L'Asie du Sud-Est, nouvel épicentre mondial de la cyberfraude
En l'espace de quelques jours, plusieurs réseaux criminels ont été visés par des opérations de démantèlement en Birmanie, en Thaïlande et au Cambodge. Des zones ou les escroqueries en ligne se développent à une échelle industrielle, dans des usines où les mafias exploitent des milliers d'ouvriers chargés de tenter de soutirer de l'argent à des victimes dans le monde entier.
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Il y avait déjà les "fermes à trolls" mises en place pour l'industrie de la désinformation, notamment en Russie. Il y a également, désormais, de véritables usines pour les escroqueries en ligne. Elles pullulent en Asie du Sud-Est, et particulièrement dans le "Triangle d'or", cette région située aux confins de la Thaïlande et de la Birmanie, où la guerre civile a favorisé une explosion de la criminalité et des trafics en tout genre.
C'est dans cette région que SpaceX a dû frapper fort en désactivant plus de 2 500 émetteurs Starlink, qui permettent de se connecter à internet. La société d'Elon Musk affiche ainsi sa bonne volonté, alors qu'elle est dans le viseur de la justice américaine, qui la soupçonne de favoriser le développement de réseaux criminels, des mafias qui ont mis au point des centres d'escroquerie à une échelle industrielle, et qui utilisent les kits de Starlink, installés en masse, pour contourner les blocages de réseau internet mis en place par les autorités.
Escroquerie sentimentale, hameçonnage, fraude aux cryptomonnaies...
Ces réseaux, très organisés, ont mis au point toute une panoplie d'arnaques. Ça va de "l'escroquerie sentimentale", avec ce qu'on appelle des "brouteurs", qui se font passer pour des jeunes femmes ou des hommes séduisants, pour soutirer de l'argent à leur interlocuteur, pris par les sentiments et l'espoir d'une relation pourtant illusoire et artificielle. Ça concerne aussi toutes les tentatives d'hameçonnage, à travers ces messages frauduleux qui envahissent vos boîtes mails et vos réseaux sociaux. On peut encore citer un ensemble de fraudes basées sur les cryptomonnaies. L'ensemble de la pyramide génère des revenus faramineux, qui se chiffrent en dizaines de milliards de dollars (37 milliards pour l'année 2023, selon un rapport de l'ONU).
Une industrie de l'escroquerie qui rapporte, et qui fait deux types de victimes : les gens comme vous et moi, considérés comme des pigeons à piéger, et les "cochons à saigner", selon une expression chinoise utilisée qui décrit les victimes des escroqueries sentimentales. Ces dernières provoquent des ravages financiers et psychologiques.
Des "ouvriers" de l'arnaque, enfermés dans des camps
Mais les premières victimes, on les trouve à l'origine de la fraude, derrière des claviers, dans ces camps de travail où l'immense majorité de ces "ouvriers de l'arnaque" sont exploités, victimes d'une forme d'esclavage moderne. Une enquête publiée par l'Agence France Presse, il y a quelques jours, révèle les conditions de vie sordides dans ces usines de cyberfraude, où les travailleurs, coincés devant leurs écrans pendant des heures avec l'obligation de faire du chiffre, sont régulièrement menacés et violentés.
Comme pour le trafic de drogue, les têtes du réseau sont bien loin, à la manœuvre, à l'abri dans les plus grandes capitales, où elles accumulent le "cash", à l'image de cet oligarque chinois, rattrapé la semaine dernière par la justice américaine. Chen Zi était à la tête du plus grand conglomérat du Cambodge, d'où il est soupçonné de diriger un empire de l'escroquerie en ligne. Signe d'une activité juteuse, l'équivalent de 15 milliards de dollars en bitcoins a été saisi et gelé après son inculpation.
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