Guerre hybride en mer du Nord : la Belgique s'inquiète pour sa sécurité maritime

Le royaume s'alarme notamment de la multiplication des passages de navires suspects, certains appartenant à la "flotte fantôme" russe.

Article rédigé par Fabien Cazeaux
Radio France
Publié
Temps de lecture : 2min
L'amiral Tanguy Botman à Bruxelles (Belgique) le 17 avril 2025 (JEAN-LUC FLEMAL / MAXPPP)
L'amiral Tanguy Botman à Bruxelles (Belgique) le 17 avril 2025 (JEAN-LUC FLEMAL / MAXPPP)

Les autorités belges s'inquiètent en raison des navires qui croisent en mer du Nord. Parmi ceux-ci, des pétroliers vétustes battant pavillon étranger, servant à transporter clandestinement des hydrocarbures russes, mais qui peuvent aussi remplir des missions de renseignement militaire. Comme de cartographier les infrastructures dites "sensibles" dans les fonds marins : les gazoducs, les câbles de données par lesquels passe internet… Il y a aussi les parcs éoliens offshore : autant de sites qui font l'objet d'un intérêt accru de la part de navires suspects, s'alarme le commandant de la marine belge.

Certains de ces navires sont grands comme des pétroliers, d'autres plus petits, parfois déguisés en bateaux de pêche ou en simples voiliers, sans transpondeur à leur bord qui permettrait de les localiser automatiquement. Ils peuvent donc passer totalement inaperçus si on ne les détecte pas à l'œil nu. Ces agissements ne sont pas allés au-delà de simples missions de repérage, il n'y a pas eu d'opération de sabotage. Mais une augmentation très nette du nombre de traversées suspectes dans les eaux belges de la mer du Nord : plusieurs dizaines repérées l'an dernier.

Enjeux économiques et stratégiques

L'affaire est prise très au sérieux par la Belgique, car sa façade maritime concentre beaucoup d'enjeux économiques et stratégiques. Le port d'Anvers, à lui seul, génère 5% de la richesse nationale belge : c'est par là qu’entre une partie du gaz naturel liquéfié qui alimente ensuite toute l’Europe.  

"Pour l'instant il n'y a pas d'agression, heureusement, mais on doit se préparer à tout. Frégates, sous-marins, actions hybrides : la mer du Nord est stratégique."

L'amiral Botman, qui commande la Marine belge

dans une interview à "La Libre Belgique"

Ce que redoutent les Belges, c'est que ce qui se passe en mer Baltique s'étende à la mer du Nord. La mer Baltique, au nord de l'Allemagne et la Pologne, que bordent la Scandinavie au nord, les États baltes et la Russie à l'Est, devient peu à peu une véritable zone de non-droit. Des câbles sous-marins y ont été sectionnés à plusieurs reprises, et il y a eu l'explosion du gazoduc NordStream.

Des navires russes de combat y escortent maintenant les tankers de la "flotte fantôme", la Finlande s'en est alarmée il y a tout juste une semaine. Et la tension n'est pas près de retomber, puisque Moscou annonce des investissements records dans sa marine de guerre. Après la Baltique, la mer du Nord deviendra-t-elle un nouveau terrain de guerre hybride ? C'est ce que craignent les pays qui la bordent : six d'entre eux, dont la Belgique, ont conclu en 2024 un accord visant à la protection des infrastructures critiques, contre les actes de sabotage et les attaques sous-marines.

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