Au Japon, une carte interactive permet de trouver un logement loin des nuisances sonores liées aux enfants

Au Japon, certains adultes ont de plus en plus de mal à supporter le bruit des enfants des autres. Des procédures judiciaires intentées contre des crèches se multiplient, et des habitants animent au quotidien une sorte de Google Maps des enfants bruyants.

Article rédigé par Yann Rousseau
Radio France
Publié
Temps de lecture : 2min
Enfants de maternelle et enseignants traversant la route à Tokyo. Photo d'illustration. (DUKAS / UNIVERSAL IMAGES GROUP EDITORIAL / GETTY)
Enfants de maternelle et enseignants traversant la route à Tokyo. Photo d'illustration. (DUKAS / UNIVERSAL IMAGES GROUP EDITORIAL / GETTY)

La Cour suprême japonaise vient de se prononcer sur une énième plainte d’habitants qui ne supportent plus les bruits des enfants jouant dans la cour de leur garderie. Cette fois-ci, cela concernait une crèche basée dans la ville de Nagoya.

Le processus est toujours le même, les résidents attaquent directement en justice l’opérateur du jardin d’enfants, que soit une collectivité ou une entreprise privée. Ils expliquent que les cris ou les rires des enfants sont une nuisance sonore et qu’ils tombent donc sous le coup de la loi. Ils réclament des aménagements des bâtiments, la fin des sorties dans la cour ou même des dédommagements.

Pour l’instant, les tribunaux japonais ont plutôt tendance à ne pas leur donner raison. Dans l’affaire de Nagoya, la Cour suprême a rejeté définitivement la plainte des habitants. Les juges reconnaissent que les crèches font du bruit mais qu’elles font aussi des efforts pour limiter les désagréments. Et qu’il ne s’agit donc pas d’une pollution sonore intolérable.

Un seuil de tolérance au bruit des enfants qui s’effondre

Pourtant, s'il y a de plus en plus de plaintes contre ces cris d’enfants, le Japon a de moins en moins de bébés. Le pays de 125 millions d’habitants fait maintenant à peine 680 000 enfants par an. C’est presque le même nombre que la France avec 68 millions d’habitants. Sur tous les foyers fiscaux du Japon, seulement 18% vivent aujourd’hui avec un enfant de moins de 18 ans. Automatiquement, le seuil de tolérance par rapport au bruit des enfants s’effondre. Il existe même maintenant une carte interactive pour les gens qui cherchent un nouveau logement. Cette carte liste rue par rue, les bruits faits par les enfants.

Cette sorte de Google Map des cris d’enfants est animée par des volontaires. Ils l’actualisent toutes les semaines avec les tapages qu’ils repèrent dans leur quartier. C’est gratuit et vous pouvez zoomer sur le quartier où vous aimeriez emménager. Là, vous voyez des points verts et jaunes avec les récents cris d’enfants. Par exemple, la carte signale ici des adolescents qui font du skate le soir, là, d’autres qui jouent au badminton tous les samedis après-midi. Il y avait même une alerte sur deux petits faisant des bulles de savon en riant bruyamment. La carte s’appelle d’ailleurs en japonais la "Dorozoku Map", ce qui veut dire, si on traduit, la "Carte des tribus de rue".

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