Guerre en Ukraine : que représente le Donbass pour Vladimir Poutine ?

Mettre la main sur ce grand bassin industriel pourrait être un symbole fort pour le président russe. Vladimir Poutine estime que le Donbass fait partie de la Russie.

Article rédigé par Etienne Monin
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
Vladimir Poutine lors d'une conférence de presse conjointe avec le président américain Donald Trump après le sommet américano-russe sur l'Ukraine à la base commune Elmendorf-Richardson à Anchorage, en Alaska, le 15 août 2025. (ANDREW CABALLERO-REYNOLDS / AFP)
Vladimir Poutine lors d'une conférence de presse conjointe avec le président américain Donald Trump après le sommet américano-russe sur l'Ukraine à la base commune Elmendorf-Richardson à Anchorage, en Alaska, le 15 août 2025. (ANDREW CABALLERO-REYNOLDS / AFP)

Après le sommet en Alaska, une nouvelle séquence diplomatique s’ouvre lundi 18 août à Washington sur la guerre en Ukraine. Volodymyr Zelensky et plusieurs chefs d'État européens sont reçus dans la soirée par Donald Trump à la Maison Blanche. Si officiellement rien a filtré du sommet de vendredi entre Donald Trump et Vladimir Poutine, certaines sources anonymes citées dans la presse américaine parlent d’un arrêt potentiel des combats côté russe, en échange du Donbass.

Ce territoire représente à la fois un enjeu stratégique et un symbole politique pour le président russe. Le Donbass est une région collée à la Russie, à l’est de l’Ukraine. C’est un grand bassin industriel, riche en charbon et en minerai. Il est lié à l’histoire russe puisqu'il a fait partie de la fédération soviétique en tournant à plein régime sous Staline pour relancer l’industrie. Les ouvriers russes sont venus s’y installer en plusieurs vagues. La région reste, encore, majoritairement russophone.

Le Donbass incarne aussi la résistance au mouvement pro-européen de la place Maïdan. Des séparatistes prorusses ont pris les armes en 2014, proclamant les républiques de Donetsk et de Louhansk, reconnues par Vladimir Poutine trois jours avant de lancer l’invasion. Pour le maître du Kremlin, le Donbass fait partie de la Russie. Il est une justification majeure de l’invasion. Vladimir Poutine affirme avoir dû intervenir pour "défendre les russophones". La prise du Donbass peut donc être considérée comme un but de guerre qui offrirait aux Russes une sortie honorable.

Un territoire stratégique

Le président Zelensky a déjà déclaré qu’il n’était pas question de quitter le Donbass. C’est l’un des points de fixation les plus importants de la guerre. Les Russes ont lancé de nouvelles opérations d’infiltration début août. Ils contrôlent 87% du Donbass, d’après le site Deep State, qui documente la guerre, mais ils peinent à avancer dans la région de Donetsk, où les Ukrainiens tiennent encore un tiers du terrain. S’ils cédaient, ils offriraient aux Russes une rampe de lancement pour de nouvelles offensives. Le terrain est trop dégagé derrière le Donbass. Les Russes pourraient mettre la main sur les systèmes ukrainiens de fortifications et sur l’industrie d’armement encore active dans certaines grandes villes.

Au-delà du coup politique pour Volodymyr Zelensky, lâcher cette région du Donbass, aurait, pour les Ukrainiens, un coût humain. Les autorités ukrainiennes estiment que 200 000 personnes vivent toujours dans les zones qu’elles contrôlent. Il y aurait aussi un risque militaire. D’après l’Institut pour l’étude de la guerre, les troupes ukrainiennes seraient exposées en cas de retrait. L’hypothèse d’un recul ne pourrait se faire qu’avec un solide cessez-le-feu, et le déploiement d’une force d’interposition robuste pour espérer maintenir la paix.

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