Volodymyr Zelensky (4/5) : de comédien à président
Président dans une série télé avant de devenir président "pour de vrai", Volodymyr Zelensky a brouillé les pistes. Quand la réalité dépasse la fiction.
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"Ça fait longtemps qu’on me demande si j’y vais ou pas. Je vais vous faire une promesse. Chers Ukrainiens, je vous promets de me présenter à la présidence de l’Ukraine". Le 31 décembre 2018, il fait son coming out à sa manière, en cassant les codes : Volodymyr Zelensky annonce sa candidature en direct dans l’émission qu’il anime à la télé pour le nouvel an. Même sa femme ne savait pas !
C’est "le" moment où la réalité rejoint la fiction… Si dans la vraie vie, il a zéro expérience politique, à la télé, il est déjà président, héros d’une série qu’il coécrit et produit : Serviteur du Peuple.
20 millions de téléspectateurs suivent la première saison, quasiment un Ukrainien sur deux. Zelensky conforte son statut de star dans la peau d’un prof d’histoire un peu loufoque qui grâce aux réseaux sociaux se retrouve chef de l’État sans vraiment l’avoir voulu. Naïf, mais honnête, on l'entend dire, dans l'épisode 12 : "J’ai été choisi par le peuple pour diriger ce pays de manière efficace ! Les hélicoptères, les limousines, les gorilles… C’est du superflu, vous comprenez ? "
Mélange des genres
C’est dans la deuxième saison qu’il décide de franchir le pas. L’un de ses proches dépose les statuts d’un parti qui très vite s’appellera "Serviteur du peuple". Les scénaristes de la série intègrent son équipe de campagne, tandis qu’il continue à jouer le président. La confusion des genres est totale, au point que les journalistes lui demandent régulièrement - et sérieusement - s’il compte prendre les mêmes mesures que son personnage.
Le scénario prémonitoire devient un outil de propagande, et comme toute célébrité qui se respecte, Zelensky se met en scène en permanence sur Instagram. Il gagne 5 millions d’abonnés. Pour ce qui est de son programme, c’est beaucoup plus flou. Il fuit les débats et trébuche dès que les sujets deviennent un peu trop techniques.
Pourtant, le 30 mars 2019, avec 30% des voix, il arrive en tête du premier tour devant Petro Porochenko, le président sortant. Alors, quand il ne peut plus refuser le débat, il retourne l’exercice à son avantage. À sa demande, le duel a lieu dans le plus grand stade du pays, face à 70 000 personnes : "Comment aurais-je pu imaginer que moi, le petit gars de Kryvyï Rih, je me battrai un jour pour le fauteuil de président ? Je ne suis pas un homme politique ! Pas du tout ! Je ne suis qu’un homme. Un homme ordinaire venu casser le système."
Élu avec 73% des voix
Le 21 avril 2019, c’est un triomphe. À la surprise générale, Zelensky est élu avec plus de 73% des voix. Pour sa prestation de serment, il arrive à pied et s’autorise des selfies avec la foule.
Au pupitre, il promet de mettre fin à la guerre lancée par la Russie dans le Donbass et termine par ces mots : " Chers amis, toute ma vie, j'ai essayé de tout faire pour faire rire les Ukrainiens. Je le sentais de tout mon cœur. Ce n'était pas seulement mon travail, c'était ma mission. Au cours des cinq prochaines années, je ferai tout pour que les Ukrainiens n’aient pas à pleurer ".
"Gouvernement turbo"
Le "serviteur du peuple" est persuadé que la politique, c’est comme le reste : vouloir, c’est pouvoir. Alors, il lance des réformes dans tous les sens : numérisation des démarches administratives, réfection des routes, réorganisation de l’administration présidentielle, chasse à la corruption et aux oligarques pro-Kremlin. Son premier gouvernement y gagne le surnom de "turbo régime". Il faut dire que le parti présidentiel a remporté la majorité absolue au Parlement.
Mais plus le temps passe, plus son inexpérience lui attire les critiques ; il est aussi fragilisé par divers scandales financiers. À la fin de l’année 2021, sa cote de popularité tombe à 23 %. Mais en février 2022, tout bascule. L’invasion de son pays par la Russie lui offrira un nouveau rôle : celui de chef de guerre.
Ce podcast contient des archives sonores dont certaines sont tirées du documentaire Zelensky, d'Ariane Chemin, Yves Jeuland et Lisa Vapné, produit par Guilaine Chenu, coproduit par Arte France et Particules Docs (2025).
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