Vidéo Aide médicale à mourir : "Pour ces personnes, pouvoir partir délicatement, en paix, c'est une délivrance", témoigne un médecin québécois

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Article rédigé par France 2
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Si la France peine à légiférer sur la fin de vie, d'autres pays ont déjà légalisé certaines formes d'aide à mourir. A Montréal, au Québec, où elle est considérée comme un soin et administrée par un médecin, "Envoyé spécial" a suivi un praticien qui partage son expérience.

Il a commencé sa carrière par des accouchements et la termine en aidant des patients à mourir. Depuis 2019, le Dr Michel Breton, généraliste à la retraite, accompagne vers la mort les patients de la banlieue Nord de Montréal.

Au Québec, on ne parle ni d’euthanasie ni de suicide assisté. L’aide médicale à mourir (autorisée ici depuis 2015) est considérée comme un soin et administrée par des médecins volontaires. Avoir recours à l’aide à mourir est devenu presque banal dans la Belle Province, et même les croyants la réclament. 7% des personnes décédées l’année dernière au Québec sont morts avec l'aide médicale à mourir.

Un dispositif strictement encadré

Parmi les patients qui reçoivent l’aide à mourir, une majorité de personnes âgées de plus de 70 ans et atteintes de cancers en phase terminale. Pour que leur soit accordée l'aide médicale à mourir, le médecin remplit un formulaire destiné à évaluer leur situation médicale. Un patient ne peut être éligible à ce dispositif, strictement encadré, que s'il répond à certains critères : être atteint d'une maladie grave et incurable, et voir son état de santé se dégrader de façon irréversible. Plus subjectives, la douleur et la souffrance psychologique, qu'il faut savoir "accepter et respecter", sont aussi prises en compte. Enfin, il faut que l'avis du médecin soit confirmé par un confrère.

Ces critères, Odette Morency, qui a tenu à témoigner jusqu'au bout dans '"Envoyé spécial", les remplissait tous. Dans cet extrait, voici donc le point de vue de celui qui lui a injecté, à la date qu'elle avait choisie, les produits létaux. "C'est clair, reconnaît Michel Breton, qu'il y a une démarche intellectuelle et viscérale à faire pour dire 'Je vais mettre un terme à l'existence d'une personne'." Cette responsabilité n'est-elle pas trop lourde à porter ?

"La décision, ce n'est pas moi qui la prends, c'est le patient. Je réponds à sa demande expresse, et je m'assure que c'est bien sa volonté."

Dr Michel Breton

A "Envoyé spécial"

Si lui-même n'a jamais hésité à répondre à ces demandes, c'est parce que, confie-t-il, en six années d'exercice en soins palliatifs, il lui est arrivé plus d'une fois de ressentir que le patient aurait aimé qu’on le libère plus tôt de ses souffrances. "Pour ces personnes, pouvoir partir délicatement, doucement, en paix, c'est une délivrance. Etre celui qui leur permet la délivrance, je ne trouve pas ça honteux", continue-t-il.

Cette semaine-là, le docteur va fournir à quatre patients l'aide à mourir qu'ils ont sollicitée. L'un d'eux, dont il prend des nouvelles par téléphone, se dit pressé d'en finir. "J'ai de plus en plus mal, souffle-t-il, j'ai hâte d'être disparu, je te le promets." Michel Breton le rassure : il sera là "sans faute" le lendemain à 10 heures pour le soin attendu.

Extrait de "Le choix d'Odette", un reportage réalisé par Anaïs Bard, Juliette Jonas, Marion Gualandi, Baptiste Blanc et Benoît Sauvage, à voir dans "Envoyé spécial" le 30 janvier 2025.

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