Passoires thermiques : à Angoulême, des logements insalubres transformés en logements classés A en six jours

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Posté sur son échafaudage, truelle à la main, Kevin Amédée n'est pas un ouvrier comme les autres. Dans la vie, il est contrôleur qualité. S'il est en train de faire des joints en chaud, c'est parce qu'il fait partie des nouveaux propriétaires d'une maison de ville à Angoulême (Charente), entièrement à rénover. Il a investi 50 000 euros pour rejoindre le groupement d'acheteurs à l'origine du projet, avec un engagement supplémentaire : donner de son temps bénévolement aux côtés de vrais artisans.

"On est amenés aussi à toucher à la plomberie, à l'électricité, au placo. Il y a du concret. Ce n'est pas juste acheter de la pierre-papier, comme on dit également", explique l'investisseur de "Investir Ensemble". Comme lui, ils sont 225 à avoir investi dans cette foncière immobilière, une structure qui rachète des biens à rénover pour les mettre en location. Les loyers servent à multiplier les investissements immobiliers. Au bout de 10 ans, une partie des revenus est ensuite redistribuée sous forme de dividendes.

Un défi de taille

Mais pour être rentable le plus rapidement et faire des économies, il faut gagner du temps. Alors, ces acheteurs se sont lancé un défi : rassembler une centaine d'investisseurs et d'artisans pour transformer un immeuble délabré en logement comme neufs en moins d'une semaine. Au total, 14 logements entièrement équipés doivent être rénovés en moins de six jours. Pour y parvenir, toutes les astuces sont bonnes, comme avec des blocs de salles de bains normalement conçus pour les bateaux.

La technique permet d'économiser plusieurs jours de travaux. Le chantier peut avancer à un rythme effréné. "On va venir faire simultanément tout ce qu'on peut se permettre de faire simultanément. Donc là, on a des salles de bains qui sont déjà posées, il y a des peintures qui sont en train de se faire, il y a plusieurs corps de métiers qui travaillent en même temps ; après, ça demande une bonne logistique pour ne pas se marcher dessus", explique Divya Muzumdar, responsable RSE de la foncière immobilière.

"C'est un gros challenge, on ne va pas donner l'idée à nos clients de faire ça tout le temps. C'est très prenant, en termes d'organisation, en termes de mental, mais c'est quelque chose de marrant", ajoute Sébastien Hauteur, le chef de chantier.

Une dimension écologique

Mais ce projet n'est pas qu'un placement financier, c'est aussi un chantier écologique. Double vitrage, peinture recyclée ou encore matériaux biosourcés, chaque détail compte. Pour l'isolation, par exemple, c'est un mélange naturel qui remplace la laine de verre, jugée trop polluante. "Ce sont des fibres de chanvre, de lin et de coton. Il faut savoir qu'une rénovation, c'est 4 à 5 fois moins polluant qu'une construction neuve. Avec ce type de matière, on arrive à réduire l'impact d'une rénovation encore de moitié", détaille Divya Muzumdar.

Grâce aux chantiers, en six jours à peine, voici cette passoire thermique classée G, transformée en studio comme neuf classé A, bientôt loué à des étudiants. Un moyen d'ajouter de la valeur écologique à la revente pour cette ancienne ruine, mais aussi de lutter contre le réchauffement climatique. Le secteur de la construction représente à lui seul 23 % des émissions françaises de gaz à effet de serre.