Reportage "Beaucoup d'émotion et une fierté" : les confidences du graveur du caveau de Robert Badinter au Panthéon

Robert Badinter, l'artisan de l'abolition de la peine de mort, entre jeudi soir au Panthéon, vingt mois après son décès, lors d'une cérémonie solennelle présidée par Emmanuel Macron.

Article rédigé par Louise Buyens
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2min
Victor Bert chargé de la gravure du nom de Robert Badinter sur son caveau au Panthéon. (LOUISE BUYENS / FRANCEINFO / RADIO FRANCE)
Victor Bert chargé de la gravure du nom de Robert Badinter sur son caveau au Panthéon. (LOUISE BUYENS / FRANCEINFO / RADIO FRANCE)

Un peu moins de deux ans après sa mort, Robert Badinter fait son entrée au Panthéon, jeudi 9 octobre, à 18h30. Ancien ministre de la Justice puis président du Conseil constitutionnel, il a marqué l'Histoire de la France à plus d'un titre, notamment pour avoir aboli la peine de mort et mis fin au délit d'homosexualité. franceinfo a assisté à la gravure du nom de Robert Badinter ainsi que ses années de naissance et de mort (1928 - 2024) sur le mur du Panthéon. Une étape clé et très solennelle.

Ses outils à la main, Victor Bert travaille minutieusement, avec une technique ancestrale : "La gravure sur pierre, il y a des méthodes qui n'ont pas bougé depuis 2 000 ans, voire plus. C'est avec des ciseaux forgés en acier et une petite massette."

Il creuse, une à une, les lettres du nom "Robert Badinter" sur un mur du caveau dans lequel va reposer l'ancien ministre de la Justice.

Victor Bert finalise la gravure de la plaque de Robert Badinter au Panthéon, début octobre 2025. (LOUISE BUYENS / FRANCEINFO / RADIO FRANCE)
Victor Bert finalise la gravure de la plaque de Robert Badinter au Panthéon, début octobre 2025. (LOUISE BUYENS / FRANCEINFO / RADIO FRANCE)

"C'est le nom qui est écrit pour l'Histoire"

Nous sommes dans la crypte du Panthéon, c'est dans ce cadre feutré et avec solennité que le graveur de 33 ans accomplit sa tâche : "Il y a beaucoup d'émotion et une fierté aussi. Mais surtout un honneur de pouvoir travailler au Panthéon et d'inscrire le nom de ces personnalités qui ont marqué notre pays. Il n'y a pas d'égal. Le lieu, le son que produisent le ciseau et la massette dans cette crypte, je ne le retrouve nulle part ailleurs." Pourtant, Victor Bert commence à être habitué. Ce n'est pas la première fois qu'il grave les murs du Panthéon.

"J'ai gravé les noms de Simone et Antoine Veil, Joséphine Baker, Maurice Genevoix et le couple Manouchian."

Victor Bert

à franceinfo

Cette gravure, loin d'être un détail, est essentielle au processus de panthéonisation, estime Barbara Wolffer, l'administratrice du Panthéon : "C'est le nom qui est écrit pour l'Histoire." Si Robert Badinter va rejoindre ce caveau spécifiquement, ce n'est pas un hasard, explique-t-elle : "On est ici devant le caveau où repose l'Abbé Grégoire, Monge, Condorcet... Des hommes qui ont eu une importance au moment de la Révolution, dans les combats pour l'émancipation notamment."

"Robert Badinter a aussi un lien très étroit avec Condorcet puisqu'il lui a consacré un ouvrage, avec son épouse Elisabeth Badinter, et il a été celui qui a contribué à faire panthéoniser Condorcet en 1989", poursuit Barbara Wolffer. Des hommes dont les combats font écho à ceux menés par Robert Badinter. De l'abolition de la peine de mort à la dépénalisation de l'homosexualité, les moments forts de sa vie seront tous retracés dans une exposition au Panthéon. Elle sera accessible au public à partir de samedi 11 octobre.

Commentaires

Connectez-vous ou créez votre espace franceinfo pour commenter.