspond à une partie de la retranscription de l'interview ci-dessus. Cliquez sur la vidéo pour la regarder dans son intégralité.


Léa Salamé : La phrase choc de la journée a été prononcée par Édouard Philippe. Il appelle à une présidentielle anticipée et affirme qu’Emmanuel Macron doit quitter ses fonctions. Partagez-vous cette position ?

Bruno Retailleau : Je suis gaulliste. Je respecte les institutions de la Ve République. La décision de démissionner appartient uniquement au président de la République lui-même. À titre d’exemple, après le référendum raté de 1969, Charles de Gaulle avait choisi de démissionner, mais personne ne l’avait réclamé. Aujourd’hui, on entend Jean-Luc Mélenchon demander la destitution du président. Ici, il s’agit d’Édouard Philippe qui appelle à la démission d’Emmanuel Macron. C’est une situation différente.

Étiez-vous surpris par cette demande de démission ?

Écoutez, je n’ai jamais été macroniste et je n’ai donc pas à lâcher le président de la République. Je ne l’ai jamais été et je ne le serai jamais. Je me suis engagé dans un gouvernement, avec d’autres, pour la France, et non pour soutenir un président en particulier. Cette décision de démission relève exclusivement d’Emmanuel Macron. Évidemment, lorsqu’il y a blocage, il revient au peuple de se prononcer. Mais c’est, encore une fois, sa décision.

Lors de votre rendez-vous à Matignon, vers 17 heures, vous avez rencontré Sébastien Lecornu. Que lui avez-vous dit ? Éprouviez-vous des regrets concernant la chute du gouvernement ?

Absolument pas. Il s’agissait d’un entretien privé, je ne révélerai donc pas les échanges exacts. Nous avons simplement échangé des explications, dans un cadre civilisé, car nous nous connaissons.

Quelles conditions devraient être réunies pour que vous acceptiez de revenir dans un gouvernement ?

Certainement pas si ce gouvernement était dirigé par un homme de gauche. Certainement pas non plus si ce gouvernement était dirigé par un macroniste. Dès l’annonce du gouvernement dimanche soir, il m’est apparu clairement que, malgré la défaite des macronistes aux législatives anticipées après la dissolution, le gouvernement restait entièrement centré sur une base macroniste.

Pourtant, vous avez accepté de faire partie d’un gouvernement dirigé par un macroniste pendant un an.

La situation était différente à l’époque. Michel Barnier, puis François Bayrou, étaient aux côtés de ministres LR et de sensibilités diverses.

Et Sébastien Lecornu, à qui vous aviez dit oui avant de changer d’avis…

Je n’ai pas changé d’avis. Le problème était que je me retrouvais face à un gouvernement recroquevillé autour d’une base macroniste, malgré la défaite électorale de ce camp après la dissolution. Le respect de la volonté du peuple me paraît essentiel.

Vous avez critiqué la présence de Bruno Le Maire dans ce gouvernement, affirmant : "Je l’ai appris à la télévision." Il a répondu aujourd’hui, dans une interview à Brut, qu’il en avait assez du "délit de sale gueule" et qu’il avait tenté de vous joindre dimanche soir sans succès.

Je n’ai pas vu son appel dimanche soir. Cela n’a rien de personnel. Je trouvais simplement problématique d’aborder le budget dans ces conditions. On ne m’avait rien communiqué, alors que je suis une force essentielle associée au gouvernement. De plus, Bruno Le Maire partage une responsabilité sur la dette de 1 000 milliards d’euros. Demander aux Français des efforts supplémentaires dans ce contexte me paraissait envoyer un mauvais signal. Il s’agit d’un symbole politique, rien de plus.

Ce soir, vous affirmez ne pas revenir dans un gouvernement dirigé par un macroniste ou par un homme de gauche. Comment pourrait-on alors envisager votre retour ?

On peut toujours discuter, mais la première condition est que le gouvernement soit dirigé par quelqu’un qui ne soit pas proche d’Emmanuel Macron.

C’est-à-dire un homme de droite, éventuellement vous-même ?

Je ne suis pas candidat, mais de nombreuses personnalités pourraient convenir. Ensuite, un gouvernement dirigé par un homme ou une femme de gauche affaiblirait la France. Leur projet implique davantage de dépenses, plus de fiscalité, plus d’immigration et moins de sécurité. Cela n’est pas envisageable.

Tout le monde parle de rupture. Quelle serait votre rupture à vous ?

Ma rupture, c’est une révolution du bon sens, avec des idées simples. Par exemple, que le travail soit mieux rémunéré que l’assistanat ; que l’immigration ne soit plus présentée comme une chance ; que la justice punisse et non excuse ; que les auteurs d’agressions violentes contre des policiers, gendarmes ou sapeurs-pompiers soient systématiquement incarcérés. Ma rupture, c’est une France fière d’elle-même, de son histoire et de son avenir, confiante dans son génie.

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Parmi Nos Sources : 

Ministre démissionnaire de l'Intérieur.

Liste non exhaustive

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