Cessez-le-feu à Gaza : après la libération des otages israéliens, comment aborder la suite du plan Trump ?

La libération lundi des derniers otages retenus à Gaza doit marquer la mise en œuvre de la première phase du plan de paix présenté par le président américain. Mais quelles sont les suites de ce plan, notamment autour du désarmement du Hamas ?

Article rédigé par Nicolas Teillard
Radio France
Publié
Temps de lecture : 3min
Vue de l'aéroport Ben Gourion avant l'arrivée du président américain Donald Trump, à Tel Aviv, en Israël, le 13 octobre 2025. (ABIR SULTAN / EPA / MAXPPP)
Vue de l'aéroport Ben Gourion avant l'arrivée du président américain Donald Trump, à Tel Aviv, en Israël, le 13 octobre 2025. (ABIR SULTAN / EPA / MAXPPP)

Quand bien même le président américain clame que la "guerre est terminée", les libérations des derniers otages israéliens détenus à Gaza sont un préalable indispensable avant un cessez-le-feu mais pas une garantie de paix durable. "The war is over", a répété Donald Trump, dans la nuit de dimanche 12 à lundi 13 octobre, à bord de son avion. Pourtant on en est loin.

Ces libérations sont une contrepartie : Israël doit relâcher près de 2 000 prisonniers palestiniens, une fois que l'ensemble des otages encore vivants sera remis aux Israéliens. La restitution des dépouilles des otages morts - il y en aurait 28 - est aussi attendue pour boucler la première phase du plan. Alors s'ouvrira une deuxième, dont les contours et le calendrier sont beaucoup plus flous.

La suite prévue

La deuxième phase repose sur trois grands principes : le désarmement du Hamas, le retrait progressif de l'armée israélienne et la mise en place d'une autorité transitoire temporaire d'un comité palestinien. Celui-ci aura pour tâche de gérer la distribution de l'aide humanitaire, d'administrer le territoire et d'organiser la reconstruction.

Tout cela doit être entériné lors du "sommet pour la paix" de Charm-el-Cheikh, en présence d'une vingtaine de chefs d'État, avec Donald Trump "en majesté" autour du président Sissi, mais en l'absence des deux protagonistes : ni Benyamin Nétanyahou, ni le Hamas ne seront sur la photo.

Le principal problème est de savoir qui va désarmer le Hamas et comment. Le mouvement islamiste met déjà des limites : hors de question de rendre les armes si l'affaire n'est pas gérée entre Palestiniens. Or, le plan Trump ne prévoit pas de donner un rôle à l'Autorité palestinienne dans l'immédiat. Elle n'a pas participé aux négociations en Égypte, qui n'ont eu lieu qu'avec le Hamas.

Une disparition illusoire du Hamas ?

Le désarmement pourrait être confié à la force internationale de stabilisation, censée prendre place dans la bande de Gaza. Mais ses contours font encore débat, avec des visions bien différentes entre le plan américain et la vision portée par l'Arabie saoudite et la France notamment.

En réalité, le Hamas a encore des leviers, même sans les otages. Le mouvement est certes très affaibli militairement, mais il a gagné une légitimité politique. C'est l'interlocuteur des négociations jusqu'ici. Et même si sa popularité a été fortement érodée par les deux années de guerre, il dispose toujours de réseaux, de miliciens à Gaza, et d'une popularité certaine en Cisjordanie.

Si le Hamas devait disparaître de la gouvernance future de Gaza, il est illusoire d'imaginer qu'il n'aura pas un rôle à jouer. Il faudra voir comment l'organisation évolue, avec sans doute des tiraillements en interne, des luttes d'influence. Des mouvements qu'on observera aussi en Israël, un an avant des élections prévues en octobre 2026. Ainsi, dans un processus fragile, ou la confiance entre Israéliens et Palestiniens est quasiment inexistante, le rôle des garants de l'accord - les États-Unis, l'Égypte, le Qatar, et la Turquie - sera déterminant.

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