Le rétropédalage sur les programmes diversité et inclusion aux États-Unis peut-il déclencher un effet domino en France ?

De grands groupes américains suppriment ou réduisent leur programme lié à la diversité et l’inclusion. Avant de parler des réactions en France, définissons la diversité et l’inclusion.

Article rédigé par Sarah Lemoine
Radio France
Publié
Temps de lecture : 3min
L'inclusion dans une entreprise se traduit par le fait de recruter une diversité de profils et de faire en sorte que chacun se sente à sa place, épanoui, et performant. (JEAN-FRANÇOIS OTTONELLO / MAXPPP)
L'inclusion dans une entreprise se traduit par le fait de recruter une diversité de profils et de faire en sorte que chacun se sente à sa place, épanoui, et performant. (JEAN-FRANÇOIS OTTONELLO / MAXPPP)

"La diversité, c’est être invité à la fête. L’inclusion, c’est être invité à danser" selon la définition de la militante américaine Verna Myers. Dans l’entreprise, cela se traduit par le fait de recruter une diversité de profils qui existent dans la société et de les inclure, pour que chacun se sente à sa place, épanoui, et performant. Cela passe par une politique affichée, des objectifs et des programmes destinés à lutter contre toutes les formes de discriminations liées au sexe, l’origine, l’âge, l’orientation sexuelle ou le handicap, entre autres.

Or, aux États-Unis où ces programmes sont généralisés, des groupes comme Amazon, McDonald's, ou Meta (la maison mère de Facebook, Instagram et Whatsapp) ont allégé ou mis fin à leur programme diversité et inclusion, sous la pression de conservateurs américains et du président Donald Trump. Ces revirements se sont accélérés ces dernières semaines.

10% des entreprises françaises ont signé la charte de la diversité 

En France, des collectifs qui défendent la diversité et l’inclusion dans les entreprises observent ce mouvement avec beaucoup d’attention et un peu d’inquiétude. Si presque tous les grands groupes ont intégré ces politiques dans leurs ressources humaines, seules 54% des entreprises ont embrassé le sujet, et 10 % seulement ont signé la charte de la diversité lancée il y a 20 ans.

"Il va falloir éviter l’effet domino" affirme Delphine Pouponneau, codirectrice de l’Association française des managers de la diversité (AFMD), qui se dit "atterrée" par le rétropédalage en cours aux États-Unis. "Certains, qui sont agacés par ces politiques, vont en profiter pour dire qu’elles sont excessives" anticipe Benoit Serre, vice-président de l’Association nationale des DRH (ANDRH).

Vigilance face au contexte américain

La France pourrait-elle connaître un retour de bâton comme aux États-Unis ? Le président du cabinet de recrutement Mozaik RH, Saïd Hammouche, n’y croit pas : "Ce qui se passe aux États-Unis résulte de la multiplication des politiques de discrimination positive mises en place dans les années 1960 pour lutter contre la ségrégation raciale. Ces mesures étaient nécessaires, elles ont porté leurs fruits."

Mais elles ne sont plus acceptées par certains. "La France, républicaine et universaliste, aborde le sujet différemment, estime Madja Vincent, DRH chez Sodexo. Pour autant, le contexte américain impose une grande vigilance, ici comme ailleurs, car les entreprises ont encore du chemin à faire en matière de diversité et d’inclusion. Trop de personnes restent discriminées en fonction de leur origine sociale, géographique ou de leur sexe".

Hasard du calendrier, le groupe Sodexo initie la semaine prochaine le mouvement Elan pour la diversité, avec des entreprises, des grandes écoles et des associations. Il s'agit de lever les tabous, réfléchir aux bonnes pratiques, les partager, lancer des actions concrètes sans stigmatiser les uns par rapport aux autres.

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