Violences faites aux femmes : en Turquie, les ONG dénoncent un recul de la protection des victimes
Selon les défenseurs des droits des femmes, le gouvernement turc justifie, au nom de la famille, des mesures qui ont des effets préjudiciables sur leurs libertés et leur sécurité.
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Lundi 25 novembre 2024, Journée internationale pour l'élimination de la violence à l'égard des femmes, les organisations féministes de Turquie appellent à des rassemblements dans les principales villes. Pour les ONG, l'enjeu de cette journée est plus grand chaque année, car la Turquie marque un net recul dans la protection contre les violences.
Un chiffre résume la gravité de la situation : 48, c'est le nombre de femmes tuées par un homme au mois d'octobre 2024 en Turquie. C'est un record mensuel depuis 2010. Le chiffre est fourni par la plateforme "Nous stopperons les féminicides", aux avant-postes de la lutte contre les violences faites aux femmes depuis bientôt 15 ans. Sur les dix premiers mois de l'année, l'ONG a compté au moins 343 féminicides et 207 "morts suspectes" – un terme utilisé quand il y a un doute sérieux sur la mort d'une femme, qui pourrait être un meurtre déguisé en suicide ou en accident.
Commissariats, tribunaux... des autorités qui ne protègent pas les femmes
Ce que les ONG dénoncent, c'est tout un système qui ne protège pas les femmes, à tous les niveaux, à commencer par les commissariats, où celles qui trouvent la force de porter plainte ne sont pas toujours écoutées. Mais aussi dans les tribunaux, où certains juges trouvent des circonstances atténuantes à des auteurs de féminicide. Parfois, ils réduisent la condamnation parce que le meurtrier s'est "bien comporté" à l'audience ou accordent une libération conditionnelle à des maris violents qui s'empressent d'aller tuer leur femme.
De ce climat-là, les féministes rendent les autorités responsables. Car même si, sur le papier, la Turquie dispose d'une loi adéquate, la priorité revendiquée par le gouvernement, c'est la protection de la famille, présentée comme mise en danger par les influences occidentales, et par les ONG féministes elles-mêmes. Au nom de la famille, le gouvernement justifie des mesures qui, selon les défenseurs des droits des femmes, ont des effets délétères sur leurs libertés et leur sécurité.
Le pays s'est retiré de la Convention d'Istanbul
Le président truc Recep Tayyip Erdoğan a retiré son pays, il y a trois ans, de la Convention d'Istanbul, la Convention du Conseil de l'Europe sur la prévention et la lutte contre la violence à l'égard des femmes. Pour les ONG, ce retrait a été un tournant. "C'est simple : depuis que nous recensons les féminicides, la seule année où leur nombre a baissé, c'est en 2011 – l'année où la Turquie a signé la convention d'Istanbul, constate Sevinç Alim qui appartient à la branche jeunesse de la plateforme "Nous stopperons les féminicides". Son retrait, allié à une politique d'impunité et à un discours officiel sexiste qui défend la famille plutôt que les femmes, a créé un climat qui encourage les meurtriers".
Il y a quelques semaines, le président Recep Tayyip Erdoğan affirmait au contraire que le retrait de la Convention d'Istanbul n'avait rien fait perdre aux femmes, et que la consommation d'alcool était la raison principale des violences, ce qu'aucune étude ne vient étayer.
Parallèlement à la hausse des violences, le mouvement féministe turc prend de l'ampleur. Les féministes sont de plus en plus nombreuses, mobilisées et jeunes. On voit de plus en plus d'étudiantes et même de lycéennes dans les rassemblements. Même si ces derniers – notamment ceux du 25 novembre – sont en général interdits et réprimés par la police.
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