"Pour que deux États coexistent, encore faut-il que les deux États existent", lance Bernard Guetta, eurodéputé Renew à propos de la Palestine et d’Israël

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Article rédigé par franceinfo - Édité par l'agence 6Medias
France Télévisions

Bernard Guetta, géopolitologue et eurodéputé Renew, était l’invité de "Tout est politique" sur Franceinfo, lundi 22 septembre. Il est notamment revenu sur la reconnaissance de l’État palestinien.

Ce texte correspond à une partie de la retranscription de l'interview ci-dessus. Cliquez sur la vidéo pour la regarder en intégralité.

France Télévisions : Emmanuel Macron a changé d'avis sur le sujet, on avait quand même compris que pour lui, il fallait d'abord obtenir un certain nombre de garanties, notamment la reconnaissance réciproque par les pays arabes de l'État d'Israël. Finalement, il n'a pas réussi à obtenir ça et il décide de reconnaître maintenant l'État de Palestine. Comment vous expliquez cette évolution et pourquoi c'est la bonne chose à faire ?

Bernard Guetta : Emmanuel Macron a évolué, mais pas sur les trois derniers jours et encore moins sur les trois dernières minutes. Emmanuel Macron a évolué fondamentalement depuis un peu plus d'un an. Pour ma part, je me souviens très bien que pendant la campagne des élections européennes, j'étais numéro 2 sur la liste de l'ex-majorité présidentielle, et j'avais pris position très clairement pour la reconnaissance d'un État palestinien, et à l'époque, à peu près de tous les côtés dans la majorité présidentielle, j'avais été démenti.

France Télévisions : Alors pourquoi a-t-il évolué ?

Bernard Guetta : Il a évolué parce que tout homme intelligent est capable d'une évolution en regardant la situation. La situation, elle est la suivante : de tous les côtés, dans tous les pays du monde, on revient à l'idée de la solution à deux États. Il y a eu des années de stupéfaction en raison de l'échec des accords d'Oslo et de tout le processus de paix. Presque chacun s'est dit "c'est fichu", donc on abandonne la solution à deux États. [...] On se rend compte qu'au-delà du massacre du 7 octobre, qu'au-delà des crimes de guerre incessants commis à Gaza par le gouvernement de Nétanyahou, au-delà de tout cela, au-delà de l'instant, de l'horreur et de la confusion, il n'y a qu'une évidence. Et l'évidence, elle est qu'on ne sortira pas d'un siècle de guerre sans la coexistence de deux États. Or, pour que deux États coexistent, encore faut-il que les deux États existent. Autrement, il n'y a pas de coexistence.

France Télévisions : Tout ça, tout le monde l'a toujours dit. Là, la question, c'est pourquoi maintenant sans mettre un ou deux petits préalables, notamment les otages ?

Bernard Guetta : Qui détient les otages ? Le Hamas, pas l'Autorité palestinienne.

France Télévisions : C'est quoi l'Autorité palestinienne ?

Bernard Guetta : On peut en dire mille choses. Elle est faible, elle est souvent corrompue, elle est beaucoup de choses. Mais elle n'est pas le Hamas, ce n'est pas une organisation terroriste, mais c'est une autorité reconnue internationalement et qui a reconnu l'existence, et c'est fondamental, de l'État d'Israël. Quand on dit, "il faut que le Hamas ait libéré les otages", mais on ne parle pas de reconnaître le Hamas, on parle de reconnaître un État palestinien, certainement pas le Hamas.

France Télévisions : Quand le Hamas se félicite de l'attitude d'Emmanuel Macron, quand Benyamin Nétanyahou dit, "il a sa récompense". Les gens poussent des hurlements et puis deux ans après, ils ont fait bouger les choses.

Bernard Guetta : Mais non, ce n'est pas eux qui ont fait bouger les choses. C'est le drame que vit ce pays et les deux peuples qui composent ce pays, ce qu'on appelait autrefois la Terre Sainte. Je me demande bien pourquoi, quand on regarde ce qui se passe aujourd'hui. C'est très simple. Aujourd'hui, il faut en sortir. Comment est-ce qu'on en sort ? La réponse, elle est très simple. Par la coexistence de deux États. Comment est-ce qu'on arrive à la coexistence de deux États ? Je vous le dis tout de suite, ce n'est pas demain matin, ce sera très compliqué. Mais il y a un moment où les mots comptent en politique. On va arriver à près de 160 États des Nations unies qui reconnaissent un État palestinien. Et ça signifie une chose, c'est qu'il y a tout à négocier entre ces deux États : les frontières, rien que ça, l'étendue des territoires, les conditions de sécurité, les relations économiques, l'éventuel retour de réfugiés palestiniens...

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