L'obligation de loyauté vis-à-vis de l'employeur : où commence-t-elle, où s'arrête-t-elle ?
Peut-on licencier un manager sportif qui fait l'éloge de la salle de sport concurrente sur les réseaux sociaux ? La réponse n'est pas simple.
/2025/09/04/gettyimages-2225203975-68b96c3f6c848739206416.jpg)
Les faits remontent à 2020. Un manager sportif, embauché 4 ans plus tôt dans une salle de sport Fitness Park, à Evreux, en Normandie, est licencié pour faute grave. Son employeur lui reproche d'avoir été déloyal à son égard.
Le salarié conteste, et saisit le conseil des prud'hommes. À la barre du tribunal, l'employeur explique que pendant son jour de repos, le salarié s'est rendu dans une salle de sport concurrente, il a diffusé sa séance d'entraînement sur son compte Instagram et, cerise sur le gâteau, il a ajouté des commentaires forts élogieux sur la qualité du matériel mis à disposition.
Pour la direction, cela justifie la faute grave, et la fin du contrat, sans préavis ni indemnité. Les prud'hommes coupent la poire en deux. Le licenciement pour faute grave est déqualifié en cause réelle et sérieuse
L'employeur s'obstine et saisit la cour d'appel de Rouen
Deux ans plus tard, la cour d'appel donne raison à l'employeur. Elle requalifie le licenciement en faute grave. Elle relève que sur la story Instagram, le manager sportif comme le logo de la salle concurrente étaient parfaitement reconnaissables et cela a provoqué des dommages collatéraux pour l'employeur.
Des clients de Fitness Park ont visionné la vidéo et ont résilié leur abonnement. Par son comportement, le salarié a gravement manqué à son obligation de loyauté. Mais ce dernier ne se laisse pas démonter. Il saisit la plus haute juridiction, la Cour de cassation.
La Cour de cassation siffle la fin de partie
"Et là, c'est l'ascenseur émotionnel juridique" estime David Guillouet, associé chez Voltaire Avocats. En février dernier, la Cour de cassation déboute l'employeur et donne raison au salarié. Elle pose le principe qu'un salarié qui fait du sport, sur son temps libre, dans une salle concurrente, et qui diffuse des images de son entraînement sur un réseau social, cela relève de la vie personnelle. Il n'y a donc pas de manquement à l'obligation de loyauté, résume l'avocat.
Cet arrêt vient renforcer un peu plus l'abondante jurisprudence sur la frontière entre la vie privée et la vie professionnelle. Il pose néanmoins la question des limites. Que peut dire un salarié sur les réseaux sociaux quand il affiche son appartenance à son entreprise ? Quelle est sa responsabilité ? Les débats sont loin d'être terminés.
À regarder
-
Vol des bijoux au Louvre : sept minutes pour un casse spectaculaire
-
Au cœur de la traque des migrants
-
Mouvement "No Kings" aux États-Unis : sept millions d'Américains sont descendus dans les rues contre Donald Trump
-
Allocations familiales : vers un coup de rabot ?
-
Un braquage a eu lieu au Louvre dimanche matin à l'ouverture
-
Avions : quand des batteries prennent feu
-
Affaire Epstein : le prince Andrew renonce à son titre royal
-
Grandir à tout prix
-
Cédric Jubillar : 30 ans de prison pour meurtre
-
Mal de dos : comment le soigner
-
Faire des têtes au foot, c'est stylé, mais...
-
En Chine, le plus haut pont du monde est devenu une attraction touristique
-
Quand t’es collé en forêt
-
À Marseille, la Bonne Mère retrouve sa couronne
-
Meurtre de Lola : ce qu’il s’est passé
-
Chili : un miracle dans le désert
-
Faux diplômes : tricher pour se faire embaucher
-
Vignes : des algues pour remplacer les pesticides
-
Du Maroc au Népal, en passant par Madagascar, la génération Z structure ses luttes sur Discord
-
À Londres, le café c'est dans les toilettes
-
De la propagande russe dans nos infos locales
-
Ordures ménagères : une taxe toujours plus chère
-
Temu, Shein... ça va coûter plus cher ?
-
C'est très compliqué dès qu'on parle de la France
-
Départ anticipé d’E. Macron : “La seule décision digne qui permet d’éviter 18 mois de crise”
-
Donald Trump : le Venezuela dans sa ligne de mire
-
Hommage à Samuel Paty : des minutes de silence "inutiles" pour sa sœur.
-
Avion low cost : payer pour incliner son siège
-
Otages français en Iran : l'appel de détresse de leurs familles
-
Cédric Jubillar : ses défenseurs passent à l'attaque
Commentaires
Connectez-vous ou créez votre espace franceinfo pour commenter.
Déjà un compte ? Se connecter