Aux États-Unis, le succès d'ICEBlock, l'application signalant la présence d’agents chargés d’arrêter les sans-papiers

Cette application, qui revendique un million d'utilisateurs, a été retirée de l’App Store après des pressions du gouvernement américain. Son créateur accuse Apple de céder à un pouvoir autoritaire.

Article rédigé par Loïc Pialat
Radio France
Publié
Temps de lecture : 3min
Des agents fédéraux arrêtent un homme alors qu'il sort du tribunal de l'immigration après une audience à New York, le 23 juillet 2025. (MICHAEL M. SANTIAGO / GETTY IMAGES NORTH AMERICA)
Des agents fédéraux arrêtent un homme alors qu'il sort du tribunal de l'immigration après une audience à New York, le 23 juillet 2025. (MICHAEL M. SANTIAGO / GETTY IMAGES NORTH AMERICA)

ICEBlock, comme son nom l’indique, cherche à bloquer ICE, l’agence fédérale chargée d’arrêter et d’expulser les sans-papiers. Cette application est, en ce mois d'octobre, très populaire aux États-Unis, alors que les raids contre les sans-papiers continuent de diviser le pays. Elle permet de signaler — anonymement — la présence d’agents dans un rayon d’environ huit kilomètres. Un peu comme Waze, l’application routière, qui avertit les utilisateurs si la police se trouve sur leur trajet.

L’application, lancée en avril 2025, fonctionne dans une quinzaine de langues. Son créateur, Joshua Aaron, est juif, et il explique que ce qu’il voit dans son pays lui rappelle l’Allemagne nazie. Il dit avoir voulu donner aux gens l’opportunité de riposter. L’application revendique un million d’utilisateurs avec ce slogan : "See something, tap something" — "Si vous voyez quelque chose, tapotez quelque chose" — une référence à la formule bien connue "See something, say something",  "Si vous voyez quelque chose, dites quelque chose", affichée dans les transports en commun.

La colère de l'administration américaine

L'administration Trump ne l'entend pas ainsi. En juin, Pam Bondi, la ministre de la Justice, s’est plainte auprès d’Apple de l’existence de cette application. Elle a également menacé Joshua Aaron, lui conseillant de "faire attention". Cet été, Kristi Noem, la ministre de la Sécurité intérieure, qui supervise les expulsions, a suggéré d’attaquer en justice CNN pour avoir fait un sujet sur ICE Block et contribué à sa popularité. Pour les autorités, le site mettrait en danger les agents de l’ICE, d’autant qu’une attaque a récemment visé un centre de détention des sans-papiers au Texas. Apple a donc retiré l’application de son App Store la semaine dernière, invoquant "le risque qu’elle représentait", selon l’entreprise.

Apple a donc suivi les consignes du gouvernement, ce que lui reproche Joshua Aaron, qui accuse la firme d’avoir "capitulé face à un régime autoritaire". Il insiste sur le fait que son application n’incite pas à la violence et se limite à un système d’alerte. Sur Twitter, un ancien membre du ministère de la Justice a fait remarquer que si Apple décide de ce à quoi les Américains ont accès sur leur iPhone, un gouvernement sans foi ni loi peut en profiter pour s’en prendre à la liberté d’expression.

Au-delà du cas ICEBlock, Tim Cook, le PDG d’Apple, est critiqué depuis plusieurs mois — comme d’autres grands patrons de la Tech — pour ce qui est perçu comme une volonté un peu trop marquée de satisfaire Donald Trump. Il lui a notamment offert une plaque dorée devant les médias, en août 2025, dans le Bureau ovale. Le Washington Post souligne toutefois les limites d’ICE Block : de nombreux signalements sur l’application se révèlent faux ou inexacts.

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