"C’est désespérant de voir ton train disparaître sur l'écran" : à Barcelone, les usagers de trains de banlieues souffrent de perturbations quotidiennes

À Barcelone, les retards et suppressions sont quotidiens sur les trains de banlieue. Chez les usagers, la colère monte et face à une situation délétère, ils ont manifesté samedi "pour un service ferroviaire digne" et des investissements à la hauteur.

Article rédigé par franceinfo - Henry de Laguérie
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
Passage d'un train de banlieue dans des zones résidentielles près de Barcelone, le 29 septembre 2022. Photo d'illustration. (CARLOS SANCHEZ PEREYRA / STOCKBYTE UNRELEASED)
Passage d'un train de banlieue dans des zones résidentielles près de Barcelone, le 29 septembre 2022. Photo d'illustration. (CARLOS SANCHEZ PEREYRA / STOCKBYTE UNRELEASED)

Retards, grèves, trafic perturbé... En France, de nombreux usagers se plaignent de la qualité de service des TER en région et du RER à Paris. Mais à Barcelone en Espagne, les trajets virent au cauchemar, avec des perturbations quotidiennes sur le réseau ferroviaire.

Sur le quai de la gare de Molins de Rei, une ville de banlieue à 25 km de Barcelone, David attend son train. Il se rend à son travail, dans le centre de Barcelone, la capitale catalane. En théorie, le trajet doit durer 20 minutes, mais comme tous les jours, il ne sait pas à quelle heure il arrivera. "Dans une journée normale, mon trajet varie en moyenne de 25 minutes, à l’aller comme au retour, déplore-t-il. Mon souci dans la vie, ce n’est pas de travailler, c’est d’arriver au travail. Ça me rend très anxieux et ça me met de très mauvaise humeur. C’est scandaleux."

Déficit chronique d’investissement

Retards, trains supprimés, arrêts annulés, rames vieillissantes : les perturbations sont presque quotidiennes ici. Récemment, à l’issue d’une journée de chaos, près de 900 passagers ont été évacués d’un train et ont dû marcher le long des rails. Maxim, étudiant, dénonce le manque de fiabilité : "C’est désespérant de voir sur l’écran de la gare ton train disparaître d’un seul coup et constater que le suivant ne passera que dans une demi-heure." 

"Il m’est arrivé de mettre deux heures pour aller à l’université. Il y a quelques années, c’était 30 minutes."

Maxim, étudiant dans la banlieue de Barcelone

à franceinfo

Gérés par la Renfe, l’opérateur national, les trains de banlieue souffrent d’un déficit chronique d’investissement. Pendant 30 ans, l’État a très peu entretenu le réseau catalan. La province de Barcelone est passée de 5 à près de 6 millions d’habitants en 20 ans. Et aucune nouvelle ligne n’a été construite.

Même si depuis deux ans, les trains du quotidien sont gratuits ou presque en Espagne, Toni préfère prendre sa voiture : "J’étudie à une heure en train de chez moi. Je prenais le train pour y aller. Mais cette heure se transformait en deux heures presque chaque jour, raconte-t-il. Alors depuis que j’ai mon permis, j’y vais en voiture. Je veux éviter le train parce que c’est devenu une aventure. Ça me désole de devoir en arriver là et d’utiliser le véhicule privé plutôt que le transport public."

Des chantiers de rénovation enfin lancés

Samedi dernier, des usagers ont manifesté dans toute la Catalogne, derrière le slogan "pour un service ferroviaire digne". Parmi eux, le député régional de gauche David Cid dénonce les choix qui ont été faits par le gouvernement : "Ici, ils ont tous misé sur le train à grande vitesse. Entre 1990 et 2018, l’Espagne a dépensé 60 milliards d’euros dans le TGV et seulement 3,6 milliards d’euros dans les trains de banlieue pour toute l’Espagne", explique-t-il.

Face à cette situation, l’État a lancé plusieurs chantiers de rénovation des lignes. Des budgets sont débloqués pour améliorer le réseau, mais il n’y aura pas de résultats tangibles avant deux ans. Longtemps réclamée par Barcelone, la gestion des trains de banlieue devrait bientôt être transférée de l’État vers la région.

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