Technicien, bourreau de travail, "grand serviteur de l'État"… Qui est Laurent Nuñez, le nouveau ministre de l'intérieur, de retour à Beauvau ?
Sébastien Lecornu a choisi un profil expérimenté pour le poste de ministre de l'Intérieur. À 61 ans, l'ex- préfet de police de Paris, Laurent Nuñez, revient place Beauvau, pour occuper un portefeuille où il devra concilier fermeté et dialogue.
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Avec le départ annoncé de Bruno Retailleau, il fallait un nouveau ministre de l'Intérieur. Le choix de Sébastien Lecornu s'est porté sur Laurent Nuñez, 61 ans, le préfet de police de Paris. Un haut fonctionnaire, mais qui connaît très bien les rouages politiques. "J'ai conscience des attentes fortes" des Français "et je me consacrerai totalement à cette tâche", a-t-il promis sur X dimanche 12 octobre, dans la soirée, après l'annonce du gouvernement.
Laurent Nuñez est un profil qu'on pourrait qualifier de "mixte". Il s'agit d'un technicien connaisseur des dossiers, mais aussi un haut fonctionnaire et un préfet passé par des postes sensibles, comme directeur général de la sécurité intérieure ou, donc, préfet de police de Paris. Des postes qui nécessitent aussi un savoir-faire politique et être en contact avec les élus. Par exemple, il n'était pas rare, pendant les manifestations contre la loi retraites il y a deux ans, qu'il s'entretienne en direct avec des députés de La France insoumise.
Un homme de dialogue mais ferme
Il a l'image, donc, d'un homme de dialogue et affable. Ce qui n'empêche pas la fermeté comme dans la gestion du maintien de l'ordre. "À la moindre dégradation, on va au contact, on disperse, on interpelle", expliquait Laurent Nuñez il y a trois mois, devant la commission des lois de l'Assemblée, quelques jours après les débordements qui avaient suivi le titre du PSG en ligue des champions.
Ses détracteurs - il y en a tout de même -, lui reprochent d’avoir cautionné une utilisation jugée "excessive" de la force. Laurent Nuñez est souvent dans un rôle souvent de funambule, en soutien des forces de l'ordre. Il tient sans toucher par exemple aux Brav-M, ces policiers à moto souvent décriés, et en gérant les crises comme les émeutes après la mort du jeune Nahel, tué par un policier à Nanterre.
Une nomination "rassurante" pour les syndicats
La place Beauvau, Laurent Nuñez la connaît très bien pour y être passé comme secrétaire d'Etat, entre 2018 et 2020, en pleine crise des gilets jaunes. En quittant la préfecture de police, il va donc s'éloigner de l'opérationnel. "Chacun son boulot", expliquait Laurent Nuñez il y a trois mois toujours devant la commission des lois : "Comme vous le savez j'ai un passé, j'ai été secrétaire d'État, je ne suis jamais allé à la salle de la préfecture de police. Je laisse les opérationnels faire. Le job du ministre, ce n'est pas d'être en salle de commandement."
Ce bourreau de travail "sera là où on aura le plus besoin de lui", assure un proche dépeignant un "grand serviteur de l'État". "Dans cette période instable, sa nomination est rassurante et incarne le pragmatisme", a réagi auprès de l'AFP Linda Kebbab, secrétaire nationale d'Un1té (FO), saluant sa "bonne maîtrise des dossiers techniques, autant RH qu'opérationnel". "C'est un gage de stabilité, il connaît les dossiers en cours, c'est une bonne chose car les attentes sont fortes et il aura peu de répit", a estimé Yohan Maras, du syndicat Alliance Police nationale. "Espérons qu'il reste plus d'une semaine !"
De nombreux sujets sur la table
Après la gestion des Jeux olympiques et les situations de crises - comme les émeutes qui ont suivi la mort du jeune Nahel à Nanterre - Laurent Nuñez va retrouver à la place Beauvau d'autres dossiers comme la lutte contre le narcotrafic, la menace terroriste, toujours élevée, ou le manque de moyens pour la filière investigations dénoncé cette semaine par des syndicats. "Les contacts sont déjà pris", explique sur franceinfo Jean-Christophe Couvy, secrétaire national du syndicat de police Un1té. Cependant, il pointe une priorité : "Le premier sujet, c'est l'investigation. On avait demandé un plan à Bruno Retailleau, qui depuis le mois de mai devait être annoncé. Aujourd'hui, les services d'investigations ont explosé. Ils sont en lambeaux."
Laurent Nuñez quitte donc le poste de préfet de police et prend le risque de n'être ministre que quelques jours. "On lui confie une mission, il sera là où on aura le plus besoin de lui", assure un proche dépeignant un "grand serviteur de l’Etat". Quand un collaborateur regrette son départ de la préfecture "si ça doit durer deux semaines". "Je pense qu'il s'interdit de dire non", conclut ce proche.
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