"La violence viendra à vous" : comment la manifestation de l'extrême droite à Londres a été galvanisée par Elon Musk

Au moins 110 000 manifestants ont défilé contre l'immigration dans les rues de Londres, samedi, à l'appel du militant d'extrême droite Tommy Robinson. Des manifestants soutenus à distance par Elon Musk, le multimilliardaire américain.

Article rédigé par Frédéric Says
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
Des partisans du militant d'extrême droite britannique Tommy Robinson, dont le vrai nom est Stephen Yaxley-Lennon, lors d'une marche pour la "Liberté d'expression", le 13 septembre 2025. (CARLOS JASSO / AFP)
Des partisans du militant d'extrême droite britannique Tommy Robinson, dont le vrai nom est Stephen Yaxley-Lennon, lors d'une marche pour la "Liberté d'expression", le 13 septembre 2025. (CARLOS JASSO / AFP)

Elon Musk, l'ancien proche de Donald Trump, est toujours engagé dans une croisade contre le wokisme. Le milliardaire américain est apparu sur les écrans géants de cette manifestation à Londres, samedi 13 septembre. Avec au moins 110 000 participants, selon la police, c'est "le plus grand défilé nationaliste depuis des décennies", estime le journal The Gardian.

Dans son intervention vidéo, Elon Musk ne s'est pas contenté de soutenir les mots d'ordre du défilé, "pour la liberté d'expression, contre l'immigration". Il a galvanisé les participants, et les a même incités à recourir à la violence : "Que vous choisissiez ou non la violence, la violence viendra à vous. Soit vous ripostez, soit vous mourrez !", explique-t-il.

Un appel à la dissolution du parlement britannique

Les acclamations ont suivi ce discours apocalyptique. Elon Musk ne s'est pas arrêté là. L'entrepreneur américain a été jusqu'à appeler à la dissolution du parlement britannique : "Vous ne pouvez pas attendre encore quatre ans, avant de changer de gouvernement". Les prochaines élections sont prévues en 2029.

C'est ce qu'on appelle une ingérence, mais les autorités britanniques ont réagi avec prudence. Le Premier ministre de centre gauche, Keir Starmer, n'a pas mentionné directement Elon Musk. Il a d'abord rappelé son attachement à la liberté de manifester, mais il ne permettra pas, dit-il, que des personnes se sentent intimidées dans les rues, à cause de leurs origines ou de leur couleur de peau.

Une partie de la classe politique britannique appelle lundi matin le Premier ministre à réagir plus fortement. D'autant que ce n'est pas la première ingérence d'Elon Musk. Il avait déjà violemment critiqué la loi britannique contre les discours de haine, "une atteinte à la liberté d'expression", selon le milliardaire, propriétaire du réseau social X.

Réseau social où il a d'ailleurs réintégré Tommy Robinson, cet influenceur d'extrême droite organisateur de la manifestation anti-immigration de samedi. Il avait été banni de la plateforme, il y a plusieurs années. Il compte désormais plus d'un million et demi d'abonnés.

Une classe politique embarrassée

Devant ce phénomène, les partis politiques britanniques sont embarrassés. Quelle réponse apporter à ces manifestations anti-immigration ? Le gouvernement hésite. D'un côté, il condamne les appels à la haine, mais de l'autre, il évoque un "signal d'alarme qu'il faut entendre", réagit un ministre, Peter Kyle. Selon lui, il faut redoubler d'efforts pour traiter les inquiétudes liées à l'immigration.

L'opposition de droite n'est pas plus rassurée. Même le parti nationaliste et pro-Brexit, "Reform UK", est inquiet de ces manifestations qui lui échappent, et qui le dépassent. Ce parti nationaliste est considéré comme trop mou, trop institutionnel, par Tommy Robinson, l'influenceur d'extrême droite. Preuve que dans la course à la radicalité, on est toujours le modéré de quelqu'un d'autre.

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