Cinéma week-end. Le vaudeville politique d'Olivier Assayas
"Doubles vies" est une réflexion sur la révolution numérique pimentée de crises de couples.
Olivier Assayas a ce mérite, son œuvre est une quête de sens dans un océan de banalité cinématographique. Et à ce titre Doubles vies a l'ambition de nous faire réfléchir sur la révolution numérique, comment elle bouleverse nos existences, jusqu'à l'intime.
En France, quand il y a du social dans un film, on utilise le terme politique, qui n'est pas approprié, il faut faire revenir le politique dans le cinéma
Olivier Assayas
On est dans le milieu de l'édition remué par le numérique
Deux couples Juliette Binoche, Guillaume Canet, et Vincent Macaigne et Nora Hamzawi, belle surprise de ce casting, débattent sans cesse de cette accélération de la vie. Est-ce ce zapping permanent qui pousse les personnages vers l'adultère? Doubles vies pose des questions, se garde bien de trancher et Olivier Assayas revendique une approche politique bien rare en France.
Ayka du russe Sergey Dvortsevoy
Pour le coup, du cinéma social pur jus, jusqu'à la limite du supportable. Ayka, jeune kirghize sans papiers abandonne son enfant à la naissance, pourchassée pour des dettes par la mafia, elle enchaîne des boulots atroces, se vide de son sang, le cinéaste ne nous épargne rien, certes il a le mérite de montrer la déshumanisation en Russie, et son actrice, Samal Yeslyamova, a obtenu, pour son incroyable incarnation de la résilience, le prix d'interprétation à Cannes.
Une jeunesse dorée d'Eva Ionesco
Eva Ionesco qui nous avait touchés avec My little princess en 2011, nous agace là au plus haut point. Avec son compagnon l'écrivain Simon Libérati au scénario, Isabelle Huppert et Melvil Poupaud devant la caméra, elle veut nous raconter les années Palace. Exercice de style autobiographique dans le Paris déglingué des années 80, cette jeunesse dorée surjoue l'ennuie, la décadence, c'est boursouflé et prétentieux.
Holy Lands d'Amanda Sthers, n'est pas un chef d'œuvre
Mais ce film nous donne l'occasion de voir à l'écran un monstre sacré d'Hollywood. James Caan est Harry, médecin retraité, juif athé, qui plaque tout aux Etats-Unis pour s'installer à Nazareth où il élève des porcs. Personnage égocentré, vieux provocateur, il laisse derrière lui des enfants au pathos lourd et une ex, Rosana Arquette, condamnée par un cancer.
J'ai dit un jour à un studio, j'ai une idée dingue, faire un film avec un début, un milieu et une fin
James Caan
Dans ce trop-plein brouillon de situations et d'émotions, il n'aurait fallu garder que l'histoire d'amitié entre Harry et son voisin rabbin, mais on se délecte de voir James Caan à l'écran, le corps meurtri par une jeunesse casse-cou : football américain, rodéo, karaté, cascades.
A 78 ans il porte en lui un cinéma disparu : Inoubliable dans Le Parrain de Coppola, il a tourné avec Howard Hawks, Billy Wilder, Sam Peckinpah, Richard Attenborough et regarde l'époque actuelle avec la même lassitude que son personnage dans Holy Lands.
À regarder
-
Prostituée de force : le récit glaçant d'une adolescente
-
Le cinéaste iranien Jafar Panahi obtient la Palme d'or : "Arrivons à ce moment où personne n'ose nous dire ce qu'il faut porter, dire ou faire..."
-
"L'Hymne à l'amour" en anglais en clôture du 78e Festival de Cannes
-
Cannes : "Maman, j'espère que tu es très fière..." À 23 ans, Nadia Melliti décroche le Prix d'interprétation féminine
-
L'actrice Cate Blanchett sur le dernier tapis rouge de la 78e édition du Festival de Cannes
-
Pedro Pascal et Austin Butler racontent leurs souvenirs du Covid
-
Cédric Klapisch : "Je ressentais jusque-là une sorte d'amertume à ne pas être à Cannes"
-
Paul Mescal à Cannes : "La masculinité est une notion à géométrie variable et le cinéma est en train de la redéfinir..."
-
Cannes : l'acteur Paul Mescal sur le tapis rouge pour défendre le film "The History of sound"
-
🎬 Cannes : avec trois films à Cannes à seulement 23 ans, Paul Kircher est la star montante du cinéma français
-
Cannes : Scarlett Johansson sur le tapis rouge pour son premier film en tant que réalisatrice
-
Golshifteh Farahani sur le film "Alpha" : "Le sida était une maladie liée à l’amour"
-
Cannes : Isabelle Huppert dans un portrait libre de Liliane Bettencourt dans "La femme la plus riche du monde"
-
Festival de Cannes : Tahar Rahim a perdu "plus de 20 kilos" pour le film "Alpha"
-
SCH à Cannes : "Comme ceux de Marcel Pagnol, je serais heureux que mes textes soient étudiés à l'école"
-
Droits de douane : pour Wes Anderson, Donald Trump "veut prendre tout le pognon"
-
Tom Cruise : “Non, je ne défie pas la mort”
-
Lucky Love à Cannes : "La mode me permet de choisir mon identité et pourquoi on me regarde"
-
Laurent Laffite, voix de Marcel Pagnol : "Tant qu'un Parisien fait gagner l'OM, ça va"
-
Le rappeur SCH sur l'entrée du mot "gâté" dans le dictionnaire : "On y aura été pour quelque chose, ça fait plaisir !"
-
Hafsia Herzi : "Je savais qu'il y avait des gens homophobes mais pas à ce point"
-
Cannes : "Quand il n'y a plus de rires, il n'y a plus de vie..." Philippe Katerine nous révèle ses secrets du couple qui dure.
-
Cécile de France affronte une IA doublée par Mylène Farmer dans "Dalloway"
-
Pourquoi le Festival de Cannes a écarté un acteur du film "Dossier 137"
-
Festival de Cannes : le rugbyman Antoine Dupont tout sourire sur le tapis rouge
-
Cannes rend hommage à la photojournaliste palestinienne Fatma Hassona, tuée à Gaza.
-
"Mission : Impossible" : Pom Klementieff livre ses anecdotes de tournage avec Tom Cruise
-
Festival de Cannes : la musique de "Mission : Impossible" jouée sur le tapis rouge pour accueillir Tom Cruise
-
Juliette Armanet à Cannes : "J'ai 41 ans, je n'ai pas l'impression d'avoir réglé quoique ce soit dans ma vie."
-
Festival de Cannes : revivez l'hommage en chanson de Mylène Farmer à son ami David Lynch
Commentaires
Connectez-vous ou créez votre espace franceinfo pour commenter.
Déjà un compte ? Se connecter