Le sommet Trump-Poutine, envisagé à Budapest, a du plomb dans l'aile

Alors que le président américain évoquait un délai de deux semaines, et se voyait déjà retrouver le président russe qu'il a rencontré cet été en Alaska, la perspective d'une entrevue avec Vladimir Poutine s'éloigne sérieusement en l'absence de la moindre avancée dans les négociations.

Article rédigé par Nicolas Teillard
Radio France
Publié
Temps de lecture : 3min
Le président américain, Donald Trump, le 21 octobre 2025. (ANNA MONEYMAKER / GETTY IMAGES NORTH AMERICA / VIA MAXPPP)
Le président américain, Donald Trump, le 21 octobre 2025. (ANNA MONEYMAKER / GETTY IMAGES NORTH AMERICA / VIA MAXPPP)

"Je ne veux pas d'une rencontre pour rien. Je ne veux pas de perte de temps". Donald Trump, en personne, a sifflé la fin de la récré mardi 21 octobre au soir, et a pratiquement enterré le principe d'une rencontre avec Vladimir Poutine, deux mois après le sommet organisé en Alaska cet été. Il avait pourtant lui-même évoqué cette entrevue la semaine dernière, à l'issue d'un coup de fil avec le président russe, s'avançant sur un délai "de deux semaines", et imaginant déjà Budapest comme théâtre idéal.

Si Viktor Orban avait déjà dressé la table, pas peu fier d'accueillir chez lui ses deux meilleurs amis, la capitale hongroise risque pourtant de garder son calme automnal, et de ne voir aucun dirigeant fouler le tarmac de son aéroport. Douche froide aux pays des bains chauds, pour la simple et bonne raison qu'un sommet risquerait fort de ne déboucher sur rien.

Pas question pour Moscou de faire la moindre concession

Plus prudent avec Moscou que l'émissaire du président, Steve Witkoff, le secrétaire d'État américain, Marco Rubio, a visiblement constaté en échangeant avec son homologue russe Serguei Lavrov, qu'il n'y avait rien à négocier. Si Donald Trump persiste manifestement dans l'illusion qu'il peut compter sur Vladimir Poutine pour faire la paix, le Kremlin n'a pas changé une ligne à ses exigences.

Pas question pour Moscou de faire la moindre concession ou de laisser une marge aux négociations, et quand Vladimir Poutine explique au président américain qu'il exige l'abandon complet du Donbass, Donald Trump transmet telle quelle la requête à Volodymyr Zelensky, dont on a compris ces derniers jours, qu'il avait subi à Washington un nouveau coup de pression.

Les Européens inquiets

Si les éclats de voix sont cette fois restés à distance des caméras, le président ukrainien, venu à la Maison Blanche réclamer plus de soutien, est reparti les valises vides, sans missiles, ni nouvelles sanctions, pourtant préparés par le Sénat américain, contre Moscou. Des semaines de rapprochement pour rien, en somme, alors même que les discussions budgétaires, en cours à Moscou, montrent un pays qui continue de chercher à financer sa guerre.

Un scénario qui inquiète les Européens, presque aussi préoccupés par les volte-face de la Maison Blanche que par les intentions belliqueuses de Vladimir Poutine. Les 27 tentent de trouver un chemin pour appuyer les initiatives du président américain, tout en l'empêchant de céder aux sirènes du Kremlin, rassurer l'Ukraine et trouver un mode de financement pérenne. L'Europe envisage désormais sérieusement d'utiliser les avoirs russes gelés depuis 3 ans. Un compromis semble se dessiner et sera discuté demain à Bruxelles lors d'un sommet. En attendant un chemin vers la paix, qui sauf miracle,ne devrait pas émerger des vapeurs des bains de Budapest.

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