L'ancienne Première ministre Elisabeth Borne favorable à une "suspension" de la réforme des retraites, la gauche salue un "signal positif"

La dirigeante de la CGT, Sophie Binet, y voit une "volte-face" de l'ex-cheffe du gouvernement, pour qui "il faut savoir écouter et bouger".

Article rédigé par franceinfo avec AFP
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La ministre de l'Education nationale démissionnaire, Elisabeth Borne, à Paris, le 27 août 2025. (ARTHUR N. ORCHARD / HANS LUCAS / AFP)
La ministre de l'Education nationale démissionnaire, Elisabeth Borne, à Paris, le 27 août 2025. (ARTHUR N. ORCHARD / HANS LUCAS / AFP)

La ministre de l'Education nationale démissionnaire, Elisabeth Borne, s'est pour la première fois déclarée favorable, mardi 7 octobre, à une "suspension" de la très impopulaire réforme des retraites qu'elle avait fait adopter en 2023 lorsqu'elle était Première ministre, dans une interview au Parisien. "Si c'est la condition de la stabilité du pays, on doit examiner les modalités et les conséquences concrètes d'une suspension jusqu'au débat qui devra se tenir lors de la prochaine élection présidentielle", a-t-elle déclaré.

"Dans le contexte actuel, pour avancer, il faut savoir écouter et bouger", a-t-elle ajouté, en préconisant ce geste en direction de la gauche. "Je pense qu'on ne doit pas faire de cette réforme des retraites un totem", a-t-elle ajouté à propos de cette réforme qui porte progressivement de 62 à 64 ans l'âge légal de départ à la retraite, et qui avait provoqué des manifestations massives.

D'après les informations de franceinfo, la sortie d'Elisabeth Borne dans Le Parisien n'a été coordonnée ni avec l'Elysée ni avec Matignon, alors que d'"ultimes négociations" sont menées par Sébastien Lecornu jusqu'à mercredi soir.

Matignon a déjà demandé une étude d'impact à Bercy 

Selon les informations du Parisien, confirmées par une source proche du dossier à franceinfo, Sébastien Lecornu a demandé fin septembre aux services du ministère de l'Economie, à Bercy, d’étudier l'impact du contre-budget socialiste présenté le 30 août à Blois (Loir-et-Cher), dont la suspension de la réforme des retraites. L'entourage du Premier ministre confirme par ailleurs à franceinfo que Sébastien Lecornu a présenté un "état des lieux de toutes les discussions" aux partis politiques à Matignon.

"C'est un réveil tardif, mais c'est un réveil positif", a tout de suite réagi sur France 2 le patron du PS Olivier Faure, qui doit être reçu mercredi matin à Matignon. "Mais ce que je souhaite, c'est que nous puissions maintenant porter des débats à l'Assemblée", a-t-il ajouté. "Il y a un chemin pour obtenir la suspension" de la réforme des retraites, s'est également réjoui le coprésident de Place publique, Raphaël Glucksmann, évoquant des "bougés" après la réunion avec Sébastien Lecornu, qui a "ouvert la porte".

Les syndicats ont aussi salué cette prise de parole d'une cadre du camp présidentiel. "La volte-face est un aveu : la réforme des retraites est un échec", a réagi Sophie Binet, secrétaire générale de la CGT, à l'AFP. "Elle démontre que ce point peut être dépassé et permettre en bonne partie l'adoption d'un budget. C'est un signal positif", a estimé Marylise Léon, secrétaire générale de la CFDT, dans une déclaration écrite envoyée à l'AFP. Elle suggère une "voie de passage possible pour suspendre la réforme des retraites". "Le principe est simple : le curseur de décalage de l'âge ne bouge plus jusqu'à la prochaine élection présidentielle", défend-elle.

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