En Corée du Sud, insulter un avatar revient à insulter un humain
Des juges sud-coréens ont reconnu que des insultes visant les avatars du groupe virtuel Plave constituaient une atteinte à leurs véritables créateurs.
/2025/09/22/plave-68d0e49b88f50991175741.jpg)
Est-ce qu’un personnage virtuel a droit aux mêmes protections légales qu’un vrai humain ? C’est la grande question, presque philosophique, que des magistrats ont dû se poser en Corée du Sud, relate jeudi 18 septembre The Korea Times. Ils devaient trancher dans un procès opposant un fan pas très délicat aux concepteurs d’un groupe de K-Pop numérique. Finalement, l’humain a perdu.
Cette affaire a passionné les médias sud-coréens. Tout commence à l’été 2024. Sur les réseaux sociaux suivis par les fans de K-Pop, un internaute s’était un peu lâché dans ses commentaires sur le boys band Plave, un groupe virtuel lancé en 2023. Ce groupe enchaîne les succès avec des vidéos qui ont déjà accumulé un demi-milliard de vues sur YouTube et donne des concerts partout en Asie. Sur les écrans, Plave, ce sont cinq beaux jeunes hommes, très élancés, aux traits fins, avec des cheveux blonds, bruns, bleus ou roses, mais en coulisse, c’est une équipe de production anonyme. On ne connaît pas les véritables artistes – cinq hommes dont on ignore tout, même leurs visages. On ne connaît que leurs pseudonymes.
Blessés par les insultes visant leurs avatars
Les fans ne voient donc que leurs avatars qui chantent et dansent. Leurs actions et leurs expressions faciales sont en fait basées sur l’activité des vrais artistes, qui, quelque part dans une salle secrète, portent des combinaisons de capture de mouvement. Comme dans les films, ils sourient, font des grimaces, bougent… et des moteurs graphiques très puissants animent en direct leurs avatars sur les écrans. C’est justement cela dont se moquait l’internaute indélicat.
Sur les réseaux sociaux, il s’était même permis d’insulter les personnages de Plave en expliquant que leurs concepteurs se cachaient derrière des images parce qu’ils étaient probablement hideux dans la réalité. Le groupe a porté plainte, même si on ne connaît pas non plus l’identité précise des plaignants. Tout juste connaît-on leur nombre. Ils sont cinq, et leurs avocats ont expliqué devant la cour qu’ils avaient été blessés par les insultes visant leurs avatars. Ils ont ajouté que, s’ils avaient choisi de n’exister qu’à travers des personnages virtuels, c’était précisément pour se protéger de la véhémence qui s’abat souvent sur les stars humaines de la K-Pop.
La justice leur a donné raison. Un tribunal de la province de Gyeonggi a condamné l’internaute à payer 100 000 wons à chacun des plaignants, soit un total de 310 euros. Les juges ont expliqué qu’un avatar est la représentation virtuelle d’un humain réel, et que des attaques contre un avatar constituent donc une attaque contre une véritable victime. Les avocats de Plave ont salué cette décision, mais ils viennent de faire appel, estimant que la sanction n’était pas assez sévère. Ils demandent désormais que l’internaute agressif paye au moins 20 000 euros de dommages et intérêts.
À regarder
-
Ces agriculteurs américains qui paient au prix fort la politique de Trump
-
ChatGPT, nouveau supermarché ?
-
Quel était le système de sécurité au Louvre ?
-
La Cour des comptes révèle les failles de sécurité du musée du Louvre
-
Cambriolage du Louvre : ces autres musées volés
-
Cambriolage au Louvre : l'émotion et la colère de Stéphane Bern
-
Promeneurs, joggeurs : la peur des chiens
-
Vol des bijoux au Louvre : sept minutes pour un casse spectaculaire
-
Au cœur de la traque des migrants
-
Mouvement "No Kings" aux États-Unis : sept millions d'Américains sont descendus dans les rues contre Donald Trump
-
Allocations familiales : vers un coup de rabot ?
-
Un braquage a eu lieu au Louvre dimanche matin à l'ouverture
-
Avions : quand des batteries prennent feu
-
Affaire Epstein : le prince Andrew renonce à son titre royal
-
Grandir à tout prix
-
Cédric Jubillar : 30 ans de prison pour meurtre
-
Mal de dos : comment le soigner
-
Faire des têtes au foot, c'est stylé, mais...
-
En Chine, le plus haut pont du monde est devenu une attraction touristique
-
Quand t’es collé en forêt
-
À Marseille, la Bonne Mère retrouve sa couronne
-
Meurtre de Lola : ce qu’il s’est passé
-
Chili : un miracle dans le désert
-
Faux diplômes : tricher pour se faire embaucher
-
Vignes : des algues pour remplacer les pesticides
-
Du Maroc au Népal, en passant par Madagascar, la génération Z structure ses luttes sur Discord
-
À Londres, le café c'est dans les toilettes
-
De la propagande russe dans nos infos locales
-
Ordures ménagères : une taxe toujours plus chère
-
Temu, Shein... ça va coûter plus cher ?
Commentaires
Connectez-vous ou créez votre espace franceinfo pour commenter.
Déjà un compte ? Se connecter